La justice a-t-elle été impartiale? Les avocats de Medjdoub Chani, détenu depuis cinq ans et demi, en doutent. Leur client aurait fait des aveux sous la torture. (Photo: DR)

La justice a-t-elle été impartiale? Les avocats de Medjdoub Chani, détenu depuis cinq ans et demi, en doutent. Leur client aurait fait des aveux sous la torture. (Photo: DR)

Le procureur de la République auprès de la Cour d’Alger a requis à la veille de ce week-end une peine de 20 ans de prison et 73.000 euros d’amende à l’encontre du consultant algéro-luxembourgeois Medjdoub Chani, poursuivi pour corruption, avec une quinzaine d’autres personnes, dans le cadre des travaux de construction d’une autoroute reliant l’est à l’ouest de l’Algérie.

Chani avait été arrêté à Alger en septembre 2009 et est en prison depuis lors. À l’époque des faits, outre ses activités auprès de la fiduciaire ADC Conseil qu’il dirigeait au Luxembourg, il était expert pour un consortium chinois, Citic CRCC, à qui avait été confiée la réalisation de cette autoroute.

Suite à son arrestation, Medjdoub Chani – qui se dit étranger à cette affaire – aurait été détenu arbitrairement et torturé durant une vingtaine de jours par les services de renseignement algériens, pour obtenir des aveux de sa part. Il est revenu par la suite sur ses déclarations mais la justice algérienne n’a jamais tenu compte de sa rétractation, ne prenant en compte que ses aveux.

Un procès basé «sur du mensonge»

Selon ses avocats, dont Me Philippe Penning, du barreau de Luxembourg, il aurait servi de fusible et de bouc émissaire idéal pour le gouvernement de Bouteflika qui aurait voulu se servir de lui pour faire la démonstration de sa détermination à lutter contre la corruption et permettre à d’autres personnes d’échapper à leurs responsabilités.

En première instance, Madjdoub Chani avait été condamné à 18 ans de prison, peine ramenée en appel à 15 ans. Mais cette condamnation avait été cassée en janvier dernier en raison de la prescription des faits et de la non-rétroactivité d’une loi qui avait servi à appuyer son inculpation.

Selon le président du tribunal d’Alger, devant lequel Medjdoub Chani a indiqué comme ultime parole que tout ce procès «était basé sur du mensonge», le verdict devrait être prononcé jeudi.