(*le directeur de Tango/Tele2 Luxembourg s'exprime en son nom personnel)
"Je suis en faveur du Traité établissant une Constitution pour l'Europe.
Qu'il serait plaisant, et instructif, qu'un génie électoral puisse donner vie aux urnes référendaires pour nous révéler les motivations réelles des citoyens qui se seront prononcés sur la Constitution européenne dans les prochaines semaines:
- "- Urne, ô ma belle urne, dis-moi qui est la plus belle de l'Union.
- Célèbre est ta beauté, Constitution. Pourtant, une jeune fille en loques, dont les haillons ne peuvent dissimuler la grâce, est hélas encore plus belle que toi.
- Qui donc?
- L'Europe, Constitution, l'Europe..."
En effet, même si le texte sur lequel il nous est demandé de nous prononcer affiche de belles ambitions et représente un indéniable progrès sur l'acquis communautaire, bon nombre d'électeurs voteront contre l'Europe en disant non à la Constitution. Pourquoi l'Europe n'entraîne-t-elle plus d'adhésion massive? Il n'en fut pourtant pas ainsi de l'après-guerre au début des années quatre-vingt-dix. C'était l'ère de l'Europe des produits: charbon, acier, union douanière et marché intérieur des biens, Airbus, Ariane, euro. Ces produits ont construit l'Europe et lui ont chacun conféré une partie de sa personnalité.
Or, que nous propose-t-on désormais? L'Europe de Schengen ... et ses douaniers français aux portes du Luxembourg. L'Europe de Lisbonne ... et sa stratégie sans stratège. L'Europe de Bolkenstein ... et le mythe d'un marché du travail paneuropéen. Bref, l'Europe "machin'.
Certes, il ne reste sans doute que peu de produits à inventer pour continuer à personnifier notre Europe. Mais la fin de l'ère des produits ne doit pas signifier pour autant la fin de l'histoire de la construction européenne. Le vote sur la Constitution est un moyen, non une fin, pour nous permettre de passer à l'ère suivante, celle de l'Europe militante, celle de l'Europe vivante".