Nicolas Buck: «La personne inspire, mais l’idée que cette personne porte est plus puissante ou influente, car on peut se l’approprier.» (Photo: Anthony Dehez)

Nicolas Buck: «La personne inspire, mais l’idée que cette personne porte est plus puissante ou influente, car on peut se l’approprier.» (Photo: Anthony Dehez)

Face à Nicolas Buck, on comprend vite que le «nous» compte bien plus pour lui que le «je». D’ailleurs, il l’affirme: «L’influence solitaire, je n’y crois pas.» Mais il finit par le concéder, du bout des lèvres, certes, mais de manière sincère, évidemment: oui, il a lui aussi un ego.

Et il éprouve donc une certaine fierté à être plébiscité par ses pairs parmi les personnes les plus influentes du Luxembourg. Il ne pouvait en être autrement, diront certains, pour cet enfant bien né au sein d’une famille à la tête de l’Imprimerie de la Cour Victor Buck.

Mais même les plus mauvaises langues devront reconnaître que si la vie est belle pour Nicolas Buck, elle a aussi été difficile par moment. La fermeture de l’imprimerie familiale, devenue Qatena, au Luxembourg, puis la vente de la branche slovaque avant sa disparition, lui feront mal à jamais.

Le patron et l’homme sont meurtris. Mais pas morts. Place à «l’imprimerie de demain» dédiée aux services de reporting pour le secteur des fonds d’investissement. Victor Buck Services, portée sur les fonts baptismaux en 2000 avec son associé Renaud Jamar de Bolsée et spécialisée dans la gestion de l’information de clients, a le vent en poupe et navigue à belle allure.

Post finira par y augmenter sa participation à hauteur de 90%. L’entreprise emploie aujourd’hui plus de 200 personnes. L’encre n’est pas encore sèche sur l’accord trouvé pour que Seqvoia voie le jour, nouveau projet du duo Buck-Jamar, orienté vers la conception de logiciels à destination des fonds d’investissement.

«L’idée inspire, pas la personne»

Le virage digital, Nicolas Buck a compris qu’il fallait, sans crainte, le prendre à la corde, à pleine vitesse. Le chemin le plus court permet souvent de rester en tête. C’est aussi cela qu’il fait passer comme message via l’asbl Nyuko, plate-forme qui, sous son impulsion, va mettre en orbite le concept de start-up nation.

Coach, conseiller, mentor… Il est finalement un peu la parfaite synthèse de tous ces rôles. 

Curieusement, lui-même ne pense pas avoir été influencé, ni dans son parcours, ni dans son choix de carrière. À ses yeux, l’influence, c’est plutôt le fait de rencontres. «La personne inspire, mais l’idée que cette personne porte est plus puissante ou influente, car on peut se l’approprier.»

Les idées, voilà sans doute un des carburants de Nicolas Buck. Dont il est avide, depuis toujours. «Quand on s’engage dans le monde de l’entreprise ou dans ce que j’appelle les corps intermédiaires, il faut se mettre dans une posture telle que l’on amène des idées.» 

Le pays étouffe à cause de la lenteur politique.

Nicolas Buck, CEO de Seqvoia

Ce qu’il fait notamment en étant à la tête de la Fedil depuis plus de deux ans. Une fédération qui a misé sur le style «Buck»: un discours direct et constructif. En tout cas sans langue de bois quand il évoque le besoin de réformer les orientations scolaires, quand il fustige le concept – déjà dépassé, selon lui – du télétravail ou se fend d’un tweet au vitriol, alors qu’une entreprise luxembourgeoise fait le choix de la France plutôt que du Luxembourg pour sa nouvelle usine…

Le costume politique lui irait à merveille? Il ne le croit pas, convaincu que ce monde est une affaire de professionnels, décalé par rapport à celui de l’entreprise, avec des passerelles de plus en plus étroites. À la Fedil, il est un facilitateur entre ces deux mondes. Et garde sa liberté de parole, comme quand il constate que «le pays étouffe à cause de la lenteur politique».

Mais dire ne suffit pas. Nicolas Buck sait aussi entendre, et aime débattre. C’est pour cela aussi qu’il est apprécié et respecté, notamment lorsqu’il défend une vision d’un «Grand Luxembourg», dont l’influence s’étend aux territoires voisins. «Si vous pensez que vous êtes influent, c’est que vous avez un point de vue, des idées. Fort de cela, le débat ne doit alors pas et ne peut pas faire peur.» Et Nicolas Buck n’a peur de rien.