«Les résidents luxembourgeois dépensent 26€ par habitant et par an dans les produits issus du commerce équitable, ce qui nous classe parmi les premiers pays consommateurs du Fairtrade au monde», souligne Geneviève Krol. (Photo: ©TransFair_e_V)

«Les résidents luxembourgeois dépensent 26€ par habitant et par an dans les produits issus du commerce équitable, ce qui nous classe parmi les premiers pays consommateurs du Fairtrade au monde», souligne Geneviève Krol. (Photo: ©TransFair_e_V)

C’est le 25 mars 1992 très exactement qu’a été fondée l’ONG Fairtrade Lëtzebuerg avec l’objectif de développer et mieux faire connaître le commerce équitable au Luxembourg. «Notre organisation repose sur quatre piliers, explique Geneviève Krol, directrice de l’ONG. Le premier est de sensibiliser les consommateurs au commerce équitable, d’éduquer les générations futures et de leur montrer les possibilités qui s’offrent à eux en tant que consommateur, de réaliser un plaidoyer politique pour faire évoluer les lois et obtenir un soutien au niveau des marchés publics et enfin, de développer le marché et les certifications, pour que de plus en plus de produits Fairtrade soient utilisés.»

Du café, mais pas seulement

Il faut peut-être rappeler que cette notion de commerce équitable est apparue après la Seconde Guerre mondiale, avec la fin des colonies. Les pays occidentaux se sont alors posé la question de l’exploitation des populations des pays du Sud et du commerce des produits bruts à prix juste. C’est pourquoi Francisco van der Hoff a lancé en 1988 aux Pays-Bas le label Max Havelaar, qui est devenu au niveau international le label Fairtrade.

«Le premier produit à être concerné par ce label a été le café, mais aujourd’hui cela touche beaucoup plus de produits», souligne Geneviève Krol. En effet, au Luxembourg, d’après les chiffres 2016, c’est la banane Fairtrade qui tient le haut du panier avec 30% du marché des produits Fairtrade. Arrivent ensuite les roses, avec 19% de parts de marché, puis le café avec 9% et le cacao avec 1,5%. À cela, on peut encore ajouter l’or: la Banque centrale du Luxembourg a fait réaliser en première mondiale deux pièces numismatiques en or Fairtrade et la Spuerkeess a aussi mis sur le marché des lingots en or issu du commerce équitable.

Au total, en 2016, le chiffre d’affaires généré par les partenaires mettant en œuvre les produits issus du commerce équitable s’élève à 15 millions d’euros. Selon Geneviève Krol, «l’évolution entre 2015 et 2016 a été importante: elle représente une progression de plus de 40%. Aujourd’hui, les résidents luxembourgeois dépensent 26€ par habitant et par an dans les produits issus du commerce équitable, ce qui nous classe parmi les premiers pays consommateurs du Fairtrade au monde, loin devant la France par exemple qui n’est qu’à 10€ par habitant, mais encore loin derrière la Suisse ou la Suède qui représentent entre 50 et 60€ par personne.»

Un achat qui aide directement les producteurs

Car il faut bien être conscient qu’en réalisant ce simple acte d’achat de produit équitable, il est possible d’aider directement les producteurs du Sud et d’améliorer les conditions de vie de nombreuses familles. «Le commerce équitable s’appuie sur les trois piliers du développement durable qui sont l’économie, le social et l’écologie», rappelle la directrice de Fairtrade Lëtzebuerg.

Aussi, les producteurs Fairtrade sont assurés de recevoir un prix stable pour leur production, ce qui leur permet de planifier et d’investir dans leur activité. De plus, les producteurs reçoivent des primes au développement qui doivent être utilisées pour mettre en place des projets sociaux, comme développer une école, financer une formation en gestion ou en économie, financer un hôpital… En 2016, 138 millions de primes ont été versées aux producteurs qui se situent en Amérique du Sud et dans les Caraïbes, en Afrique et dans les pays asiatiques.

Une attention toute particulière est également portée sur le travail des enfants qui est strictement interdit. Les producteurs Fairtrade doivent d’autre part respecter des règles essentielles du droit du travail, comme de fournir des contrats de travail, de donner des congés maternité ou des conditions de travail décentes et respectueuses de l’être humain. D’un point de vue écologique, les pratiques sont aussi surveillées et les producteurs engagés ne peuvent pas utiliser d’OGM et doivent veiller à la gestion de l’eau et des déchets. C’est donc un système complet qui est soutenu grâce au commerce équitable.»

Des progressions continues

En 25 ans de présence au Luxembourg, plusieurs étapes clés ont pu être franchies: en 1992, le premier café équitable a été proposé à la vente. En 1993, le premier paquet de café Fairtrade a été vendu dans un supermarché luxembourgeois. Puis en 1999, sont arrivées les bananes équitables qui ont sensiblement aidé à renforcer la notoriété du commerce équitable. Quelques années après, en 2006, une vaste campagne «solidarité café» a été menée auprès des entreprises pour les sensibiliser à cette question. En 2014, la première pièce en or équitable est produite.

«Si l’attention portée sur l’alimentation saine et biologique est directement perçue comme un élément positif pour la santé du consommateur, le bénéfice de l’acte d’achat d’un produit issu du commerce équitable est parfois perçu de manière plus lointaine par le consommateur, éclaire Madame Krol. Il est donc important que notre association rappelle et explique régulièrement tous les bénéfices que ce simple acte d’achat peut produire. Aussi, nous nous sommes fixé comme nouveaux objectifs pour les années à venir de sensibiliser davantage les administrations publiques à l’importance de l’achat de produits équitables, mais aussi de mener un programme de sensibilisation auprès des décideurs d’entreprises pour qu’ils remettent le commerce équitable au cœur de leur programme RSE.»

Actuellement, 20 entreprises luxembourgeoises ont une licence Fairtrade active et produisent 130 produits équitables sous une marque luxembourgeoise. Mais au total, les consommateurs peuvent acheter au Luxembourg 1.800 produits labellisés dans 200 points de vente, dont de nombreux supermarchés. Ceci offre un vaste choix. 

À l’occasion des 25 ans de Fairtrade Lëtzebuerg, une exposition «Fair ArtFair» est organisée à partir du 17 novembre à Vianden, et jeudi 30 novembre, le Lycée hôtelier Alexis Heck organise un dîner de bienfaisance. Sans oublier de glisser prochainement sous le sapin un Saint-Nicolas en chocolat Fairtrade.