Collaborateur historique de Maison Moderne, Jacques Demarque était surtout un grand homme, généreux et épicurien. Il laisse un vide immense... (Photo: Julien Becker / Archives)

Collaborateur historique de Maison Moderne, Jacques Demarque était surtout un grand homme, généreux et épicurien. Il laisse un vide immense... (Photo: Julien Becker / Archives)

Maison Moderne est en deuil. Plus que son président d’honneur, c’est véritablement un ami, un «père» pour beaucoup d’entre nous, que nous pleurons: Jacques Demarque nous a quittés, ce lundi, dans sa 82e année, des suites d’une longue maladie.

Il fut un collaborateur de la première heure de notre société d’édition. Il avait commencé à y collaborer en 1997 (du temps de MKE) pour prendre en mains le développement du City Guide Explorator, ne comptant pas les heures passées à faire attention à chaque détail écrit, avec la même application qu’un chef surveillant ses plats mijotant sur les fourneaux. Normal: la restauration avait occupé une grande partie de sa vie «d’avant». 

L'équipe Explorator en 1999.
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Car après une première expérience dans le secteur maritime en Argentine, Jacques était arrivé au Luxembourg dans les années 50, avec sa future épouse Blanche (ils devaient fêter leur 60e anniversaire de mariage en février prochain). Il débuta comme maître d’hôtel au Grand Hôtel Kons, qui constituait la référence hôtelière à l’époque, avant d’ouvrir son propre restaurant: l’Astoria.

Respecté et apprécié

Exploité par le couple pendant plus de 30 ans, ce restaurant, en plein cœur de Belair, était un lieu de rendez-vous gastronomique incontournable, aussi bien pour les déjeuners et dîners d’affaires que pour les sorties familiales. C’était aussi la «cantine officieuse» de RTL, dont les émissions françaises étaient produites à la Villa Louvigny voisine. Quelques stars internationales s’y sont ainsi attablées, tels les Rolling Stones… 

Au cours de ces années, Jacques a également animé des émissions de cuisine sur la chaîne française de RTL. C’est là qu’il prit goût aux médias et ne le perdit jamais. Ainsi, en plus de sa participation active au Guide Explorator, devenant ainsi le critique gastronomique luxembourgeois le plus respecté par les professionnels et le plus apprécié par les lecteurs, il collabora régulièrement à Paperjam, faisant découvrir, au travers de grands entretiens, les passions parfois cachées de grands décideurs de la Place. 

Sept vies ne seraient pas de trop!

Jacques Demarque (au printemps 2010)

Il apporta également son expérience dans l’art de recevoir pour les cocktails et autres événements que nous organisions, créant même un rendez-vous mensuel, ancêtre de ce qui est aujourd’hui le Paperjam Club.

Il écrivit aussi un livre, «La cuisine du monde à votre table avec 50 chefs du Luxembourg», où il permit de découvrir, avec plus de 100 photographies, 50 recettes de toutes les cuisines du monde, soigneusement sélectionnées et faciles à réaliser soi-même. Ce Français d’origine aimait tellement le Luxembourg qu’il en prit la nationalité il y a une dizaine d’années. 

Amoureux des plaisirs simples

Grand amateur de cigares cubains, de single malts écossais, de grands crus français et des grandes tables en général, mais aussi pilote d’avion, titulaire d’un permis de navigation maritime et grand sportif (notamment du cyclisme et du tennis qu’il pratiqua en compétition), Jacques, dont la générosité n’avait d’égal que l’humilité, était un vrai épicurien, amoureux de tous ces plaisirs simples qui donnent de la lumière au quotidien. Cette même lumière qui jaillissait de son regard pétillant et de son sourire «Ultra Brite» qui ne laissait personne indifférent. 


Épicurien et grand amateur de cigares cubains. (Photo: David Laurent)

Et quand il n’écrivait pas, cet amoureux des (bons) mots dévorait des livres en tous genres. «J’ai mes époques et je peux passer de l’Histoire au roman, avec quelques escales sur des ouvrages techniques. Sept vies ne seraient pas de trop!», avouait-il dans une interview publiée en 2010 dans le magazine Désirs.

Il était infatigable, car il était bien accompagné.

Mike Koedinger (Fondateur et CEO, Maison Moderne)

Lorsqu’en décembre 2010, Maison Moderne fut créée par l’unification des sociétés opérationnelles (la société d’édition MKE, le studio graphique INgrid et la régie commerciale Tempo), Jacques en fut désigné, en toute logique, président d’honneur. 

«Jacques était un homme exceptionnel. Son niveau d’exigence et son exemplarité n’avaient d’égal que son ouverture d’esprit et sa générosité. Sans aucun doute, c’est une des principales rencontres de ma vie», témoigne Mike Koedinger, fondateur et CEO de Maison Moderne. «Il était mon complice, un vrai Ami et mon mentor. Il était infatigable, car il était bien accompagné. Sa force à lui venait de Blanche, l’amour de sa vie.» 

Un critique reconnu et apprécié, ici avec Charles Munchen et Sébastien Sarra, de la Brasserie Guillaume. (Photo: Étienne Delorme)
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Nous aimions voir, dans les couloirs de nos bureaux à Bonnevoie, déambuler ce dandy, parfois old-school, mais toujours d’une élégance et d’un raffinement aussi rares qu’ils étaient naturels. Nous aimions entendre ses récits et anecdotes de voyage, en particulier de Cuba dont il appréciait autant la chaleur de la vie locale que les cigares. Nous n’oublierons jamais l’éternel sourire qu’il avait aux lèvres et l’optimisme à toute épreuve dont il faisait toujours l’objet, en toutes circonstances.

À Blanche, sa fidèle épouse, à son fils Gilles et sa belle-fille Caroline, nous présentons nos condoléances les plus émues, orphelins de notre «Maître Jacques», mais reconnaissants au destin de nous avoir permis de connaître et côtoyer un tel personnage.

Un office sera célébré ce lundi à 11h00 au cimetière de Bertrange.


Jacques Demarque et son épouse Blanche, un couple fusionnel pendant 60 ans. (Photo: Olivier Minaire)