Le procureur avait requis 20 ans de prison lors de la séance du 1er mai (Photo: licence cc )

Le procureur avait requis 20 ans de prison lors de la séance du 1er mai (Photo: licence cc )

Le verdict du tribunal criminel d’Alger est tombé ce jeudi 7 mai dans le procès pour corruption lié à la construction de l’autoroute est-ouest reliant l’Algérie d’un bout à l’autre. Présenté comme le principal prévenu, bien qu’il se dise étranger à ce scandale, Medjdoub Chani a écopé de 10 ans de prison ferme et d’une amende de 3 millions de dinars (environ 27.000 euros). Selon l’agence de presse algérienne TSA, le tribunal a ordonné la saisie de ses comptes bancaires au Luxembourg, où Chani exploite la fiduciaire ACD, de sa villa en Algérie et de sa voiture.

Le consultant ayant la double nationalité algérienne et luxembourgeoise est, avec un ancien directeur du département des Travaux neufs à l’Agence nationale des autoroutes, celui qui paie le plus lourd tribut. Vendredi 1er mai, le procureur avait requis 20 ans de prison contre lui.

Medjdoub Chani

Le chantier de l’autoroute avait été lancé en 2006 pour une durée de quatre ans et un budget de 6 milliards de dollars. Mais le chantier reste à ce jour inachevé et est entaché de malfaçons. Son coût a bondi à 11 milliards, et jusqu’à 17 milliards de dollars selon les sources. Plusieurs milliards de dollars de ce projet sont partis en corruption et en pots-de-vin.

Le projet aurait ainsi permis à un ministre du gouvernement Bouteflika, Amar Ghoul (issu du parti islamiste), qui ne fait pas partie des inculpés en raison de son immunité, de toucher un quart des pots-de-vin, ce que l’intéressé a démenti dans une déposition lue devant le tribunal, l'homme ne s'étant pas déplacé.

Lors du procès, l’un des avocats de Chani avait assuré que «si corruption il y a eu dans ce contrat, elle s’est faite au niveau du gouvernement, pas ailleurs».

Les entreprises et groupements étrangers impliqués dans l’affaire (dont le groupe chinois Citic CRCC chargé de construire l’autoroute et pour lequel Chani était consultant) ont été condamnés en tant que personnes morales à des amendes de 5 millions de dinars.