Romain Wolff: «Nous sommes politiquement neutres, mais c’était un peu plus difficile avec le gouvernement CSV-LSAP d’avant 2013 qui voulait faire du démontage social au niveau de la fonction publique.» (Photo: Anthony Dehez)

Romain Wolff: «Nous sommes politiquement neutres, mais c’était un peu plus difficile avec le gouvernement CSV-LSAP d’avant 2013 qui voulait faire du démontage social au niveau de la fonction publique.» (Photo: Anthony Dehez)

Le jury du Paperjam Top 100 2018 a choisi de placer Romain Wolff en 10e position du classement dans l’idée de mieux mettre en avant ceux qui influent sur l’économie et la politique sans nécessairement être à la tête d’une entreprise. Tantôt négociateur en coulisses, tantôt tribun, il a gravi en une quinzaine d’années les échelons de la Confédération générale de la fonction publique (CGFP), jusqu’à accéder à la présidence il y a deux ans.

«Quand je suis devenu président, il y avait une chose importante à mes yeux: l’abolition de cette disposition 80-80-90. J’ai toujours dit que je voulais le faire. Nous avons un accord, ce n’est pas encore voté à la Chambre. Mais quand ça sera voté, ça sera un jour très important pour moi.»

Objectif presque accompli puisque la CGFP et le ministre de la Fonction publique du gouvernement Gambia 1, le socialiste Dan Kersch, se sont accordés pour supprimer une rémunération progressive pour les stagiaires de la fonction publique: 80% durant la première et le deuxième année, puis 90% durant la troisième année.

Nous sommes une organisation professionnelle responsable qui essaie toujours d’unir les intérêts de la fonction publique et du pays.

Romain Wolff, président de la CGFP

Avec 30.000 membres, selon ses chiffres, la CGFP représente-t-elle une force puissante à laquelle les gouvernements ne peuvent pas résister? Celui qui a succédé à Émile Haag s’en défend. «Nous sommes une organisation professionnelle responsable qui essaie toujours d’unir les intérêts de la fonction publique et du pays.» Après le duo Haag-Wolff, c’est le duo Wolff-Heiliger qui est en place. Steve Heiliger, le secrétaire général, assiste à l’interview et n’hésite pas à apporter sa contribution.

Sur l’élargissement vers les non-Luxembourgeois, les responsables de la CGFP renvoient à la loi: «Nous avons un texte de loi depuis 2009, certains domaines sont ouverts, entre 10 et 13% des agents travaillant dans la fonction publique ne sont pas Luxembourgeois.» Quant à la faible présence de Luxembourgeois dans le privé, Romain Wolff évoque, dans certains cas, le fait que le responsable RH soit de nationalité étrangère et recrute par effet de miroir. 

«Pas touche au statut»

Le compromis et le collectif sont deux notions qui ressortent au contact de Romain Wolff. Mais «pas touche» à certains principes. «Nous avons un statut de la fonction publique. Aussi longtemps que je serai en poste, je dirai: ‘Ne touchez pas à ce statut.’ Ça serait une faute énorme de la part de la politique. Et je ne crois pas qu’elle le fera.»

Romain Wolff a franchi le cap syndical en 2002 pour tenter de faire changer les choses. «Les lois que je voyais étaient davantage écrites pour ceux qui cherchaient des avantages fiscaux et non pour ceux qui étaient là pour les exécuter.» Et à y regarder de plus près, il porte aussi la marque d’une certaine forme de déterminisme. La politique? «Jamais. Je n’aime pas l’idée d’entrer dans un parti et de ne plus représenter que l’opinion de ce parti. Moi j’ai aussi une opinion.»

Interlocuteur incontournable du gouvernement, Romain Wolff dresse un bilan du dialogue: «Nous sommes politiquement neutres, mais c’était un peu plus difficile avec le gouvernement CSV-LSAP d’avant 2013 qui voulait faire du démontage social au niveau de la fonction publique.» La paix sociale est préservée, mais la CGFP n’hésite pas à se manifester.

Et lorsque le compromis n’est pas atteint du point de vue syndical, le président monte au créneau, comme récemment devant le siège de la Spuerkeess. «Il n’y avait pas d’avancée du côté des dirigeants ou du gouvernement.» La CGFP et son président veillent.