Bodo Hell voyage à travers des cartes postales de son Autriche natale. (Photo: Amour Fou Luxembourg)

Bodo Hell voyage à travers des cartes postales de son Autriche natale. (Photo: Amour Fou Luxembourg)

Six ans de tournage ont été nécessaires pour ces 45 minutes foisonnantes de recherches avant-gardistes. «Au commencement était le regard» est un ovni essentiellement composé de centaines de cartes postales. Le résultat est assez époustouflant, hypnotique même, et n’a pas manqué d’enthousiasmer les cinéphiles à la sortie du film. Présenté dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2003, le film a reçu un très bon accueil critique.

Il entre parfaitement dans la cinématographie de Bady Minck qui joue régulièrement sur le motif de l’histoire dans l’histoire, le livre dans le livre, et qui utilise les moyens de l’animation pour poser des questions essentielles sur la place de la figure humaine et ses délitements. La réalisatrice dira d’ailleurs: «Je voulais mettre en images la manière avec laquelle l’homme déchire puis digère le paysage. Comment il s’en nourrit, comment il l’attaque, comment il se l’accapare. Dans la scène finale du film, je renverse le mouvement de façon ironique: c’est le protagoniste masculin lui-même qui est colonisé par le paysage.»

Im Anfang war der Blick

Au commencement était le regard

Réalisation: Bady Minck
Production: Minotaurus Film, Amour Fou Luxembourg, Oikodrom, Garabet Film
Durée: 45′
Avec: Bodo Hell

Résumé: Un homme est assis dans sa bibliothèque. Il se lève, marche, sort des livres, les remet à leur place et va se rasseoir pour écrire quelques mots. Soudain, il découvre un gros livre rouge sur lequel apparaissent les mots «Au commencement était le regard». L'homme ouvre le livre et de la première page sort une forme pyramidale. En dessous apparaissent les mots «Der Erzberg».

À partir de là, nous découvrons à travers des cartes postales le paysage géographique, historique et culturel de l'Autriche du 20e siècle, à commencer par le village Eisenerz. À la fin du voyage, l'homme intègre le paysage des cartes postales. À la fois onirique, politique, philosophique et culinaire, ce combat entre le verbe et l'image se soldera par l’échec du poète, emporté par le vent.

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