Jean-Yves Leborgne, portfolio manager chez ING Luxembourg  (Photo: DR)

Jean-Yves Leborgne, portfolio manager chez ING Luxembourg  (Photo: DR)

Malgré les résultats décevants du marché de l’emploi américain, la Fed augmentera probablement cette année ses taux directeurs pour la première fois depuis le début de la crise financière. Pendant ce temps, la BCE et son assouplissement quantitatif ont repoussé les rendements des emprunts publics en territoire négatif. L’euro en ressort déprécié et la croissance économique ravivée. Le Royaume-Uni entamera certainement lui aussi un nouveau départ puisqu’il est peu probable que les élections générales débouchent sur une reconduction de la coalition actuelle. La Chine, quant à elle, met en place de nouvelles réformes afin de changer et d’améliorer son modèle de croissance.

Début avril, les chiffres de l’emploi aux États-Unis se sont révélés assez décevants. Ceux-ci se sont ajoutés à des statistiques pour les mois de février et mars insatisfaisantes pour imaginer une hausse des taux directeurs prochainement. Savoir quand ils seront augmentés dépend directement de l’évolution des données macroéconomiques au cours des prochaines semaines et, en particulier, le niveau d’inflation, le taux d’emploi et le niveau des salaires.

À ceci s’ajoute désormais une autre variable décisive: le taux de change. La perspective d’une appréciation du dollar laisse présager des prix à l’importation, à la production et a fortiori à la consommation plus faibles mais aussi d’une croissance économique affaiblie. La Fed pourrait ainsi repousser ce mouvement à septembre si aucun signal clair d’une amélioration de l’activité économique n’apparaît dans les prochaines semaines.

La zone euro continue d’obtenir des résultats supérieurs à ceux qui étaient préalablement anticipés. Ainsi, les indices de sentiment économique et de confiance des consommateurs se sont améliorés en mars. L’évolution sur les marchés monétaire et du crédit sont aussi à ranger parmi les bonnes nouvelles. Cependant, l’incertitude quant au programme de réformes en Grèce et l’attente de résultats encourageants par rapport à l’activité économique incitent à la prudence.

Malgré ces résultats encourageants, anticiper une réduction ou un arrêt du programme d’assouplissement quantitatif de la BCE serait aller vite en besogne. L’amélioration des perspectives de croissance et la remontée de l’inflation ne sont pas encore suffisantes pour que la BCE prenne cette décision. Pour l’instant, l’assouplissement quantitatif continue de faire baisser certains taux interbancaires et autres rendements d’obligations publiques en territoire négatif.

La croissance économique au Royaume-Uni reste positive, poussée par la consommation et l’investissement qui demeurent particulièrement solides. Par contre, les exportations nettes devraient afficher un retrait et les dépenses gouvernementales rester sous pression (et ce quel que soit le vainqueur des élections générales le 7 mai). Selon les derniers sondages, aucun parti ne devrait obtenir la majorité absolue, ce qui devrait peser sur les marchés le temps qu’une coalition réussisse à se former.

La Chine a présenté récemment une série de réformes économiques et affiché son ambition de développement économique et politique. Au niveau international, le projet chinois est articulé autour de la Nouvelle route de la soie (plan de développement des transports vers l’Europe) et de la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (banque d’investissement concurrente de la Banque mondiale et de la Banque asiatique de développement). Au niveau national, le gouvernement essaie de relancer la croissance par la mise en place d’un fonds de garantie des dépôts et d’un assouplissement de la politique immobilière.

Au niveau devises, suite aux mauvais résultats de l’emploi américain, le dollar marque un temps d’arrêt après plus de neuf mois d’appréciation face à l’euro. Toutefois, aucun élément ne semble en mesure d’empêcher l’appréciation du dollar à moyen terme du fait de l’assouplissement quantitatif de la BCE et de la remontée prochaine des taux d’intérêt de la Fed.