Claude Strasser (futur CEO de l’Entreprise des P&T) (Photo : paperJam.TV)

Claude Strasser (futur CEO de l’Entreprise des P&T) (Photo : paperJam.TV)

Monsieur Strasser, qu’est-ce qui vous a poussé à postuler pour ce poste de directeur général de l’Entreprise des P&T ?

« Je tiens d’abord à dire qu’au début du processus, le poste à pourvoir n’était pas celui de directeur général. Il s’agissait d’un membre du comité de direction, sans plus de précision. C’est dans ce contexte-là que j’ai posé ma candidature. Ce n’est qu’après différents entretiens que s’est dégagée pour moi l’opportunité d’occuper ce poste de directeur général.

Vous êtes un proche d’Étienne Schneider, avec qui vous avez fait une partie de vos études et qui était le président du conseil d’administration de la Société Électrique de l’Our. Cette proximité a-t-elle pesé dans votre choix ?

« J’ai en effet travaillé pendant six ans de façon très étroite avec lui, puisqu’il était également administrateur-délégué de SEO lorsque j’étais moi-même secrétaire général. Et, à ce titre, c’est à moi qu’il déléguait la gestion journalière de la société.

Au moment où le poste était à pourvoir, j’ai discuté avec lui de la façon dont lui-même envisageait cette fonction. Je connaissais l’Entreprise des P&T comme tout un chacun, mais je ne m’y étais alors pas trop intéressé. Après ces premières discussions, nous nous sommes mis d’accord pour que je lui remette ma candidature. Alors oui, cette proximité a contribué dans le déroulement des choses, mais cela n’a en rien été l’élément décisif.

Quels sont les points que vous avez mis en avant dans votre dossier de candidature ?

« J’ai surtout insisté sur tout ce que j’ai fait depuis le début de ma carrière, il y a 18 ans. J’ai suivi un fil rouge très clair, le long d’un parcours axé sur la finance. Je suis économiste de formation et j’ai travaillé pendant 12 ans dans des domaines financiers. D’abord chez Arthur Andersen, puis dans un groupe industriel américain bien implanté au Luxembourg. En rejoignant la SEO, c’était un spectre tout à fait différent, plus large et plus varié, qui s’offrait à moi. Il s’agit, de surcroît, d’une société cotée en Bourse, ce qui implique beaucoup de particularités. Il apparaissait donc comme une suite logique dans ma carrière de pouvoir rejoindre un groupe comme celui des P&T après six années passées à la SEO.

Avec quelles ambitions abordez-vous cette fonction ?

« Ce n’est pas évident d’y répondre en quelques mots ! Les ambitions sont multiples. À titre personnel, c’est d’abord de guider ce groupe, qui est un des piliers de l’économie luxembourgeoise, pendant les 5-10 années à venir. Il s’agira d’une période peu évidente et ce, pour diverses raisons. Il est important de faire en sorte de garder un peu de cet esprit et de ce que représentent les P&T aujourd’hui au cours de ces prochaines années. Et ce ne sera pas évident.

Avez-vous rencontré les autres membres du comité de direction qui vous entoureront ?

« Oui, tout de suite après ma nomination. En premier lieu, j’ai rencontré Joseph Glod (un des deux directeurs généraux adjoints, ndlr.), puis ensuite les autres membres, le tout dans une ambiance que j’ai trouvée très bonne. Ce n’était qu’un premier tour de table, mais nous l’avons fait et je pense que ça a réussi.

Et votre prédécesseur, Marcel Gross ? A-t-il eu l’occasion de vous transmettre quelques consignes ?

« Oui. J’ai eu l’occasion de déjeuner avec lui mi-avril. Il y a, il ne faut pas se le cacher, une certaine réticence au début et un grand étonnement dus au fait de la nomination à ce poste de quelqu’un de l’extérieur aux P&T. Je m’en rends compte et je n’en veux à personne de se poser la question et de se montrer critique. À moi de convaincre les gens qui y sont que le choix qui a été fait avec moi est un bon choix.

Vous sentez-vous déjà à l’aise dans les trois métiers de l’Entreprises des P&T (les services postaux, les services financiers et les télécoms) ? Ou bien êtes-vous encore à plancher sur les dossiers ?

« Ce serait exagéré de dire que je me sens à l’aise. Je viens d’un métier complètement différent. Il est clair que ces trois métiers sont nouveaux pour moi, mais ça ne me fait pas peur. Cela ne me rendra pas les choses plus faciles au départ, mais j’ai ce qu’il faut pour assumer ma tâche.

Avez-vous le sentiment que vous aurez deux fois plus à prouver alors que vous venez de l’extérieur ?

« Je ne pense pas que ce soit nécessairement plus difficile. Tout le monde sait que je viens de l’extérieur. On ne s’attend donc pas à ce que je puisse répondre à toutes les questions de fond dès le départ. De mon côté, je pourrais aussi réclamer un certain temps pour que je m’y mette totalement.
Mais je suis conscient que l’on me pardonnera peut-être moins facilement une erreur de ma part.

Vous allez avoir 40 ans. Pensez-vous que cette jeunesse soit un atout au sein d’une entreprise dont les dirigeants ont pendant très longtemps été d’une autre génération ?

« C’est intéressant que vous me parliez d’atout. Il y a quelques semaines encore, on me disait toujours que je commençais à vieillir et que je n’étais plus très jeune. Ça a radicalement changé depuis ! Par rapport à mon prédécesseur, oui, il y a une vingtaine d’années de différence. Ce n’est pas à négliger. Mais j’ai aussi une longue expérience professionnelle, car j’ai commencé à travailler jeune, à 22 ans. Ce n’est donc pas l’âge qui sera primordial.

Avez-vous hâte d’être au 2 mai ?

« Depuis ma nomination (approuvée par le conseil d’administration des P&T le 21 mars – information révélée par paperJam.lu – et officiellement validée en conseil de gouvernement, deux jours plus tard, ndlr.), j’ai eu deux ou trois semaines au cours desquelles j’ai été content de ne pas prendre la fonction tout de suite, afin de pouvoir poser un peu les choses. Puis, je suis parti en congés. Mais depuis que je suis rentré, oui, j’attends cette date avec impatience. D’un autre côté, vu que j’ai déjà eu pas mal de réunions avec les gens des P&T, je suis déjà bien dans mon sujet. »

 

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