Il y a 10 ans, Silvano Vidale était le premier président de Design Friends. (Photo: David Laudent / archives)

Il y a 10 ans, Silvano Vidale était le premier président de Design Friends. (Photo: David Laudent / archives)

Nadine Clemens, Silvano Vidale, quel serait chacun votre souvenir le plus marquant de ces 10 années d’existence.

Silvano Vidale: «Mon souvenir le plus marquant est aussi le premier. C’est notre soirée de lancement, disons le kick-off de l’association. Avant même d’avoir une saison ou un programme défini, nous avions rassemblé une centaine de membres. C’était plus qu’espéré et ça nous a donné un élan très fort qui nous a poussés à aller plus loin, à toujours rechercher la qualité.

Nadine Clemens: «Mon meilleur souvenir est la conférence et la rencontre avec Pe’l Schlechter. Depuis les débuts, Design Friends avait pris le pli d’inviter des designers internationaux, à commencer par Christoph Niemann qui était déjà une star et qui est devenu une mégastar. Parallèlement à cela, nous avons rencontré Pe’l Schlechter, qui est un des vieux messieurs du design au Luxembourg (il est né en 1921, ndlr). C’était extrêmement touchant de l’avoir avec nous, de lui confier la couverture de notre magazine annuel Dee.

À l’inverse, y a-t-il eu des ratés?

S.V.: «Il y a des conférences qui attirent moins de monde parce que ce sont des métiers moins connus, mais beaucoup d’associations se damneraient pour avoir 60 personnes qui assistent à leur événement. Il y a des conférenciers moins intéressants parce qu’ils sont moins dans le partage d’expérience et plus dans l’ego-trip…

N.C.: «Un des rares regrets est de ne pas avoir trouvé le bon invité pour parler d’économie circulaire ou de design durable… On cherche.

Les conférences sont la partie la plus visible et la plus importante de votre travail. Comment choisissez-vous vos invités?

N.C.: «Chaque membre du comité choisit et invite un conférencier chaque année. Ce qui nous fera, à la fin de cette 10e saison, 50 conférenciers. Ce qui nous guide tout le temps, c’est la qualité. Nous invitons des personnes qui font référence dans leur secteur.

S.V.: «Une autre règle est celle de la diversité. Nous ne sommes pas une association de graphistes qui invite des graphistes. Nous cherchons à faire venir des métiers variés, dans des approches variées et venues de pays différents. Je dois ici saluer le travail de Heike Fries, qui est celle qui nous dégote des food designers, scent designers ou sound designers qui sortent des sentiers battus.

Depuis le début, à chaque conférencier correspond l’édition d’un catalogue…

S.V.: «C’est une idée de Mike Koedinger qui, en tant qu’éditeur, voyait dès le début la constitution d’une collection, d’un ensemble qui sera donc bientôt composé de 50 titres. C’est une manière d’offrir plus à nos membres pour qu’ils puissent se replonger dans la bulle de la conférence.

N.C.: «On arrive à un ensemble qui constitue un patrimoine, une référence. Avec le livre que nous éditons pour les 10 ans et pour lequel les invités reviennent sur leur parcours, c’est une bibliographie de premier plan.

C’était aussi une manière de saluer les graphistes locaux en leur confiant la réalisation des différents titres…

S.V. «J’ai créé la maquette et les premiers numéros. C’était intéressant de confier à d’autres la réalisation des volumes suivants. Progressivement, ils se sont affranchis de cette maquette, voire de la typo, pour être plus libres, plus dynamiques.

Design Friends n’a pas fait que des conférences...

N.C.: «Nous avons organisé plusieurs expositions, dont la plus marquante était sans doute ‘Resolute – Design Changes’ au Casino Luxembourg en 2015. Les Portfolio Night pour les 5 ans et l’année dernière ont aussi été des événements marquants. Mais, pour l’instant, le comité a décidé de se concentrer sur les conférences pour garder le niveau d’exigence et de qualité de nos conférenciers.

Comment avez-vous vu la scène du design évoluer au Luxembourg pendant ces 10 années?

S.V.: «Il est évident qu’en 10 ans, le design est mieux connu et reconnu. Les expositions de la série ‘Intro’ du ministère de la Culture au Beim Engel sont un bel exemple.

N.C.: «Je constate qu’aujourd’hui les frontières entre les métiers du design sont moins marquées. La même personne œuvre dans le graphisme, le web, la photo, l’illustration… Les implications sociales du design sont aussi mieux admises qu’auparavant.

De quoi sera faite cette saison d’anniversaire?

N.C.: «Nous avons décidé de célébrer cet anniversaire en début de saison, avec une grande fête ce vendredi soir. Le programme de la saison poursuit nos objectifs habituels avec la venue de Patricia Urquiola, Sarah-Grace Mankarious, Studio Feixen, Frank Rausch et Dennis Lück. Cette année sera aussi une année d’introspection pour réfléchir à notre avenir et notre manière de fonctionner.

S.V.: «Les valeurs profondes ne vont pas changer, le travail des six bénévoles du comité est solide et consistant. Mais nous ne fermons pas les portes à de nouvelles têtes et de nouvelles idées.»

Ce vendredi soir à partir de 19h au Casino Luxembourg

www.designfriends.lu