Le parc naturel de l'Our, comme celui de la Haute-Sûre, avaient bénéficié de fonds attribués par le programme Interreg entre 2007 et 2013. (Photo: Visitluxembourg.com)

Le parc naturel de l'Our, comme celui de la Haute-Sûre, avaient bénéficié de fonds attribués par le programme Interreg entre 2007 et 2013. (Photo: Visitluxembourg.com)

Le programme Interreg V-A porte sur des problématiques liées à l'emploi en encourageant la mobilité à travers des investissements dans les transports, l'éducation et la formation. Un autre volet consiste à doper la compétitivité des PME locales en les incitant à investir dans la recherche et l'innovation. Le programme concerne aussi l'environnement et l'accès aux services sociaux et de santé. Au total, le programme compte sur un budget de 223 millions d'euros, dont 140 millions seront financés par le Feder, le Fonds européen de développement des régions.

Les différents aspects du programme ont été soumis à la Commission au mois de juin dernier et visaient à l'époque un financement de 131 millions d'euros. Les 11 partenaires de la Grande Région - autorités locales, régionales voire nationales des territoires concernés - ont élaboré ensemble cette feuille de route autour d'une priorité: poursuivre le développement d'un marché du travail intégré en soutenant l'éducation, la formation et en facilitant la mobilité physique. Il faut dire que la Grande Région compte la plus grande proportion de travailleurs frontaliers de toute l'Europe (6%), avec 213.000 salariés qui traversent la frontière tous les jours, selon L'Eurobaromètre publié en juin dernier.

Près de 10.000 projets à cofinancer

«Je suis ravie d'avoir adopté ce programme aujourd'hui», indiquait Corina Cretu, commissaire à la politique régionale, mercredi. «Il contribuera à intégrer davantage le marché du travail transfrontalier en facilitant la mobilité de la main-d'œuvre dans la Grande Région tout en aidant les PME locales à capitaliser sur leur compétitivité en investissant dans la recherche et le développement.»

Les programmes Interreg, qui ont atteint leur 25e anniversaire cette année, prévoient des enveloppes globales qui seront ensuite réparties entre plusieurs milliers de projets sélectionnés en fonction de leur bénéfice pour les objectifs visés par les programmes. Pour Interreg V-A, les propositions de projets doivent être déposées entre le 4 janvier et le 5 février 2016 sous la forme de fiches synthétiques envoyées à l'adresse [email protected]. Un premier filtrage sera opéré afin de limiter les demandes complètes de cofinancement aux dossiers les plus sérieux. Le cofinancement par le Feder ne pourra excéder 60% du coût de chaque projet.

Le programme pourra ainsi permettre de cofinancer des offres de formations pour faciliter l'emploi transfrontalier, la coopération entre agences pour l'emploi ou encore la mise en place de tarifs modiques dans les transports.

Ce nouveau programme Interreg intervient alors que la Commission européenne mène une réflexion plus globale sur la coopération transfrontalière et les moyens de la favoriser. Elle a lancé en septembre dernier une consultation publique à l'échelle de l'Union afin de recueillir le point de vue des citoyens sur les obstacles à la coopération et leurs suggestions pour les surmonter. Les résultats d'une étude scientifique ayant le même objet sont également attendus pour 2017.

Un sentiment de proximité ancré dans la Grande Région

En attendant, l'intervention de l'Union européenne dans les régions frontalières reste méconnue. Selon l'Eurobaromètre 2015 sur la coopération transfrontalière dans l'UE, 68% des citoyens habitant dans les régions frontalières européennes n'ont jamais entendu parler d'activités transfrontalières financées par l'UE - 12% en connaissent et 19% en ont entendu parler sans pouvoir les nommer. Les habitants de la Grande Région ne font pas mieux: 70% ignorent ces programmes contre 29%.

Eurobaromètre 2015 - Avez-vous entendu parler d'activités transfrontalières dans votre région financées par l'UE ?

En revanche, ils figurent en 14e position pour la mobilité à l'intérieur de la Grande Région: 82% se rendent dans un des pays voisins au moins une fois par an, très loin devant d'autres habitants comme ceux vivant à la frontière entre la Roumanie et la Bulgarie (47%) ou entre l'Espagne et le Portugal (58%).

Eurobaromètre 2015 - À quelle fréquence vous traversez-vous la frontière ?

Et cette proximité engendre une confiance accrue. Ainsi, 56% des citoyens de la Grande Région estiment qu'on peut faire confiance à la plupart des gens, mais ce taux monte à 86% lorsqu'il s'agit de faire confiance à d'autres habitants de la Grande Région.

Eurobaromètre 2015 - Vous sentiriez-vous à l'aise avec un voisin/collègue/membre de famille/patron qui soit citoyen d'un autre pays ?