Le modèle de la Place luxembourgeoise rassure la direction d’Aberdeen Standard Investments. (Photo: Blitz Agency / Archives)

Le modèle de la Place luxembourgeoise rassure la direction d’Aberdeen Standard Investments. (Photo: Blitz Agency / Archives)

Un agenda peut en cacher un autre. Depuis l’annonce en août dernier de la finalisation de la fusion entre deux géants de la finance, Aberdeen Asset Management et Standard Life, le management de l’entreprise travaille à l’intégration effective des équipes, des produits et des processus.

Mais le planning de cette fusion qui a donné naissance à Aberdeen Standard Investments (un ensemble valorisé à plus de 11 milliards de livres) est rattrapé par celui du Brexit. L’échéance du 29 mars 2019 rendant effectif le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne pousse en effet les acteurs de la finance à repenser leur organisation de chaque côté de la Manche. «La gestion de la fusion est ma priorité, avec le Brexit en tant que composant de ce projet, déclare Steen Foldberg, Managing director de la branche luxembourgeoise d’Aberdeen Standard Investments. Le Luxembourg est considéré comme une solution dans le cadre du Brexit. C’est un domicile idéal pour gestion du cycle de vie des solutions d’investissement à travers l’Union européenne et le monde.» 

L’expérience inspire confiance

Aberdeen Standard Investments compte 45 collaborateurs au Luxembourg, émanant du gestionnaire d’actifs Aberdeen. Spécialisée dans les pensions, Standard Life disposait d’entités sur place, mais avait choisi de déléguer la gestion de ses solutions. «Nous prévoyons d’augmenter notre équipe de l’ordre de 20%, car nous intégrons la gestion des solutions de Standard Life, ajoute Steen Foldberg. Nous remarquons dans ce contexte que la guerre des talents fait rage, notamment en raison du Brexit.» 

Disposant d’une vingtaine d’années d’expérience dans la finance – notamment en tant que directeur de l’entité luxembourgeoise de la banque privée Julius Baer –, Steen Foldberg entrevoit l’avenir positivement, en combinant technologie et réponses aux besoins des clients.

«Il y a des doutes aussi liés à des éléments politiques autour du Brexit, mais le modèle de la Place luxembourgeoise est rassurant. Nous n’avons pas franchi la barre des 4.000 milliards d’actifs sous gestion par hasard, note M. Foldberg. Cette évolution reflète l’écosystème et la collaboration entre les différents acteurs, le régulateur et le gouvernement.» 

Alternatif en vogue

Comptant fin 2017 340,3 milliards d’euros sous gestion, Aberdeen Standard Investments distribue ses solutions dans 60 à 70 pays depuis le Grand-Duché. Aux fonds «mainstream» viennent de plus en plus s’ajouter des solutions dans le secteur alternatif, porté par le besoin des investisseurs de trouver des actifs porteurs en période de taux bas et de diversifier leur portefeuille. «Nous poursuivons la fusion avec une approche pragmatique. Au Luxembourg, nous allons standardiser notre business par une société de gestion et consolider notre offre de fonds en deux sicav. La première sicav contiendra les fonds distribués largement et la seconde sera concentrée sur des offres de fonds plus sophistiquées.»

Quant au digital, qui rebat les cartes de toutes les industries, il est question pour Aberdeen Standard Investments d’optimiser les procédures internes dans un contexte de réduction des marges, tout en repensant la relation avec un client de plus en plus connecté et demandeur d’une transparence gravée dans le marbre de Mifid II. 

Le groupe expérimente d’ailleurs une nouvelle structure d’investissement au Royaume-Uni, qui limite les intermédiaires tout en proposant des solutions tierces. Un modèle «open» qui répond à la demande du marché et qu’il vaut mieux maîtriser dès à présent pour rester dans la course. Comme le note le patron au Luxembourg: «Mieux vaut se disrupter soi-même.»