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Notre pays, qui se veut toujours à la pointe de tous les progrès, peut parfois aussi mettre belle lurette à rattraper le temps perdu. A l'ère du numérique et du commerce électronique, nous avons beau nous vanter d'être le pays qui a le plus d'ordinateurs par habitant, cela ne nous empêche pas d'être parfois à la traîne en ce qui concerne les innovations technologiques. Jeff Jackson, ex-producteur de clips musicaux et actuel "chief executive" d'"Aurora Digital System', et son bras droit André Heinen, directeur technique issu tout droit des studios d'RTL (Pays Bas et Hongrie e.a.), ne se seraient pas emparés du secteur, que nous serions peut-être encore à boiter derrière nos grands voisins. Maintenant cela semble chose faite. La télé digitale nous ouvre enfin ses portes. 

La sortie du tunnel

En direct de leur belle maison de maître située à côté de la direction de l'Arbed, les magiciens d'Aurora seront à même d'offrir à leurs abonnés un bouquet de plus de soixante-dix programmes télé, choisis scrupuleusement afin de pouvoir séduire tous les publics. Disney et autres chaînes réservées aux enfants s'étalent confortablement à côté de programmes découvertes (Discovery) ou de canaux réservés au monde du Business (tel Bloomberg, existant en 3 langues). 

Pour ce faire, il s'agissait simplement d'installer des paraboles sur le toit de la maison et un système ultra-sophistiqué de téléchargement et d'adaptation digitale dans une pièce ressemblant à un coffre-fort technologique. Et de s'allier aux principaux réseaux cablo-distributeurs. Si le contrat avec Siemens se signa sans heurts, ceci ne fut pas le cas avec Coditel qui reste réfractaire au système (les raisons ne nous furent pas dévoilées et restent aussi obscures que l'intérieur d'un tunnel). Par ailleurs, le système de câblage dépendant souvent des différentes communes, le négoce avec chacune d'entre elle ne facilite pas l'accessibilité directe à toutes les régions à couvrir.

Supplément "Pay per View" 

Tous les spectateurs "câblés" ne seront donc pas en mesure de s'abonner dès le départ aux programmes de "Select TV". Ceux qui en auront le privilège se connecteront à l'aide d'un simple petit boîtier d'accès facile à manipuler et faisant fonction de compteur pour le "Pay Per View", service supplémentaire offert par Aurora d'ici fin de l'année. L'abonné pourra télécharger une quinzaine de films en tous genres (films érotiques compris, comme dans les chambres d'hôtel avec facturation discrète) moyennant taxe supplémentaire par projection. 

Ainsi, d'ici quelques semaines les plus de 20 ans de préparation pour établir un business model, construire une plate-forme digitale à coûts élevés, offrir une gratuité de frais d'accès et un package intéressant, commenceront à porter leurs fruits. Si les premiers pas ne s'avèrent pas trop hésitants, les exploitants n'hésiteront pas à étendre leur système aux régions limitrophes et surtout à l'Allemagne, vraie cible du système. 

Internet via la télé

Il se peut même que la télé numérique ne soit qu'un petit maillon dans une chaîne qui vise bien plus grand. A l'aube de la convergence PC et TV, Jeffrey C. Jackson est persuadé que par son même appareil de connexion, et grâce au "super high speed' de demain (10 Mb/s), il sera bientôt facile de naviguer dans Internet à partir de son écran télé et moyennant un clavier tout à fait normal. 

A cause de sa position stratégique, Luxembourg pourrait donc rattraper ses années de retard digital en devenant précurseur en exportation "Grande Région' de programmes télé orientés "world wide web". (voire à ce sujet notre close-up de Jean-Lou Siweck en section Télécommunication).