Yves Kuhn: «Le cycle mondial est intact.» (Photo: DR)

Yves Kuhn: «Le cycle mondial est intact.» (Photo: DR)

Les surprises? La croissance et, surtout, des données économiques en demi-teinte ont obscurci le ciel de l'économie américaine en ce début d'année. «Plusieurs indicateurs ont suggéré des dépenses inférieures aux anticipations des analystes», a expliqué Janet Yellen, la présidente de la Fed, aux membres de la Commission bancaire du Sénat fin février. Tout en précisant encore: «Les conditions météorologiques défavorables peuvent expliquer en partie cette évolution, mais à ce stade il est difficile de savoir précisément dans quelle mesure elles ont joué.» L'augmentation des stocks à la fin de l'année 2013 a probablement aussi pesé sur la croissance économique.

Celle-ci est particulièrement atone au Japon, probablement étouffée sous le poids de la politique budgétaire. D'après la banque d'investissement Morgan Stanley, «la conjonction d'une augmentation sensible de la pression fiscale et d'une politique de dépenses légèrement restrictive devrait peser sur la croissance». Sous l'impulsion de son Premier ministre, Shinzo Abe, le Japon entreprend actuellement de vastes réformes structurelles, communément désignées comme la «troisième» et dernière flèche au carquois du gouvernement Abe. Essentielle, cette dernière ne s'accompagne cependant d'aucun plan de rechange.

Pression sur les marchés émergents

Sur les marchés émergents, la pression s'accentue, notamment en Chine, où la croissance et l'éventualité d'un atterrissage brutal continuent d'inquiéter. En quête de réformes et d'accroissement de leur compétitivité pour faire face au nouvel ordre mondial, les économies émergentes demeurent confrontées à des obstacles structurels à long terme.

La Crimée, enfin, se présente comme une source de risque géopolitique, et non des moindres, dont la portée pourrait s'étendre à l'ensemble de la planète. Pour l’instant, les marchés sont restés focalisés sur le conflit et sur la possibilité d'escalade de la crise entre la Russie et l'Ukraine. Mais si la Russie intervient au-delà de la Crimée, les répercussions sur les prix de l'énergie auront un impact considérable sur la croissance mondiale. Pour autant, ce contexte s'est révélé propice aux matières premières. Le rebond du blé et du maïs (en hausse de plus de 15%) reflète les incertitudes entourant l'un des plus grands exportateurs de ces produits agricoles, à savoir l'Ukraine.

Un contexte favorable pourtant

Le contexte économique américain demeure favorable. En effet, la pression fiscale devrait diminuer en 2014, les demandes d'allocation de chômage se maintiennent dans une fourchette relativement saine de 300 à 350.000 et les données récemment publiées par la Réserve fédérale ont révélé que la production manufacturière américaine a enregistré en février sa plus grande augmentation depuis six mois, autant d'éléments qui annoncent une croissance économique de 2,8 à 3% cette année.
Sur le front européen, les nouvelles sont bonnes: les principaux indicateurs tels que l'indice des directeurs d'achats de la zone euro s'affichent dans le vert et l’écart d'activité entre la périphérie (notamment l'Espagne et l'Italie) et les pays au cœur de l’Europe continue de s'amenuiser. Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, a d'ailleurs récemment prédit une expansion de 1 à 2% en 2014 pour l'économie de la zone euro.
Le cycle mondial est intact, malgré de récentes surprises et des pressions géopolitiques. Nous tablons sur une surperformance des actions par rapport à l'obligataire, et plus spécifiquement sur la domination des marchés développés vis-à-vis des émergents et de l'Europe sur les États-Unis.