Au Mudam, on admire les expos, mais on fait aussi la fête. Ce sera le cas tout le week-end pour les 10 ans du musée. (photo: Jessica Theis / archives)

Au Mudam, on admire les expos, mais on fait aussi la fête. Ce sera le cas tout le week-end pour les 10 ans du musée. (photo: Jessica Theis / archives)

130 expositions dont près de 70 monographiques ont été présentées au Mudam pendant ses 10 premières années. Des chiffres qui ne résument pas vraiment ce qu’auront été ces 10 années et encore moins celles qui ont précédé l’inauguration en juillet 2006 du bâtiment conçu par Ieoh Ming Pei.

Mal né (un long accouchement dans la douleur), mal nommé (souvenez-vous, on disait le Pei Musée), mal-aimé, le musée a su, progressivement, gagner l’intérêt des visiteurs, la confiance des politiques et l’enthousiasme de la presse à bien des reprises. Même si rien n’est gagné, si le budget d’acquisition est toujours ridicule, la collection mal connue, le bâtiment sous-dimensionné et cher, les détracteurs de l’art contemporain toujours nombreux...

Des expositions ambitieuses, parfois exigeantes, parfois difficiles, souvent captivantes ont dressé une trame, pas forcément toujours lisible autour des leitmotivs que sont «liberté, innovation, esprit critique, toujours avec poésie et un brin d’humour», selon les mots d’Enrico Lunghi.

Partie officielle

On a donc toutes les raisons du monde d’aller souffler les 10 bougies du gâteau du Mudam. D’autant que le programme du week-end est particulièrement dense et varié: pendant 31 heures, le musée sera ouvert gratuitement et le public sera invité à vivre des expériences inattendues: performances, lectures, ateliers, visites, expositions, projections... et bien sûr, réception officielle. S.A.R. la Grande-Duchesse héritière de Luxembourg et présidente de la Fondation Musée d’art moderne Grand-Duc Jean, M. Xavier Bettel, Premier ministre et ministre de la Culture et Enrico Lunghi, directeur du Mudam feront un court discours avant un petit set acoustique de la légendaire chanteuse de rock Patti Smith, qui sera le soir même en concert à la Rockhal.

Musique aussi avec «The Moon Moves Slowly (But It Crosses The Town») de Catherine Kontz, qui est fondé sur la production sonore et chorégraphiée d’un tam-tam de très grande taille. Un tel instrument émet un long son, qui décroît lentement, et que Catherine Kontz tente de magnifier et d’explorer dans ce morceau interprété par l’ensemble Lucilin.

Performances et animations

Tout au long du week-end on pourra par exemple découvrir un film qui raconte les 10 ans du Mudam en 10 chapitres, reprenant des titres d’œuvres de la collection: la genèse du musée, la collection, les expositions, la programmation culturelle, les activités pédagogiques, l’équipe, les mécènes et le public...

Les danseurs Alexandra Pirici et Manuel Pelmus, déjà présents aux 20 ans du Casino Luxembourg, proposent une exploration d’œuvres d’art historiques ou récentes, iconiques ou oubliées, en les réactivant par le biais du corps lors d’«actions en continu».

Independant Little Lies a proposé à 12 auteurs luxembourgeois d’écrire un seul texte ensemble en ne connaissant à chaque fois que le dernier paragraphe écrit par le prédécesseur, selon le principe du cadavre exquis. Ce texte sera lu en continu pendant 12 heures et accompagné de performances musicales.

Pour ses 10 ans, le Mudam réinvite trois performeurs - Valérie Bodson, Leila Schaus et Luc Spada – à endosser le rôle de médiateur et, sous la direction de Jérôme Konen, à partager avec le public leurs analyses et interprétations très singulières des œuvres exposées au musée. Églantine, une SDF belge, Nancy de Saint Fail, agente immobilière de luxe et Luc Spada, écrivain seront les personnages de ces «visites irrégulières».

Patrick Corillon livre un récit qui allie narration et manipulation de petits objets épurés ayant une grande force symbolique. Conçue pour un public familial, la performance retrace l’histoire d’un petit garçon transporté dans le monde des images. À l’aide d’un dispositif scénographique minimal, Patrick Corillon prend le spectateur par la main et par le cœur, pour le sortir du monde des images imposées et lui donner tout pouvoir d’inventer lui-même de nouvelles histoires.

Nuit musicale

Le soir, la musique prendra plus de place avec un concert de Irina, groupe fondé par Irina Holzinger et Kim Mersch qui joue une musique pop, mâtinée de folk avec des mélodies très travaillées. Suivi d’un live set de Chapeaubeau, projet initié par Shah Agaajani, Jeffrey Poggi et Bob Mersch. Leur musique électronique invite au voyage, les arrangements hypnotiques plongent le public dans l’égarement, la stimulation ou l’apaisement, offrant une échappatoire aux rouages du quotidien. Puis, un live de Samuel Ricciuti, qui mélange les influences allant de l’ambiant au hip-hop en passant par le post-punk, le jazz ou le breakbeat et autres expérimentations électroniques et analogiques.

Ensuite, c’est dehors qu’il faudra aller voir la Melting Session 7#10, un projet proposé par les artistes visuels Melting Pol & Sandy Flinto et par les musiciens Emmanuel Fleitz & Pierrick Grobéty pour les 10 ans du Mudam. Sous les projecteurs, un poème visuel de lumières se dessine sur la façade du musée, inspiré par les fréquences sonores des musiciens.

Kuston Beater et Le Genco vont faire chauffer la piste de danse, avant que Tom Barman, chanteur et guitariste du groupe de rock indépendant belge dEUS, ne prenne les platines. Asa Moto, le nouveau projet de deux visages bien familiers de la scène belge, Oli et Gilles, suivra...

Après le petit-déjeuner, servi à partir de 5h du matin, l’occasion sera donnée pour la première fois de voir «Dreams Have a Language», le film créé en collaboration par le réalisateur luxembourgeois Donato Rotunno et l’artiste française Sylvie Blocher.

Le marathon se poursuit le dimanche avec la reprise des animations et des performances, pour se clôturer à 18h.