Moteur de la mobilité en Grande Région, les CFL en sont aussi un peu le reflet de son intégration. (Photo : archives paperJam)

Moteur de la mobilité en Grande Région, les CFL en sont aussi un peu le reflet de son intégration. (Photo : archives paperJam)

Si la Grande Région reste impalpable pour certains, quelques chiffres suffisent à mettre en lumière sa vitalité quotidienne. Dont ceux de la mobilité générée par les quelque 160.000 frontaliers français, belges et allemands qui se rendent chaque jour vers leur lieu de travail au Luxembourg.

Les CFL ont ainsi enregistré 5.491.458 voyageurs transfrontaliers (entrées et sorties, hors trafic international) pour l’année 2013. Représentant la moitié des frontaliers, le contingent français est logiquement le plus important (2.824.727 entrées et sorties) parmi les utilisateurs du réseau CFL au départ de gares en dehors de ce dernier (à noter que Volmerange et Audun-le-Tiche sont reprises dans le réseau CFL).

Les passagers belges sont quant à eux 2.096.811 (entrée et sorties) pour 569.920 Allemands.

Portion non congrue

Il sera intéressant de connaître la part occupée par les trajets de part et d’autre des frontières des pays voisins dans le nombre total de passagers pris en charge par les CFL en 2013 lorsque la Société aura publié son rapport annuel.

Sur base du document datant de 2012 et annonçant quelque 20 millions de passagers au total, on se rend compte que les 5 millions de voyageurs transfrontaliers représentent bien une portion non congrue pour l’activité des CFL.

Celle-ci se félicitait d’ailleurs d’avoir noté «la progression de 4,4 millions d’euros à 4,6 millions d’euros (+5,8%) du chiffre d’affaires, liée aux trafics avec la France et l’Allemagne, tandis que les revenus des trafics vers la Belgique ont eu tendance à baisser légèrement en 2012».

Question d’intégration

Toutes les données montrent que la majorité des trajets frontaliers s’opèrent en semaine. 2.602.328 voyageurs français (entrées et sorties) ont ainsi transité par le réseau ferré luxembourgeois du lundi au vendredi en 2013, signe que la vie de la Grande Région est rythmée par les activités professionnelles, dont le Luxembourg occupe le centre.

D’où la question d’une intégration accrue entre citoyens de Grande Région qui passe par des actions politiques, mais aussi des gestes de la vie de tous les jours, comme le commerce.

Selon la Confédération luxembourgeoise du commerce (CLC) ayant mené l’enquête en 2012 avec TNS-Ilres, quelque 250.000 non-résidents habitant dans un rayon de 30 kilomètres autour du Grand-Duché y font leurs achats chaque semaine. Mensuellement, presque 720.000 non-résidents viennent au moins une fois par mois au Luxembourg pour effectuer du shopping.

Et la CLC de se féliciter de l’opération «Good Idea» symbolisant le positionnement du pays en tant que pôle commercial de la Grande Région depuis 2007. Elle estime à 1 milliard le chiffre d’affaires supplémentaire réalisé grâce à cette action, soit une répartition entre 163 millions grâce à la réduction de la fuite du pouvoir d’achat des résidents et 837 millions grâce aux clients étrangers.

Une ministre au travail

Des tendances, une dynamique, qui inspirent probablement la seule ministre dédiée à la Grande Région, en l’occurrence dans le gouvernement luxembourgeois, Corinne Cahen (DP). Ancienne commerçante dont elle fut la présidente pour le centre-ville de la capitale, elle est une fervente adepte du concept transfrontalier.

Elle était d’ailleurs aux côtés du Premier ministre Xavier Bettel ce lundi pour recevoir la ministre-présidente de la Sarre afin de fixer le calendrier des prochaines collaborations, notamment en matière d’éducation.

Des déclarations qui seront probablement suivies d’effet et qui montrent que la Grande Région, formée d’entités politiques aux compétences variables, se construit avant tout via des accords bilatéraux. Le Luxembourg, seul État souverain, aura un rôle important à jouer à cet égard, pour peu que les partenaires suivent le tempo de la réalité en zone transfrontalière. À l’instar du voisin français qui annonce se remettre à nouveau l’ouvrage sur le métier du côté du territoire d’Alzette-Belval.

Des défis évoqués, entre autres sujets, dans l’édition datée d’avril de paperJam, à paraître ce jeudi 13 mars.