Stan Brabant et David Pereira, respectivement directeur et président d’Amnesty International Luxembourg, ont présenté ce mardile rapport 2016/2017 de leur organisation mère, traitant de la situation des droits de l’Homme dans 159 pays de par le monde.

Ce document alerte notamment sur les conséquences des discours de rejet des «autres » qui dominent en Europe, aux États-Unis et ailleurs, alimentant un recul mondial des droits humains et se traduisant par «une réponse dangereusement faible de la communauté internationale aux atrocités massives qui sont commises».

Les réfugiés et les migrants sont des boucs émissaires faciles.

Amnesty International

«En 2016, plusieurs bouleversements politiques ont révélé la capacité des discours de haine à libérer la face la plus sombre de la nature humaine», relève Amnesty International, soulignant que si les propos pernicieux tenus par Donald Trump durant sa campagne sont particulièrement emblématiques de la tendance mondiale à défendre des politiques toujours plus clivantes et fondées sur la colère, «d’autres dirigeants politiques à travers le monde ont comme lui parié sur des discours reposant sur la peur, l’accusation et la division pour remporter le pouvoir».

Selon l’ONG, «les effets de ces discours se font de plus en plus ressentir sur les politiques et sur les actes».

L’Union européenne dans le colimateur de l’ONG

«Certains s’en sont également pris aux réfugiés et aux migrants, des boucs émissaires faciles», poursuit Amnesty International dont le rapport montre que 36 pays ont violé le droit international en renvoyant illégalement des réfugiés dans des pays où leurs droits étaient menacés.

L’Union européenne n’y est pas épargnée puisque l’organisation de défense des droits de l’Homme dénonce l’accord qu’elle a conclu avec la Turquie, «un accord illégal et irresponsable lui permettant de renvoyer des réfugiés dans ce pays», écrit-elle.

Les crises actuelles seront exacerbées en 2017.

Amnesty International

«Ailleurs dans le monde, c’est une vague de répression massive qui s’est abattue sur la liberté d’expression, notamment en Chine, en Égypte, en Éthiopie, en Inde, en Iran, en Thaïlande et en Turquie», relève encore Amnesty, soulignant aussi le fait que d’autres pays ont mis en œuvre «des mesures de sécurité intrusives, telles que l’état d’urgence prolongé en France et les lois sans précédent sur la surveillance adoptées au Royaume-Uni».

Selon elle, les crises actuelles seront exacerbées en 2017 par l’absence handicapante de volonté politique en matière de droits humains sur une scène internationale chaotique. D’où son appel «aux gens du monde entier» à résister «aux initiatives cyniques visant à faire reculer des droits humains garantis de longue date en échange d’une vague promesse de prospérité et de sécurité».