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Le concours de business plan a trouvé son rythme de croisière. Mais la maturation de projets innovants a besoin d'autres outils complémentaires...

Lancé en avril 2000, à l'initiative de la FEDIL et avec le soutien actif du consultant Mc Kinsey qui, initialement, avait planché sur un projet semblable pour la Wallonie, 123Go a, depuis, reçu pas moins de 1.016 projets, dont 450 ont été retenus pour leur caractère innovant et leur potentiel économique. 115 de ces projets ont été récompensés par des prix allant de 500 à 10.000 euros chacun.

En 2003, au terme de la mission première de l'administrateur-délégué Alexandre Codran, employé d'Arbed, détaché pour une durée de trois ans dans ce projet et qui en a assuré la pérennité, une nouvelle orientation stratégique a été donnée: un accord a été signé avec les Chambres de Commerce de la Grande Région, amenées à superviser la recherche et la maturation des projets innovants, la coordination de l'ensemble étant assurée par une cellule spéciale rattachée à la Chambre de Commerce du Luxembourg.

"Nous souhaitons, par exemple, intensifier davantage les contacts avec les différents Centres de recherches publics de la région', précise Rachel Gaessler, Chef de Projet 123Go à la Chambre de Commerce, qui souhaiterait également que la portée interrégionale de cette plate-forme se retrouve dans les soutiens financiers. "Il faudrait que chaque région, selon des objectifs établis, ramène un certain nombre de sponsors. Car à notre grand mécontentement, les sponsors sont actuellement surtout Luxembourgeois".

En quatre ans, le réseau a participé à l'accompagnement et au développement de 118 entreprises dans la grande région. 31 concernent le Luxembourg, avec le soutien de l'agence Luxinnovation, point de contact des projets "innovants" et du ministère de l'Economie. Au total, près de 500 emplois ont été créés pour un chiffre d'affaires cumulé de 32 millions d'euros. Quelques-unes de ces sociétés ont grandi, d'autres sont en stand-by et une a été placée en liquidation...

Et puis il y a le cas particulier de Moneecard, vainqueur - luxembourgeois, de surcroît - du premier prix en 2003, avec un projet de carte de paiement "alternatif", indépendante de tout compte en banque (voir paperJam 09.2003, page 24). Egalement inscrite au concours Euroward 2003, qui s'est tenu fin 2003, la société qui existe toujours statutairement, ne donne plus aucun signe de vie et n'a démarré aucune activité concrète.

La raison est simple: la licence d'exploitation rachetée par les concepteurs de Moneecard à Mastercard, aux Etats-Unis, n'est pas "compatible" en Europe. Un élément que n'avaient pas en mains les trois experts qui ont eu à statuer sur le plan d'affaires de Moneecard (un de KPMG pour l'aspect "finances", un du groupe Ciments luxembourgeois, pour le volet "marketing" et un de Siemens pour la partie "technologique").

"Il faut bien avoir en tête que 123Go prime un business plan, et rien d'autre", tient à se défendre Rachel Gaessler, en réponse à ceux qui pointent le système du doigt. "Les trois jury ont apporté leurs appréciations, sans se concerter entre eux, et ont estimé que ce plan d'affaires tenait la route. Ce qui s'est passé ensuite est évidemment regrettable, mais dépasse la mission première de 123Go".

Une fois le business plan approuvé, le système ne prévoit en effet pas, hélas, de suivi rapproché du devenir du projet ou de la société. D'où l'idée, émise dès janvier 2003, d'un fonds d'amorçage, destiné à accompagner les entrepreneurs dans la phase critique du lancement de la société. Mais 18 mois plus tard, ce fonds n'a toujours pas vu le jour.

"Il est prêt, budgétisé et les investisseurs sont connus. Mais nous attendons qu'une décision soit vraiment prise en haut lieu pour le lancer", explique Alexandre Codran. "Elle illustrera une volonté importante affichée par une région ou un Etat. Ce fonds représente un investissement à haut risque qui ne garantit pas de retour sur investissement important. A notre niveau, nous avons été aussi loin que nous le pouvions. Nous attendons que le relais soit pris".

A charge pour le nouveau gouvernement, qui a fait de la promotion de l'esprit d'entreprise un des axes majeurs de sa politique économique (lire aussi l'interview du ministre de l'Economie, Jeannot Krecké, en page 10) de pousser dans la bonne direction...

Les lauréats luxembourgeois pour 2004

WELTEC à LA POINTE DE LA R&D - Weltec a terminé 4e - et 1er projet luxembourgeois - de l'édition 2004 du concours 123Go, ce qui lui a rapporté 5.000 euros. Le projet de cette société, créé il y a un an par trois Français (Jacques Fombonne et Claude Mouchet, ingénieurs, et Patrick Mouchet, directeur administratif et financier), se résume en l'étude, la fabrication et le développement de torches de rechargement de métal par procédé plasma, ainsi que des machines complètes de rechargement, un domaine en plein essor ou la R&D est importante.

"Les torches plasma s'appliquent à différents domaines de soudage", précise Patrick Mouchet. Grâce à ce procédé, il est possible de reconstituer des pièces usées plutôt que de les changer. Le plasma a pour particularité d'être un procédé à haute énergie, ce qui rend la qualité du dépôt meilleure. "Le plasma est le seul procédé actuel qui permet de maîtriser l'alliage entre l'apport et le support, au 1/10 de mm près. Presque tous les métaux peuvent être traités ainsi", indique le directeur administratif et financier de la société. Claude Mouchet, qui possède 30 ans d'expérience dans le plasma, est détenteur d'une vingtaine de brevets. Il a mis au point 8 modèles de torches différents, adaptés à un type d'activité, dont 4 sont prêts à être commercialisés d'ici à la fin de l'année.

"Le brevet que possède Claude depuis 1995 est inégalé. La forme de la torche - qui fonctionne depuis 7 ans chez 5 clients - lui permet d'être plus performante et résistante que les torches concurrentes", affirme Patrick Mouchet.

Pour sa production, Weltec sous-traite auprès de plusieurs sociétés dont Lux Meca à Foetz, afin de ne pas concentrer toute sa technologie dans les mains d'un seul fournisseur. Le montage final est réalisé par Weltec qui ambitionne, d'ici un an, de disposer d'un atelier de 500 m2.

MYSTARTER: DU E-LEARNING SUR MESURE - Créée en mars 2003 et agréée pour la formation, professionnelle depuis décembre dernier, la société MyStarterdotNET s'est vue attribuer le 8e prix (2.000 euros) pour son nouveau programme informatique dans le domaine du e-learning, MyStarter.

Ce logiciel est avant tout destiné au personnel externe à une entreprise, tels que les sous-traitants, les intérimaires ou les candidats à l'embauche, qui, par ce biais, peuvent se former au(x) métier(s) et au fonctionnement de l'entreprise. Par ailleurs, MyStarter constitue un outil interne à l'entreprise pour initier et évaluer le personnel ou encore les candidats à l'embauche.

MyStarter constitue la version e-learning d'un autre logiciel innovant, EasyFactory, de gestion des compétences d'une entreprise. Le métier de MyStarterdotNET consiste à élaborer les modes opératoires d'une entreprise grâce à la saisie en temps réel des méthodes et des procédures de travail spécifiques à une entreprise. "Nous formalisons les saisies sur supports multimédias ou e-learning avec un contrôle automatisé des compétences ou sur des supports traditionnels. Nous mettons à la disposition de l'entreprise des solutions logicielles pour transmettre et gérer les procédures de production, sécurité, qualité et maintenance", explique Angelo Caruso, le fondateur de la société.

Ce polytechnicien et pédagogue est à l'origine de la méthodologie de saisie et de traitement des données, ModOp, conçue à l'Université de Liège en 1989. M. Caruso a déjà eu l'occasion d'éprouver cette méthodologie depuis une dizaine d'année en Belgique, où il a créé une société qui a déjà formalisé et édité plus de 3.000 ModOp. Infos: www.mystarter.net

NOVIGO: QUAND L'INNOVATION REJOINT LE SOCIAL - La société Novigo a terminé 9e, avec son projet de lampe de poche brevetée rechargeable à l'énergie solaire, baptisé Re-Light. "Le produit a été développé avec une idée sociale derrière l'idée innovante, que cette lampe puisse être utilisée dans les camps de réfugiés et dans les pays en voie de développement", explique Yves Sinner, fondateur et directeur de la société, créé le 22 juillet dernier.

Cette ambition sociale ne pourra pas être développée dans un premier temps car elle ne permettrait pas à une start up de vivre. "Le produit que l'on va lancer est moins axé sur le projet social mais est devenu un produit haut de gamme. Cela ne veut pas dire que nous ayons oublié l'aspect social. Il nous faut un certain niveau de production avant de revenir au social', assure M. Sinner.

Pendant un an, Novigo a testé son produit avec Médecins sans Frontières et l'UNHCR dans des pays comme l'Angola ou le Burkina Faso pour éprouver sa résistance aux conditions extrêmes.

Le produit devrait être commercialisé avant la fin de l'année, à un prix de lancement qui se situera entre 40 et 50 euros. La production sera assurée par un partenaire en Turquie.

La récompense obtenue au concours 123Go - outre les 1.000 euros - a été pour Yves Sinner "une confirmation. Cela m'a permis d'écrire un business plan qui tient la route et d'être 'coaché' par des professionnels. En outre, participer et remporter un prix apporte une crédibilité envers les banques et autres institutions", estime-t-il. www.re-light.net.