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Fin juin, le réseau interrégional d'entrepreneurs 1,2,3, Go, organisé par Business Initiative et les Chambres de Commerce et d'Industrie de la Grande Région, a décerné dix-huit prix aux meilleurs plans d'affaires de la Grande Région. Parmi les lauréats figuraient trois entreprises luxembourgeoises.

Pour cette "saison' 2003-2004, 210 projets ont été soumis aux différents coaches, qui en ont assuré le suivi pendant 9 mois. Au final, 61 candidats étaient encore en compétition le 28 juin.

Depuis la création de Business Initiative et de son réseau 123Go, en 2000, sus l'égide de la Fédil, pas moins de 1.016 projets ont été déposés, dont 450 ont été retenus pour leur caractère innovant et leur potentiel économique. 115 de ces projets ont été récompensés par des prix allant de 500 à 10.000 euros chacun.

Désormais passée sous le giron de la Chambre de Commerce, et plus que jamais orienté "transfrontalier", au travers d'un partenariat signé avec l'ensemble des Chambres de Commerce et d'Industrie de la Grande Région, 123Go a trouvé son rythme de croisière, mais ne veut certainement pas en rester là.

"Nous souhaitons, par exemple, intensifier davantage les contacts avec les différents Centres de recherches publics de la région', précise Rachel Gaessler, Chef de Projet 123Go à la Chambre de Commerce, qui souhaiterait également que la portée interrégionale de cette plate-forme se retrouve dans les soutiens financiers. "Il faudrait que chaque région ramène un certain nombre de sponsors, selon des objectifs établis. Car à notre grand mécontentement, les sponsors sont actuellement surtout Luxembourgeois".

En quatre ans, le réseau a participé à l'accompagnement et au développement de 118 entreprises dans la grande région. 31 concernent le Luxembourg, avec le soutien de l'agence Luxinnovation, point de contact des projets "innovants" et du ministère de l'Economie. Au total, Près de 500 emplois ont été créés pour un chiffre d'affaires cumulé de 32 millions d'euros. Quelques-unes de ces sociétés ont grandi, d'autres sont en stand-by et une a été placée en liquidation...

Les lauréats luxembourgeois 2004

WELTEC à LA POINTE DE LA R&D - Weltec - contraction de Welding technology - a terminé 4e et 1er projet luxembourgeois, lors du dernier concours 123 Go (5.000 euros). Le projet de cette société, créé il y a un an par trois Français, Jacques Fombonne, ingénieur et spécialiste du secteur TIG, Claude Mouchet, ingénieur, et Patrick Mouchet, directeur administratif et financier, se résume en l'étude, la fabrication et le développement de torches de rechargement de métal par procédé plasma, ainsi que de machines complètes de rechargement, un domaine en plein essor ou la R&D est important.

"Les torches plasma s'appliquent à différents domaines de soudage. Les torches pour le rechargement sont les seules pour lesquelles la technologie est la plus pointue et est, par voie de conséquence, moins concurrencée", précise Patrick Mouchet. Grâce à ce procédé, il est possible de reconstituer des pièces usées au lieu de les changer, ce qui serait plus onéreux, ou de réaliser un dépôt anti-usure sur une pièce neuve.

Le plasma a pour particularité d'être un procédé à haute énergie, ce qui rend la qualité du dépôt meilleure. Le dépôt de métal est réalisé entre 16.000 et 20.000°C. "Le plasma est le seul procédé actuel qui permette de maîtriser l'alliage entre l'apport et le support, au 10e de mm près, le seul qui permette cette précision. Presque tous les métaux peuvent être traités ainsi", indique le directeur administratif et financier de la société. Spécialisé dans le plasma depuis 30 ans, Claude Mouchet, qui a travaillé pendant 6 ans dans une filiale du Commissariat à l'énergie atomique en France, est détenteur d'une vingtaine de brevets. M. Mouchet a mis au point 8 modèles de torches différents, adaptés à un type d'activité, dont 4 sont prêts à être commercialisés d'ici à la fin de l'année.

"Le brevet que possède Claude depuis 1995 est inégalé. Il concerne la forme de la torche qui permet à celle-ci d'être plus performante et résistante que les torches concurrentes. C'est ce qui nous a décidé à créer une entreprise. Cette torche fonctionne depuis sept ans chez cinq clients", affirme Patrick Mouchet.

Ces torches sont destinées à divers domaines d'application tels que les motorisations thermiques, l'industrie des plastiques et caoutchoucs, les forges et métallurgie, le génie nucléaire, la construction aéronautique et navale, les centrales hydroélectriques ou encore l'industrie minière.

Weltec a développé une deuxième activité dans le grand domaine du soudage: un dévidoir TIG, qui est sur le point d'être commercialisé. Il s'agit d'un automate d'aide au soudage qui adapte l'avancée de fil au rythme du soudeur, ce qui facilite la tâche de celui-ci et garantit une grande qualité du travail.Weltec a trouvé dans le concours 123 go l'opportunité de faire connaissance avec les circuits luxembourgeois et une facilité de prise de contact pour la finalisation du partenariat financier. Pour l'heure, le capital de l'entreprise s'élève à 31.000 euros et devrait être porté à 181.000 euros très prochainement. Weltec est en relation avec les organismes Eurefi et CDPME.

La société collabore avec le pole économique de Longwy (Lorius), qui hébergera sa machine pour les mises au point et les démonstrations, l'école des Mines de Nancy et les centres de recherche luxembourgeois.

Pour sa production, Weltec sous-traite auprès de plusieurs sociétés belges, françaises et allemandes et Lux Meca à Foetz, afin de ne pas concentrer toute sa technologie dans les mains d'un seul fournisseur. Le montage final est réalisé par Weltec qui ambitionne, d'ici un an, de disposer d'un atelier de 500 m2.

Weltec espère un rendement du capital investi de plus de 110% dès 2007 et envisage modestement de réaliser un chiffre d'affaires de 480.000 euros en 2004 et 1.711.000 euros en 2005. Quelque 17 emplois devraient être créés d'ici 2005.

"Notre prétention commerciale se situe à près de 3% du marché européen, soit 0,7% du marché mondial compte tenu du partenariat commercial sur lequel nous pouvons compter", estime Patrick Mouchet.


MYSTARTER: DU E-LEARNING SUR MESURE - La société MyStarterdotNET qui a été créée en mars 2003 s'est vue attribuer le 8e prix (2.000 euros) du concours 123 Go pour son nouveau programme informatique dans le domaine du e-learning, MyStarter.

Ce logiciel est avant tout destiné au personnel externe à une entreprise, tels que les sous-traitants, les intérimaires ou les candidats à l'embauche, qui, par ce biais, peuvent se former au(x) métier(s) de l'entreprise mais aussi à son fonctionnement (objectifs, normes, sécurité, protections, obligations, ...). Par ailleurs, MyStarter constitue également un outil interne à l'entreprise pour initier mais aussi évaluer le personnel ou encore les candidats à l'embauche.

Moyennant le payement d'une redevance annuelle, une agence d'intérim dispose d'une interface interactive lui permettant de voir les formations e-learning des clients qui ont adhérer à MyStarter. L'agence peut alors former des candidats en vue d'un poste chez un de ses clients. Ces derniers ayant accès en temps réel à la liste des candidats ayant réussi l'examen. MyStarterdotNET a reçu son agrément pour la formation professionnelle fin décembre et ses activités commerciales ont réellement démarrées en mai dernier.

MyStarter constitue la version e-leaning d'un autre logiciel innovant, EasyFactory de gestion des compétences d'une entreprise. Le métier de MyStarterdotNET est d'élaborer les modes opératoires d'une entreprise grâce à la saisie en temps réel des méthodes et des procédures de travail spécifiques à une entreprise. "Nous formalisons les saisies sur supports multimédias ou e-learning avec un contrôle automatisé des compétences ou sur des supports traditionnels. Nous mettons à la disposition de l'entreprise des solutions logicielles pour transmettre et gérer les procédures de production, sécurité, qualité et maintenance", explique Angelo Caruso, le fondateur de la société. La documentation peut être saisie en trois jours maximum.

L'entreprise peut ainsi gérer le parc machines sans avoir de compétences techniques, gérer les contenus et le personnel. Elle peut encore créer des questions d'examen et choisir les informations auxquelles peuvent avoir accès le personnel. Les deux logiciels exploitent les dernières technologies de Microsoft et notamment DotNET, reconnu universellement par les navigateurs Internet.

Pour recenser, formaliser et publier les procédures internes des entreprises, "nous allons dans les entreprises pour filmer, prendre des photos, observer. Nous recherchons toutes les informations en vue de tout le travail nous-mêmes. C'est ce qui est innovant. Les entreprises disposent de la documentation mais ne possèdent pas les méthodes, ce n'est pas leur métier. Nous avons une formation technique", explique le polytechnicien et pédagogue.

Ce dernier est à l'origine de la méthodologie de saisie et de traitement des données, ModOp, conçue à l'Université de Liège en 1989. M. Caruso a déjà eu l'occasion d'éprouver cette méthodologie depuis une dizaine d'année en Belgique où il avait créé une société qui a déjà formalisé et édité plus de 3.000 ModOp.

L'applicatif appartient à MyStarterdot NET et le serveur Microsoft - qui permet 48.000 connections simultanées sur la même page et supporte 2 millions d'instructions par seconde - se trouve aux Etats-Unis.

La programmation est réalisée par la société luxembourgeoise Devotic. (www.mystarter.net)

NOVIGO: QUAND L'INNOVATION REJOINT LE SOCIAL - Le projet de la société Novigo a terminé 9e du concours 123 Go, pour son projet de lampe de poche brevetée rechargeable utilisant l'énergie solaire, baptisé Re-Light. "Le produit a été développé avec une idée sociale derrière l'idée innovante, que cette lampe puisse être utilisée dans les camps de réfugiés et dans les pays en voie de développement", explique Yves Sinner, inventeur et directeur de la société.

Cette ambition sociale ne pourra pas être développé dans un premier temps car elle ne permettrait pas à une start up de vivre. "Le produit que l'on va lancer est moins axé sur le projet social mais est devenu un produit haut de gamme. Cela ne veut pas dire que nous avons oublié cet aspect. Il nous faut un certain niveau de production avant de revenir au social', assure M. Sinner.

Pendant un an, Novigo - créé le 22 juillet dernier - a testé son produit avec Médecins sans Frontières et l'UNHCR dans des pays comme l'Angola ou le Burkina Faso pour voir s'il résistait à des conditions extrêmes.

Le produit sera commercialisé le plus tôt possible - normalement avant la fin de l'année - mais la date n'a pas encore été avancée. La production sera assurée par un partenaire en Turquie. Le prix de lancement se situera entre 40 et 50 euros.

Le projet de cette lampe "propre" est né du travail de fin d'étude (2001) d'Yves Sinner, designer produit. Ses études terminées, ce dernier a présenté son projet à plusieurs concours internationaux, dont un concours organisé par l'Union européenne et pour lequel il a terminé finaliste mais n'a pas remporté de prix. En revanche, il a décroché le 1er prix de la British Standard Institution, suite à quoi il a été contacté par de nombreuses personnes qui ont montré de l'intérêt à ce projet.

La récompense obtenue au concours 123 go - outre les 1.000 euros - a été pour Yves Sinner "une confirmation. Cela m'a permis d'écrire un business plan qui tient la route et d'être 'coacher' par des professionnels. En outre, participer et remporter un prix apporte une crédibilité envers les banques ou autres institutions", estime-t-il.

Avant de lancer un produit à prix démocratique pour les pays sous-développés, Novigo va s'attaquer au marché européen. (www.re-light.net)