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 (Photo: d'Lëtzebuerger Land)

Est-ce que des femmes handicapées au Luxembourg, en âge de procréer, sont forcées de prendre des contraceptifs sans en avoir donné leur accord? C’est une des accusations graves énoncées dans le rapport alternatif de l’organisation entraide handicap, Nëmme mat eis. Le rapport, qui était présenté le 14 mars à Genève par une délégation des personnes concernées et qui est un élément important dans la procédure d’évaluation de la mise en place du plan d’action national handicap à laquelle le Luxembourg s’est engagé avec la ratification de la convention relative aux droits des personnes handicapées en 2011, met en évidence qu’il y a encore un long et difficile chemin pour une véritable inclusion et participation des personnes handicapées.

Un million de Luxembourgeois

Il y a 15 jours, Eurostat, le service statistique de l’Union européenne, a publié ses dernières projections de l’évolution de la population du Grand-Duché. Selon ces chiffres, il y aura un million de Luxembourgeois en 2080, comparé au 1,2 million annoncé en 2013. Mais peu importe le nombre, deux dates illustrent comment, dans un minuscule pays, les projections démographiques sont toujours une science prête à semer la panique nationaliste: le 8 avril 1978, le démographe nataliste Gérard Calot présenta son célèbre rapport qui prédit la disparition des Luxembourgeois pur-sang au cours des décennies à venir. Le 20 juillet 2001 par contre, le Premier ministre Jean-Claude Juncker annonça, suite à l’accord du Rentendësch, la surpopulation et l’asphyxie dans un «État de 700.000 habitants». Aujourd’hui, sous la menace des critères de Maastricht et à travers des estimations de la croissance économique et des flux migratoires, des projections démographiques aléatoires à long terme influencent directement la politique budgétaire de l’État.

Sauver la façade

Ici, il y a encore des maisons blanchies à la chaux. Des constructions massives, austères, aux minuscules fenêtres bordées de couleur, souvent du bleu clair ou du gris, des surfaces de murs cabossées par le mode de construction manuel, des portes arborant fièrement une date, celle de leur construction, 18e, 19e siècle. Elles se tapissent le long d’étroites ruelles qui empruntent timidement les paysages vallonnés. Devant leurs portes, des tulipes et des jonquilles s’apprêtent à fleurir sur une herbe laissée sauvage, des haies de buis taillées séparent les jardins de la rue. «Ici», c’est par exemple le cœur du village de Heinerscheid, commune de Clervaux, où deux fermes historiques aux numéros 4 et 6 de la rue Um Knapp, remontant à 1795 et 1857 respectivement, devaient être détruites fin mars. «Devaient» parce que, suite aux réclamations des associations pour la protection du patrimoine et aux reportages dans les médias, le secrétaire d’État à la Culture Guy Arendt (DP), s’est réveillé et a stoppé le chantier. Pourquoi ici et pas ailleurs? Pourquoi le patrimoine rural vaut mieux que le patrimoine moderniste ou industriel? Où est la réflexion générale? Une réflexion.