Michel Wurth: «C’est la sidérurgie qui a fait le Luxembourg.» (Photo: Anthony Dehez)

Michel Wurth: «C’est la sidérurgie qui a fait le Luxembourg.» (Photo: Anthony Dehez)

Du cinquième étage du siège mondial d’ArcelorMittal, boulevard d’Avranches, Michel Wurth a une vue imprenable sur sa ville de Luxembourg.

Mais son regard porte en réalité sur tout son pays, auquel il est viscéralement attaché et dont il est un des personnages-clés. En 2008, il a d’ailleurs été lauréat du Paperjam Top 100 – les décideurs économiques les plus influents – et en a présidé le jury en 2014.

Président d’ArcelorMittal Luxembourg et membre du comité de direction mondial du groupe jusqu’en 2014, président du conseil d’administration de BIP Investment Partners et du groupe Paul Wurth, membre du conseil de la Banque centrale du Luxembourg, membre du conseil d’administration de BGL BNP Paribas, de la Croix-Rouge, des Hôpitaux Robert Schuman…

Je considère que l’équipe est toujours plus forte que la somme des individualités qui la composent.

Michel Wurth, président d’ArcelorMittal Luxembourg

Michel Wurth est très à l’aise dans l’ombre. Mais tout autant en pleine lumière, notamment en tant que président de la Chambre de commerce ou de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL). Des leviers précieux pour essayer de peser sur certaines orientations du pays, notamment via des recommandations élaborées par des équipes qu’il qualifie de «high level». Ou être un interlocuteur privilégié, voire incontournable, du gouvernement lorsqu’il s’agit du dialogue social à l’échelle nationale.

Un leader, Michel Wurth? Sans doute. Mais il tient probablement plus du chef d’orchestre, pour donner la cadence, tirer le meilleur de chaque musicien… «Je considère que l’équipe est toujours plus forte que la somme des individualités qui la composent.» Plutôt que de jouer le concerto, il préfère en écrire la partition. Croire pour convaincre, c’est son credo. «Avoir une idée, une vision, puis pousser pour qu’elle se réalise, c’est cela le vrai leadership.» 

Une figure tutélaire

Multidiplômé, Michel Wurth rejoint le domaine de la sidérurgie dans les années 70, en pleine crise, quand il fallait réussir un double pari: restructurer et transformer. «C’était une grande responsabilité, car c’est la sidérurgie qui a fait le Luxembourg. Avec des gens comme Emmanuel Tesch, Joseph Kinsch, Georges Faber et d’autres, on a réussi, ensemble, à penser en fonction de l’intérêt du pays et pas seulement de l’entreprise.Ces personnes ont fait de moi ce que je suis.»

Il s’inscrit dans leur lignée. Sage parmi les sages, il contraste parfois avec d’autres patrons survitaminés. Michel Wurth sait que construire prend du temps. Surtout si on veut que son œuvre dure. Le renouveau du site d’Esch-Belval, bâti sur base d’une friche industrielle de l’Arbed à l’initiative de l’État et – d’ArcelorMittal –, incarne sans doute le mieux cette volonté.

Comme on sait qu’on ne peut pas gagner la guerre, on évite intelligemment de la faire.

Michel Wurth, président d’ArcelorMittal Luxembourg

La force de son pays, Michel Wurth la voit dans la capacité des Luxembourgeois à être des gens de réseau, des facilitateurs. Des gens de bon sens, tout simplement? «Comme on sait qu’on ne peut pas gagner la guerre, on évite intelligemment de la faire. Nous sommes un petit pays. Pour survivre, nous devons donc toujours être un petit peu meilleurs que les autres en tout.» Sans pour autant rester replié sur soi. 

Quant à la voie de l’économie de demain, elle semble tracée, limpide à ses yeux. La digitalisation de l’entreprise et des services, c’est une évidence. Et puis, il y a aussi la transition écologique. Michel Wurth place cette vision au sein de la Grande Région, à la condition qu’une solution soit trouvée pour impulser la dynamique luxembourgeoise dans cet ensemble qui ne peut rester, selon lui, un simple gadget de communication. Oui, Michel Wurth sait défendre ses idées. Et faire passer des messages.