En 2011, René Elvinger a racheté l’entreprise Elth Luxembourg, dans laquelle il avait fait quasiment toute sa carrière. À 60 ans, il tentait donc le pari de sa vie, après le décès de l’actionnaire italien.
Il avait évidemment le choix, mais il est persuadé que s’il n’avait pas franchi le pas, le spécialiste luxembourgeois de micromoteurs pour l’industrie automobile aurait été cédé à des Chinois.
Aujourd’hui, fort de son succès, le patron du groupe, rebaptisé Cebi International, continue de se battre pour le maintien d’un véritable secteur industriel au Luxembourg et en Europe.
Au siège de Steinsel, un nouveau centre de recherche flambant neuf est en construction. Un investissement conséquent. René Elvinger insiste, 80% du chiffre d’affaires est encore réalisé dans les unités du Vieux Continent (Luxembourg, Suisse, Italie et Portugal).
Les responsabilités du chef
Outre sa propre entreprise, René Elvinger a mené le combat pour tout le secteur industriel pendant de nombreuses années au conseil d’administration de la Fedil. «J’ai renoncé à me présenter pour un nouveau mandat en mars dernier, explique-t-il. Il était temps de laisser la place aux jeunes.» Réputé pugnace en affaires, ses pairs mettent aussi en exergue son esprit visionnaire et respectent sa prise de risque lors du management buy-out.
Dans son entreprise aussi, il a laissé les manettes du management quotidien à une équipe plus jeune, dans laquelle on retrouve deux de ses trois enfants, Lynn et Paul. Mais en tant que président de l’ensemble des sociétés du groupe, la décision finale lui revient toujours.
«Je me sens responsable des 3.600 employés (dont 700 au Luxembourg, ndlr), donc de 10.000 personnes en comptant leurs familles. Ma principale influence, c’est sans doute là qu’il faut la chercher.»
Tout administrateur d’entreprise a des responsabilités à assumer.
René Elvinger, Chairman & CEO, Cebi International
Selon lui, être à la tête du plus grand groupe industriel luxembourgeois avec pouvoir de décision dans le pays lui impose des responsabilités. «Tout administrateur d’entreprise, au-delà du pouvoir qu’il reçoit, a des responsabilités à assumer», insiste-t-il.
À ce niveau, René Elvinger continue à apprécier le modèle luxembourgeois et ses circuits courts, permettant des contacts et donc des décisions rapides.
«Lors de la crise de 2008, nous avons pu supporter une chute du chiffre d’affaires de 40% sans devoir licencier. Parce que nous nous sommes mis rapidement en contact avec le ministre de l’Économie, ce qui a permis de modifier la loi sur le chômage partiel.»
En dehors de ses activités professionnelles, le patron de Cebi s’investit, depuis 20 ans, dans la maison de soins Elysis en tant que membre du conseil. «C’est du pur bénévolat, mais ils ont besoin de compétences différentes pour pouvoir avancer.»
Par contre, il dit avoir refusé certains postes d’administrateur de société. «J’étais tellement pris par les autres fonctions que je n’ai pas souhaité accepter un poste où je ne pouvais pas m’investir comme je l’aurais souhaité.»
Pas question non plus de faire de politique active, même s’il a parfois pu apporter ses bons conseils au parti démocrate qu’il supporte. Sa fille, Joëlle, est justement députée DP et siège au conseil d’administration du groupe.
Ce qui ne l’empêche pas d’avoir une vision plus large pour le pays, qui, selon lui, doit se préparer à vivre avec un million d’habitants et donc adapter ses infrastructures. «Je ne comprends pas que certains veuillent faire cesser la croissance alors que c’est elle qui garantit notre modèle de sécurité sociale.