Les ambitions de Pascal Koster, Claude Lüscher et Frank Fischer dépassent largement les frontières du Grand-Duché. (Photos: Laurent Antonelli / Blitz)

Les ambitions de Pascal Koster, Claude Lüscher et Frank Fischer dépassent largement les frontières du Grand-Duché. (Photos: Laurent Antonelli / Blitz)

L’Histoire n’est parfois qu’un éternel recommencement. Après avoir été un des pionniers de l’opérateur mobile luxembourgeois Tango (entre 1999 et 2003), puis un des cofondateurs (avec Jean-Claude Bintz) d’un autre opérateur, Voxmobile, devenu Orange depuis, Pascal Koster n’a pas attendu bien longtemps pour se laisser de nouveau entraîner dans une aventure entrepreneuriale d’envergure.

À la différence près que, cette fois-ci, l’opérateur de télécommunications qu’il est en train de mettre sur pieds n’est pas seulement «un de plus». Il s’agit du premier de type «3.0», intégrant directement et simultanément les volets télécoms et IT. Une dualité qui justifie directement le profil des deux partenaires que Pascal Koster a choisi de réunir autour de ce projet: Claude Lüscher et Frank Fischer (associés, entre autres, dans la création d’Exigo il y a quelques années), deux vieux briscards sur la Place. Tous trois se sont associés à parité dans la société Join Wireless, créée début avril.

La cible de ce nouvel opérateur est clairement B2B, plus spécifiquement les petites et moyennes entreprises et les indépendants. «Nous voulons dire à ces PME et ces indépendants: ‘confiez-nous votre IT et votre Telco et on s’occupe de tout’», résume Pascal Koster. Au démarrage, ce sera le marché luxembourgeois et, pratiquement dans le même temps, le marché belge qui seront couverts. Des développements en France et en Allemagne sont ensuite envisagés dans une deuxième étape très rapprochée. Le tout porté la haute qualité, au Luxembourg, des réseaux 4G et des infrastructures d’hébergement.

M2M, roaming, …

Qui dit «opérateur» dit, forcément, «Institut luxembourgeois de régulation» (ILR), organe de surveillance de contrôle des acteurs du marché. En mars dernier, l’ILR a procédé à une consultation publique concernant les critères de sélection et la procédure d’octroi de licences pour les bandes de fréquences des 2,6 GHz. Join Wireless s’est portée candidate, avec un espoir jugé légitime d’être retenu, au final, pour l’octroi d’une licence. Mais même sans cette licence, le projet serait tout à fait viable.

«Pouvoir exploiter ce spectre de fréquences constituerait évidemment un atout, mais ce n’est pas non plus indispensable, assure M. Koster. Notre objectif est d’avoir accès à un réseau et d’avoir la possibilité d’y déployer des ‘small cells’ (des antennes de toute petite taille principalement destinées à être déployées dans des locaux fermés, ndlr.). Que ce soit dans notre propre spectre ou celui d’un autre, peu importe, même si, évidemment, cela simplifierait les choses que ce soit le nôtre.»

Derrière cette première cible des PME et des indépendants se cachent deux autres axes de développement visés par Join Wireless et par Blue Communication, la structure dédiée à la commercialisation des services, en cours de création (le nom du réseau tel qu’il sera finalement utilisé, lui, n’a pas encore été arrêté).

En premier lieu, il y a le segment «Machine-to-Machine» (M2M, des appareils capables de communiquer entre eux sans intervention humaine, à partir de réseaux de communication sans fil), au potentiel de développement qui semble illimité. Les prévisions tablent, à l’horizon 2015, d’un marché qui représentera quelque 100 millions de ce type de «machine». Et puis, à partir de mi-2014, lorsque la législation européenne le permettra, Join Wireless entend être parmi les premiers opérateurs à offrir la possibilité, à la fois sur le plan technique et de la facturation, de solutions de roaming alternatifs, portées par une plateforme de paiement électronique.

Capitaux luxembourgeois en vue

Les ambitions ne manquent donc pas. Avec quels moyens ? Une première enveloppe de 15 millions d’euros est envisagée pour le volet commercialisation. La recherche de la moitié du financement vise une (ou plusieurs) banque(s) luxembourgeoise(s), la SNCI en tête. Pour l’autre moitié, des discussions sont indiquées comme étant très avancées avec des partenaires potentiels ayant le même dynamisme, le même esprit d'entreprise, la même approche intégrée et la même vision d’un développement international piloté depuis le Luxembourg.

D’autres négociations sont également menées tous azimuts pour développer des partenariats technologiques avec des acteurs du cloud, de la distribution, du billing… Quant à l’infrastructure d’hébergement proprement dite, elle fera l’objet d’un appel d’offres lancé dans les prochains jours, et qui ciblera les grands data centres du pays. «Nous espérons pouvoir finaliser toutes ces discussions dans les prochaines semaines et avoir, d’ici à la fin de l’année, une offre commerciale bien ficelée», annonce Pascal Koster.