Quelque 80 chaînes émises sous concession luxembourgeoise sont surveillées par l'Alia. (Photo: Alia)

Quelque 80 chaînes émises sous concession luxembourgeoise sont surveillées par l'Alia. (Photo: Alia)

Fondée en janvier 2014, sur les cendres du Conseil national des programmes et de la Commission indépendante de la radiodiffusion, l’Autorité luxembourgeoise indépendante de l’audiovisuel (Alia) recouvre deux missions principales. La première a trait à l’attribution des fréquences de radio et de télévision, c’est d’ailleurs dans le contexte de la sélection d’un opérateur pour une radio francophone en lieu et place de DNR. Mais ce qui occupe principalement l’Alia est la surveillance des médias audiovisuels: radios et télévisions qui émettent avec un octroi luxembourgeois.

«Nous avons la charge de surveiller environ 80 chaînes, non pas dans leur aspect rédactionnel, mais pour ce qui concerne les films, les émissions et la publicité», précise Thierry Hoscheit, président du conseil d’administration. La surveillance est exercée sur des questions bien précises pour lesquelles l’Alia est mandatée et a un pouvoir de sanction.

Il s’agit principalement de la protection des mineurs et de l’incitation à la haine et à la discrimination (race, opinion, religion ou nationalité). À cela s’ajoutent la surveillance de toute réclame illicite (pour le tabac, les médicaments sous prescription) ainsi que le respect des règles en matière de publicité, que ce soit leur durée, la séparation claire avec les contenus rédactionnels ou les dérives possibles (parrainages, appels surtaxés, téléachat…).

L’Alia compte aussi une série de missions d'incitation, sans pouvoir de sanction: valorisation des œuvres européennes, accès aux personnes souffrant de déficiences visuelles et auditives, promotion de la santé. Il est encore de la compétence de l’Alia de superviser le système de classification par âge des films projetés dans les salles de cinéma et de représenter Luxembourg auprès de ses homologues européens.

Pour ce faire, l’Autorité est dotée d’une direction opérationnelle en la personne de Romain Kohn, d’un conseil d’administration de cinq personnes et d’une assemblée consultative. Riche de quelque 25 personnes représentant la société civile sous différents aspects (partis politiques, chambres professionnelles, syndicats, associations…), cette assemblée est obligatoirement consultée pour les questions de protection des mineurs et d'incitation à la haine.

Peu de plaintes

Un dispositif plutôt costaud qui se justifie par l’ampleur des programmes à surveiller et à la complexité de l’interprétation. Mais un dispositif qui accouche finalement d’une souris: 47 dossiers ont été examinés depuis la création de l’Autorité, dont 12 ne correspondant finalement pas à ses attributions. «C’est à la fois le signe que les dérives ne sont pas trop courantes et qu’on n’est pas encore assez connu, en particulier pour des chaînes étrangères, bosniaques, hongroises ou serbes qui sont sous concession luxembourgeoise», insiste le directeur Romain Kohn.

L’essentiel de ces dossiers (29) fait suite à des plaintes de particuliers ou d’associations et une partie (5) consiste en des autosaisines de l’Alia. Chacun peut en effet remplir un formulaire sur le site de l’Alia pour indiquer un problème sur un programme.

Si le pouvoir de sanction est réel, allant du blâme à l’amende pécuniaire, il n’a été exercé que quatre fois, uniquement un blâme. «On passe d’abord par un rappel à l’ordre pour laisser une chance avant d’arriver au blâme en cas de récidive.» Les cas ont concerné une émission de RTL-TVI sur la guerre en Syrie, jugée trop violente, deux publicités – dont tout récemment une à l’encontre de RTL Radio Lëtzebuerg dans le cadre de la Schueberfouer qui n'a pas respecté l'intégrité des programmes étant donné l'absence de séparation entre le contenu rédactionnel et les communications commerciales – ainsi qu'une sur la classification du film American Pie.

Les missions de l’Alia pourraient à l’avenir s’étendre aux jeux vidéo et à leur classification par âge, voire aux sites web liés aux médias «traditionnels» pour autant que ceux-ci soient pris en compte dans la définition européenne des médias. «Nous avons l’ambition de faire plus, d’inclure l’éducation aux médias, de mettre en place des critères standardisés pour les films au cinéma, en DVD et à la télévision… mais il faudra nous en donner les moyens», conclut Thierry Hoscheit.