La coopération signée avec Emirates «doit générer une croissance pour les deux partenaires», estime Richard Forson, CEO de Cargolux. (Photo: Maison Moderne/archives)

La coopération signée avec Emirates «doit générer une croissance pour les deux partenaires», estime Richard Forson, CEO de Cargolux. (Photo: Maison Moderne/archives)

Dans un marché du fret en pleine recomposition, Cargolux n’a eu d’autre choix que d’innover. Concurrencée aussi bien par des compagnies traditionnelles capables de transporter des marchandises en plus de leurs passagers que par des compagnies du Golfe non soumises aux mêmes règles en termes d’aide d’État ou l’arrivée de nouveaux acteurs tels Amazon, la compagnie aérienne luxembourgeoise a conclu une alliance avec Emirates SkyCargo.

Présentée par Richard Forson, CEO de Cargolux, comme «une première du genre au niveau mondial», l’union entre les deux opérateurs de fret vise à mettre en place «une coopération qui bénéficie aux deux parties». Autrement dit, l’utilisation partagée des infrastructures des deux transporteurs, qu’il s’agisse de la flotte, des destinations desservies ou des capacités de transfert via les hubs respectifs. Le Findel pour rayonner à partir de l’Europe, Dubaï pour avoir accès aussi bien au Moyen-Orient, à l’Afrique de l’Est ou au sous-continent indien. Autant de nouveaux marchés que Cargolux n’était pas en mesure d’atteindre seul.

Les destinations desservies par Cargolux et Emirates en lien avec leur accord.

«Cet accord nous permet d’être très complémentaires et doit générer une croissance pour les deux partenaires», souligne jeudi le CEO lors d’une conférence de presse restreinte, en se gardant bien d’évoquer le moindre chiffre. Désormais, Cargolux et Emirates SkyCargo peuvent desservir un ensemble de 155 destinations réparties dans 83 pays et utiliser les différentes possibilités offertes par leurs flottes respectives. La compagnie luxembourgeoise se voit donc ouvrir l’accès au transport de marchandises de ses clients via les avions passagers d’Emirates – et donc d’augmenter à la fois son offre en termes de volume, mais aussi de flexibilité pour ses clients. L’Émiratie pourra elle, de son côté, louer une partie des 747 de Cargolux afin de transporter des marchandises hors norme et avoir accès au réseau luxembourgeois, notamment à sa connexion privilégiée avec la Chine via son partenaire HNCA.

Une collaboration stratégique (...) mais aussi nécessaire.

Richard Forson, CEO de Cargolux

Mais contrairement à ce qui s’est fait par le passé, l’alliance signée ne «comprend pas de prise de participation ou de ventes communes», précise Richard Forson qui ajoute que cela «ne va pas non plus faire disparaître la compétition entre nous». En clair, les politiques commerciales des deux transporteurs resteront séparées, mais toutes les deux se verront étoffées de nouvelles possibilités. Les plus visibles tiennent dans l’arrivée, à compter du 5 juin, d’Emirates SkyCargo au Findel et de la hausse du nombre de rotations hebdomadaires de Cargolux à Dubaï, passant de deux à trois.

Interrogé sur le lien entre la nouvelle stratégie en cours d’élaboration et cet accord, Richard Forson assure que «cela en fait partie, car nous avons signé une collaboration qui est non seulement stratégique dans le cadre de nos efforts de diversification, mais aussi nécessaire pour Cargolux». Conclue «six mois» après les premiers échanges concrets entre les deux transporteurs, cette union pourrait faire des émules, selon la presse spécialisée qui estime que les bénéfices de ce type de rapprochement sont supérieurs aux effets de la concurrence.