Pour gagner la confiance de l’industrie financière, Apla impose la présence d’intermédiaires régulés au cœur de sa blockchain. (Photo: DR)

Pour gagner la confiance de l’industrie financière, Apla impose la présence d’intermédiaires régulés au cœur de sa blockchain. (Photo: DR)

C’est un pari un peu fou que s’est lancé Apla, une start-up d’origine russe, mais basée au Luxembourg. Grâce à une blockchain d’un genre nouveau, elle souhaite rendre les transactions de sa monnaie virtuelle conformes aux obligations réglementaires en vigueur, notamment en termes blanchiment d'argent. Cette situation lui permettrait de proposer un système de transfert d'argent global bien plus rapide qu'avec le système de messagerie sécurisée le plus utilisé par le système bancaire, Swift.

«Nous voulons offrir un système de transactions qui réduise le nombre d’intermédiaires, donc moins coûteux et plus rapide, mais qui réponde entièrement aux exigences des régulateurs», détaille le chief legal officer de la jeune pousse, Vitaly Bondar.

La blockchain et les monnaies virtuelles qui en découlent offrent de nombreux avantages pour les transferts d’argent, c’est un fait connu. Mais cette technologie n’a pas encore été adoptée par le milieu bancaire, qui ne lui fait pas confiance. En cause, l’absence d’un cadre reconnu par les autorités financières. Pour renverser cette situation, Apla a eu l’idée d’inviter les banques et autres instituts de paiement régulés à participer au fonctionnement de son écosystème.

Une porte d’entrée régulée

Si l’apparition de cet intermédiaire fait perdre à la blockchain une partie de son caractère décentralisé, elle lui fait gagner en crédibilité auprès de l’industrie financière. L’institution régulée qui décidera de participer à la blockchain d’Apla – il pourra s’agir d’une banque, d’une fintech ou d’une plate-forme d’échange de monnaies virtuelles – sera en effet certaine que toutes les transactions effectuées dans cet écosystème répondent aux critères de conformité internationaux.

«Cet intermédiaire sera la porte d’entrée de ses clients sur notre blockchain. Il devra délivrer un portefeuille électronique, au même titre qu’un compte bancaire, et donc s’assurer d’être conforme aux règles en matière de KYC et AML», précise Vitaly Bondar. «À partir de là, cela fonctionnera comme le réseau de Swift. Les transferts d’argent pourront se faire de manière sécurisée d’un intermédiaire à l’autre.»

Un premier intermédiaire «convaincu»

L’avantage de ce système par rapport à Swift est qu’il sera bien moins cher et moins complexe. Apla prendra une commission fixe qui se situera autour d’un centime d’euro pour chaque transaction. À cela pourront s’ajouter des taxes définies par l’intermédiaire en fonction de l’importance des sommes transférées.

Mais pour attirer un maximum d’institutions financières à rejoindre le projet en tant qu’intermédiaires, Apla devra convaincre les plus gros acteurs que sa blockchain est sûre. La fintech aurait déjà convaincu un établissement financier au Luxembourg, dont elle ne souhaite pas encore révéler le nom, de rejoindre sa blockchain.