Pour chaque produit alimentaire, l'étiquette devra être extrêmement explicite quant aux denrées utilisées. ( Photo : Olivier Minaire / archives )

Pour chaque produit alimentaire, l'étiquette devra être extrêmement explicite quant aux denrées utilisées. ( Photo : Olivier Minaire / archives )

À partir de ce 13 décembre, chaque restaurateur devrait être en mesure d’indiquer sur sa carte la liste des allergènes en regard de chaque plat proposé et d’assurer une veille quant à l’évolution de tous les ingrédients qui entrent dans la composition de ces plats, tout au long de l’année. Mais la réglementation concerne, au-delà, tout le secteur alimentaire et de la distribution.

C’est la réglementation européenne en matière d’étiquetage et de renseignements obligatoires qui évolue en cette fin d’année. L’objectif d’élever le niveau de protection de la santé et des intérêts des consommateurs et de leur fournir ainsi les éléments pour pouvoir choisir leurs produits en connaissance de cause est louable. Il implique toutefois de nouvelles adaptations importantes pour le secteur alimentaire, au Luxembourg comme ailleurs.

14 allergènes majeurs

«Comme le règlement en question date de 2011, nous avons heureusement anticipé son entrée en vigueur prévue ce 13 décembre 2014», explique Reynald Debargue, directeur assurance qualité du groupe Steffen. «Il a un impact sur toutes nos activités, qu’il s’agisse des boucheries, de notre restaurant de Steinfort ou de notre service traiteur.»

Afin de ne pas induire en erreur le consommateur final sur les caractéristiques d’un produit, sa composition ou son origine, les mentions obligatoires ont été élargies. «Nous devrons désormais indiquer tous les allergènes présents dans un produit servi au client, ce qui ne se fait pas sans mal.»

Ainsi, 14 allergènes majeurs sont repris dans la nouvelle réglementation européenne. On y retrouve le gluten, les crustacés, les œufs, le poisson, les arachides, le soja, le lait, les fruits à coque…

S’ensuit aussi l’obligation de mentionner les allergènes dans la liste des ingrédients, et ce autant de fois qu’ils apparaissent dans le produit.

De la fiche d’identification à l’étiquette

Il faut en outre les mettre en évidence par une impression qui les distingue clairement du reste de la liste des ingrédients, par exemple au moyen du corps de caractère, du style ou de la couleur de fond. Si l’on ajoute à cela des exigences en matière de taille minimale des caractères d’impression, le défi devient conséquent…

Cette nouvelle obligation implique que le vendeur dispose notamment d’une fiche d’identification pour chaque ingrédient qui entre dans la composition d’un produit fini. Si cette fiche existe chez les gros fournisseurs du secteur agro-alimentaire, c’est moins évident pour une matière première qui vient d’un petit artisan local, comme cela peut souvent être le cas au Luxembourg.

«Ces modifications allongent considérablement l’étiquette d’un produit. Elles demandent par ailleurs des moyens financiers, humains et informatiques importants», constate Reynald Debargue. «Pour nous, cela passe notamment par un changement d’étiqueteuses. Mais aussi par le développement plus poussé d’un logiciel dont nous disposions déjà pour notre activité de traiteur, afin de générer une liste des allergènes en fonction des produits servis lors d’un événement.»

Le coût des choses

On imagine le coût que cela peut représenter pour un petit producteur ou artisan.

Car si l’esprit de la loi va dans le bon sens, on peut tout de même s’interroger sur la capacité qu’ont les petits artisans à répondre à ces nouvelles exigences. Les investissements doivent parfois être conséquents, ce qui désavantage moins les grands producteurs, voire les industriels du secteur.

La problématique prend encore une autre dimension si l’on s’intéresse au métier de traiteur, qui propose une large gamme de produits et s’adapte en permanence aux volontés du client. Sans compter les inconnues qui subsistent quant à la meilleure façon d’informer les convives d’une soirée…

Et encore, ce n’est qu’un début. Dans deux ans, le 16 décembre 2016, une nouvelle étape sera franchie avec l’obligation d’indiquer la valeur nutritionnelle des produits préemballés.