Anne-Claire Coudray: «Il faut pouvoir se sentir libre de vivre au rythme social qu’on a choisi.» (Photo: Jeff Manzetti)

Anne-Claire Coudray: «Il faut pouvoir se sentir libre de vivre au rythme social qu’on a choisi.» (Photo: Jeff Manzetti)

L’invitation de l’événement parle de deux femmes «d’influence», est-ce votre point commun avec Chantal Thomass?

«J’ai eu le plaisir de rencontrer Chantal Thomass pour la première fois il y a quelques mois, nous n’avons pas grand-chose en commun si ce n’est la défense de l’association Toutes à l’École, permettant aux petites filles du Cambodge d’être scolarisées et qui est d’ailleurs soutenue par des personnes d’horizons différents. Cela prouve que la cause est solide, car elle a abouti sur du concret et sur du long terme. 

Était-ce pour autant une évidence de soutenir cette cause, alors que vous devez être sollicitée régulièrement?

«C’est Claire Chazal qui a commencé à soutenir Tina Kieffer et à embarquer en quelque sorte l’édition du week-end du JT de TF1 en faveur de cette cause. J’ai été amenée à commenter le premier sujet sur Toutes à l’École, sur des images rapportées du Cambodge. C’était tout naturel de reprendre le flambeau, surtout lorsque je vois que le taux de réussite des petites filles atteint 100%. Certaines ont bien grandi puisqu’elles passent leur bac, elles sont prêtes à aller à l’université, elles ont de l’ambition. Toutes à l’École est un projet évolutif qui inclut les familles pour éviter, par exemple, que les petits garçons soient obligés de travailler puisque leurs sœurs sont scolarisées.

Vous considérez-vous donc comme une femme d’influence?

«Le journal télévisé a de l’influence, en tant que présentatrice, peut-être ai-je une influence. Le journal a eu une influence sur moi quand j’étais petite, il a une influence sur les téléspectateurs à qui il apporte une culture générale. Le JT ouvre sur des horizons qui ne sont pas les vôtres dans ce monde marqué par le nombrilisme, l’entre-soi et les réseaux sociaux.

La conférence s’intéresse à la cause des filles au Cambodge et, par prolongement, à la cause féminine. Que vous inspirent les nombreux scandales et autres exemples d’inégalités relevés régulièrement dans les médias?

«Nous avons acquis en tant que femmes des droits sur le papier, on pouvait penser que le chemin était ouvert pour faire évoluer les mentalités, mais nous sommes face à un phénomène insidieux qui concerne une minorité d’hommes, mais auquel il faut répondre. Cela passera par l’éducation pour que les filles puissent se faire respecter, se défendre, ne plus vivre en victimes. Nous le voyons avec les filles de Toutes à l’École qui peuvent croire en leurs ambitions grâce à l’éducation. Quand on a de l’ambition, c’est qu’on a du respect pour soi.

Le journalisme, c’est se confronter au monde, à des pays qui ne sont pas les siens, à des cultures qui ne sont pas les siennes.

Anne-Claire Coudray, journaliste

Cet engagement vous aide-t-il à garder les pieds sur terre? 

«J’ai fait du terrain pendant 15 ans. Je ne vais plus sur le terrain aujourd’hui, mais j’ai choisi TF1 à mes débuts, car j’avais la conviction que j’allais servir à quelque chose. Le journalisme, c’est se confronter au monde, à des pays qui ne sont pas les siens, à des cultures qui ne sont pas les siennes. Si j’aime bien ce que je suis devenue, c’est grâce à ce métier. Je n’ai jamais eu peur des mines en terrain de guerre, mais plutôt des choix, de la peur auxquels vous devez faire face dans des situations délicates et en terre inconnue. Ça vous forge un caractère. Ce contact avec le terrain, je le garde aussi souvent que possible.

Un conseil aux femmes qui partagent aussi des passions et qui veulent en faire leur métier? 

«Il y a certainement des passions plus compliquées que d’autres. Hormis la présentation, la mienne était assez facile à réaliser. Je leur dirais de bien se connaître, de savoir ce qui va les rendre heureuses, car certains rêves peuvent vous emmener dans des impasses. Étudiante, je rêvais d’être médecin et de partir faire de l’humanitaire, mais j’étais nulle en sciences, mais j’ai pu identifier mes atouts et mes forces pour les concrétiser en rêve. 

C’est un premier conseil de début de vie. Par la suite, je dirais: ‘Ne comptez pas vos heures.’ Il faut pouvoir se sentir libre de vivre au rythme social qu’on a choisi. J’ai eu ma fille très tard, je sais ce qu’est cette petite pression sociale à l’égard de la maternité et qui vous renvoie au parcours dit classique d’une femme. Mon deuxième conseil est donc de respecter son propre rythme de vie, en s’écoutant et en se connaissant bien.»

Plus d’informations sur le «Great Talks» organisé par Women in Business.