De gauche à droite: Jean-Louis Scheffen, président du comité de sélection du fonds, et Guy Daleiden, directeur du Fonds national de soutien à la production audiovisuelle. (Photo: Film Fund Luxembourg)

De gauche à droite: Jean-Louis Scheffen, président du comité de sélection du fonds, et Guy Daleiden, directeur du Fonds national de soutien à la production audiovisuelle. (Photo: Film Fund Luxembourg)

Rarement une conférence de presse du Film Fund a connu autant de succès et suscité autant de questions. La présentation du rapport annuel 2017 était ce lundi matin un rendez-vous attendu, car le secteur audiovisuel est on ne peut plus tendu en ce moment, comme l’ont exprimé de nombreuses personnes lors de la soirée des Filmpräis.

Le cinéma étant l’école de la patience, le présent rapport n’est que celui de 2017, car entre la demande d’aides et la clôture des projets s’écoulent plusieurs années. «Le bilan tient compte des projets finalisés, il y a forcément un écart avec ce qui a été attribué», note Guy Daleiden, le directeur du Film Fund.

En 2017, donc, ce sont 30.108.292 euros qui ont été distribués en aides sélectives à la production, dont 1.512.780 euros d’aides à l’écriture. C’est moins que les années précédentes, non «parce que le budget aurait baissé, mais parce que certains projets ont été reportés à l’année suivante», expose le directeur. Pour la première fois, le budget alloué aux films d’animation (14,4 millions) a été supérieur à celui destiné aux longs métrages de fiction (10,4 millions). «Cela ne démontre pas forcément une tendance, car nous n’avons pas assez de recul et de masse critique pour en juger, mais il est clair que l’animation a acquis ses galons dans la production luxembourgeoise», commente-t-il.

Si l’aide à la production représente 90% des dépenses du Film Fund, Guy Daleiden a aussi insisté sur les autres aspects des missions du fonds et notamment l’aide à la promotion, la présence aux festivals, les nouvelles aides transversales (pour les clips vidéo, par exemple), le soutien à la formation, à la francophonie ou aux rencontres professionnelles.

Un nouveau membre au comité de sélection

Un brin sur la défensive, Jean-Louis Scheffen, le président du comité de sélection, a tenu à (ré)expliquer la manière dont ces cinq personnes travaillent et choisissent les projets qui vont recevoir une aide. «Plusieurs critères sont examinés: qualité artistique et culturelle du projet, apport pour le développement du secteur, apport au patrimoine luxembourgeois, perspectives de distributions internationales, potentiel de présence dans des festivals…»

Nous donnons un jugement subjectif à travers des critères objectifs.

 Guy Daleiden, directeur du Film Fund

Un travail considérable de préparation pour les producteurs et de lecture pour le comité, qui livre, en cas de refus, «une critique constructive et une approche pédagogique permettant de représenter le film – une deuxième fois pour les coproductions, plus pour les projets luxembourgeois».

«Nous donnons un jugement subjectif à travers des critères objectifs», résume Guy Daleiden. Après l’acceptation du projet, le montant reçu pour le film est déterminé par un système de points valorisant les «retombées sociales, culturelles et économiques». Système qui est en train d’évoluer pour donner plus de flexibilité aux producteurs.

Jean-Louis Scheffen a aussi annoncé qu’il quittait le comité pour se concentrer sur d’autres priorités. Son remplaçant sera Philipp Kreuzer, producteur allemand passé par le conseil d’administration du Film Fund de Bavière.

Pas de boule de cristal

L’année 2018 étant déjà presque écoulée, c’est sur l’avenir que chacun s’interroge. On sait que 2018 a vu de nombreux projets déposés et le budget vite dépensé. Un audit du Film Fund vient d’être clôturé et semble avoir donné satisfaction. Guy Daleiden refile maintenant la patate chaude aux politiques: «Ce n’est pas au fonds de répondre sur la possibilité d’une augmentation du budget annuel, ce sera au gouvernement de décider s’il veut poursuivre le développement du secteur. Mais il est clair que si on veut son développement, il faudra plus de moyens.»

Vu qu’il ne reste que 2 millions pour la dernière session du comité de lecture de 2018, celle de novembre sera en fait la première de 2019. Il s’agira de préparer le terrain, de lire et analyser les dossiers pour que «si on a le budget», les films soient validés au plus vite à la première session de 2019. Ni totalement noir ni totalement rassurant pour les quelque 1.200 personnes qui y travaillent.