Aat van der Meer, Dachser Luxembourg (Photo: Laura Heusinkveld)

Aat van der Meer, Dachser Luxembourg (Photo: Laura Heusinkveld)

Monsieur van der Meer, quelle est l’origine de la présence de Dachser au Luxembourg?

«Jusqu’en 2011, le bureau de Luxembourg était géré en tant qu’entité dépendante de notre bureau de Überherrn, en Allemagne. Nous avons constaté que, pour pouvoir développer et grandir sur un marché tel que le Luxembourg, qui représente des atouts pour la logistique, nous devions y être présents physiquement. Depuis deux ans, nous avons établi un bureau en tant que tel et dédié les deux premières années d’activité à l’apprentissage en profondeur du marché local. Nous employons actuellement 25 personnes, en excluant les chauffeurs qui sont des sous-traitants, en l’occurrence des sociétés locales ou allemandes.

Quels sont vos objectifs généraux? 

«Nous allons recruter plus de collaborateurs locaux. Nos employés, qui proviennent d’Allemagne, effectuent un travail remarquable, mais si nous voulons développer le marché luxembourgeois, nous devons aussi employer des recrues locales pour prospecter et étendre notre clientèle. Nous affichons à l’heure actuelle une taille modeste, mais nous voulons doubler ou tripler dans les prochaines années.

Quelle est votre perception du Luxembourg après quelques mois passés à la tête de l’entité? 

«D’un point de vue géographique, le Luxembourg est parmi les régions phares d’Europe pour implanter une société logistique. Nous aurons également besoin, à terme, de construire de plus grandes installations, car nous entendons considérer le Grand-Duché comme une plateforme pour la livraison vers le sud de l’Allemagne, une partie de la France ou encore l’Espagne. Notre activité principale est le groupage pour laquelle nous cernons des opportunités à saisir au Luxembourg et dans la région frontalière. J’ai le même sentiment que lorsque j’ai débuté chez Dachser aux Pays-Bas il y a quelques années.

Outre les aspects géographiques, comment percevez-vous l’environnement économique local pour vos activités?
 

«Je remarque qu’avec la crise, même au Luxembourg, le taux de chômage est en augmentation. Nous devons tenir compte de cette problématique et apporter notre contribution. C’est pourquoi nous ambitionnons d’engager de nouveaux collaborateurs en passant de 25 employés à 50, voire 60 personnes dans les toutes prochaines années.

Nous voulons par ailleurs équilibrer notre activité entre les importations qui nous occupent principalement et les exportations que nous voulons augmenter. Nous allons donc effectuer des efforts en termes de ventes et de développement commercial via une équipe dédiée, que nous sommes occupés à construire et pour laquelle nous recherchons de nouveaux collaborateurs également.

Qui sont vos clients finaux? 

«Nous traitons avec tout type de société qui souhaite transporter sa marchandise, puisque nous sommes capables de prendre en charge du textile, du matériel électronique, soit tout type de marchandise transportée d’une façon normale. Nous n’effectuons donc pas de transports d’animaux ou de marchandises dangereuses, comme des explosifs.

Le marché des transports routiers est composé de nombreuses sociétés, locales et internationales, comment comptez-vous vous démarquer de la concurrence? 

«Le prix serait certainement l’un des moyens les plus faciles de se démarquer, mais cela n’est pas notre objectif. Notre but principal est de maintenir un niveau de qualité constant via notre réseau composé de 21.000 collaborateurs à travers l’Europe. Nous y ajoutons une approche régionale, ce qui nous permet de rester proches de nos clients. Ils ont tous une personne de contact dédiée.

Quelles sont vos autres garanties quant à la qualité de vos services? 

«Nous proposons par exemple un système de tarification variable en fonction du délai de livraison souhaité, d’une solution moins onéreuse, mais avec une marge quant au délai de livraison, et jusqu’à la formule plus chère, mais offrant une garantie de livraison à un moment convenu. Nous disposons aussi d’un système de suivi de nos camions auquel s’ajoute un scanning de la marchandise. Étant donné que nos clients ont accès, via une plateforme internet, au suivi du transport de leur marchandise, ils peuvent directement obtenir une réponse à leur question. Cette plateforme permet aussi d’échanger et d’informer quant aux éventuels problèmes qui sont, heureusement, minimes. Nous tenons à instaurer cette communication ouverte avec le client.

Nous utilisons encore un système de reporting interne, qui couvre l’ensemble de nos livraisons en Europe et nous fournit des informations régulières quant aux horaires de livraisons et aux retards éventuels. Cela permet à nos équipes de communiquer entre elles et de trouver des solutions, l’équipe fautive pouvant, le cas échéant, être sanctionnée d’une pénalité. D’une manière générale, nous voulons agir directement et communiquer rapidement vers nos clients lors d’un incident ou d’un endommagement, car nous considérons que plus l’information est transmise rapidement, plus la décision sera prise d’une manière appropriée. Ce type d’outil est le résultat de développements informatiques internes via notre équipe IT de 200 personnes basée en Allemagne.

Comment utilisez-vous les autres moyens de transport dans le cadre de vos livraisons? 

«Nous considérons les autres moyens de transport, qu’il s’agisse du train ou du bateau, en fonction du lieu de livraison. Nous nous penchons également sur les questions relatives au CO2 et aux aspects environnementaux. Nous investissons ainsi beaucoup pour doter nos camions d’un double étage modulable et veillons au taux de remplissage de ceux-ci. Nous devons aussi réfléchir à nous doter davantage de camions plus grands tels que ceux que nous utilisons aux Pays-Bas, d’une longueur de 21 mètres, plutôt que d’utiliser deux camions plus petits.

Nous utilisons aussi la solution du train, même si ce type de transport ne correspond pas toujours au groupage qui implique des délais de livraison courts. Mais pour d’autres types de matériels qui nous laissent plus de temps, cette voie nous permet d’économiser de l’énergie et d’apporter un bénéfice pour l’environnement. Suivant le lieu de livraison, en Espagne ou au Portugal par exemple, nous avons aussi recours au bateau.

Quels sont les profils que vous recherchez? 

«C’est très varié. J’effectue personnellement beaucoup d’actions avec les écoles aux Pays-Bas où je présente le secteur de la logistique aux étudiants. Ils résument souvent notre métier aux chargements etdéchargements de camion ou à un secteur employant uniquement des chauffeurs poids lourd. Mais si l’on examine les vraies exigences du secteur de nos jours, il y a bien davantage. Les systèmes utilisés deviennent en effet de plus en plus sophistiqués, comme les marchés. Nous devons avoir des personnes motivées et formées. Quelle que soit la voie que les étudiants veulent choisir, il y aura toujours un débouché dans la logistique.

Nous comptons sur nos équipes pour enrichir les rapports avec nos clients, que nous basons sur de véritables partenariats. Surtout avec les clients plus importants, cela nécessite des discussions et un état d’esprit ouverts, qu'il est parfois délicat d'instaurer.»

Parcours

La logistique dans la peau

Actif depuis de nombreuses années dans le secteur logistique, et probablement inspiré par son père qui détenait une entreprise de transport à Rotterdam, Aat van der Meer, 51 ans, est, depuis janvier dernier, le CEO de Dachser Luxembourg. Il est par ailleurs responsable des activités du géant allemand de la logistique pour la région Benelux. Une société qu’il a rejointe en 2006, après plus de 20 ans passés auprès d’un autre opérateur, par adhésion à la politique familiale de Dachser, ainsi que pour créer une entité à Rotterdam.