Ce vendredi, le Feierkrop va encore parler des élections. À sa façon…  (Visuel: Den neie Feierkrop)

Ce vendredi, le Feierkrop va encore parler des élections. À sa façon…  (Visuel: Den neie Feierkrop)

Rendez-vous incontournable du vendredi, les quatre pages du journal satirique «Den neie Feierkrop» sont généralement attendues avec grande impatience par près de 30.000 lecteurs (selon les derniers chiffres TNS Ilres Plurimedia publiés en juillet). 

Cette semaine, «DNF» fête ses 20 années d’existence continue: le journal dans sa «version» actuelle a été lancé le 8 octobre 1993, mais son histoire remonte à bien plus loin, puisque l’on en trouve la première trace dès le 4 septembre 1948. Il s’agissait alors d’une page «hébergée», qui paraît dans les colonnes de «Zeitung vum Lëtzebuerger Vollék», qui dura jusqu’à l’été 1950.

Le titre renvoyait à la fois à la chanson patriotique «De Feierwon» (le char de feu) écrite par le poète Michel Lentz et à l'industrie sidérurgique (Feierkrop signifie tisonnier). Il fut repris 34 ans plus tard, à l’instigation de Jacques Drescher (ancien collaborateur du Lëtzebuerger Land), toujours dans les colonnes du «Vollék», une fois par semaine, le vendredi, et cela dura jusqu’au début 1993, avant que la publication ne prenne une totale indépendance en octobre.

Un tirage de 10.000 exemplaires

20 ans après, la matière première ne manque pas au DNF. «Il n’y a pas grand-chose qui a changé dans le paysage politique», note Jacques Drescher. «Si, en plus, l’actualité nous donne de la substance comme récemment avec les ‘affaires’ ou, maintenant, avec les élections, les gens sont d’autant plus intéressés à nous lire.»

Contrairement à tous les autres médias quotidiens et hebdomadaires (dont la quasi-totalité reçoit l’aide d’état à la presse), le lectorat réel du Feierkrop constitue son oxygène. Ses recettes proviennent uniquement de ses ventes, réparties en un tiers d’abonnés et deux tiers d’achats en kiosque.

Le journal, qui tire à 10.000 exemplaires, est constitué en société coopérative, dont le capital est détenu par ses sept journalistes. «Cette indépendance est l’une de nos fiertés qui nous motivent le plus. Nous n’avons pas la même logique de fonctionnement que les autres médias, dans la mesure où nous faisons vraiment tout ce que nous voulons, comme nous le voulons», insiste Jacques Drescher, qui constate combien le lectorat du DNF est «fidèle». «Tant que les gens nous suivent, tant mieux! Et si un jour ce n’est plus le cas, nous ferons autre chose.»

Le grand souvenir de 2002

Difficile, en 20 années, de ne retenir qu’une seule information plus marquante qu’une autre. Pourtant, M. Drescher n’hésite pas longtemps avant d’évoquer un événement qui l’a particulièrement marqué: la conférence de presse «informelle», donnée en juin 2002 par la toute «jeune» Grande-Duchesse Maria Teresa (intronisée depuis moins de deux ans), en présence de tous les rédacteurs en chef des médias nationaux, pour se plaindre du comportement de sa belle-mère, Joséphine-Charlotte. «Nous n’étions pas conviés à cette conférence de presse, mais nous sommes les premiers à avoir écrit un article sur cet entretien assez rocambolesque, car tous les autres avaient respecté un secret demandé par Maria Teresa. Ce ne serait plus possible aujourd’hui, car la presse n’accepterait plus de respecter un tel silence.»

L’avenir? Les piliers du Feierkrop sont là depuis la première heure et ne seront pas éternellement là. «La question de la succession, on y pense, mais ce n’est pas si urgent que ça, estime M. Drescher. De toute façon, un journal satirique reste un journal atypique. Il n’y a pas forcément de nécessité qu’il existe encore sous cette forme dans 100 ans. On peut tout à fait imaginer s’arrêter un jour et fonder autre chose, que ce soit sur papier ou sur internet. Au Luxembourg, il y aura toujours un marché pour cela.»