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Valorlux a fait des déchets d'emballages son cheval de bataille et met un point d'honneur à devancer les directives européennes et autres législations en la matière.

Lorsque Valorlux a démarré ses activités, il y a 10 ans (en novembre 1994), il n'existait pas encore grand chose en matière de collecte sélective. Si la loi sur la gestion des déchets date du 17 juin 1994, la directive européenne relative aux emballages et déchets d'emballages 94/62/CE, n'a été, quant à elle, transposée en droit national qu'en novembre 1998, alors qu'elle aurait dû l'être pour le 30 juin 1996.

Les responsables "emballages" se sont ainsi montrés proactifs en créant l'asbl Valorlux avant même que la directive ne soit effective au Grand-Duché. Le texte stipule que les entreprises doivent prouver qu'elles recyclent une partie des emballages qu'elles produisent, à savoir au minimum 15% par matériau. En additionnant l'ensemble des matériaux, ce recyclage doit atteindre au moins un taux de 45%, poussé à 55% quant on y ajoute la valorisation thermique. Une responsabilité qui peut être transférée à un organisme agréé, tel que Valorlux, qui doit alors récupérer une quantité suffisante de déchets d'emballage pour remplir ses obligations.

Depuis lors, cette directive a été revue - mais n'a pas encore été transposée au Grand-Duché - et prévoit des taux de recyclage en hausse: 22,5% pour le plastique, 50% pour les métaux, 60% pour les papiers/cartons, et 60% pour le verre. Valorlux devra en tenir compte lors de sa prochaine demande d'agrément pour 2006, bien qu'elle respecte déjà en partie les nouveaux quotas, explique Robert Liberton, directeur général. "Chaque année, nous avons rempli nos obligations légales, liées à la mise en circulation par nos membres de produits", insiste-t-il.

Valorlux atteint un taux de recyclage du verre de 59,5% de ce que ses membres déclarent, de 86,5% pour le papier/carton, de 30,6% pour les plastiques, de 69,1% pour le métal et de 83,8% pour les cartons à boisson. Ainsi, Valorlux atteint un taux de recyclage total de 61,2% contre 45% imposé par la loi et un taux de valorisation de 61,6% contre les 55% requis.

Des objectifs dépassés

La première année, Valorlux comptait 10 membres. Ils étaient 355 adhérents en 1997, 550 en 1999, 660 en 2001. Aujourd'hui, Valorlux approche les 1.000 membres, un chiffre plus ou moins constant depuis deux ans, en raison de faillites, de regroupements et de cessions d'activité. "Parmi nos membres, on retrouve des associations regroupées sous la houlette de la clc", précise M. Liberton. Ces 1.000 membres couvrent environ 90% du marché grand-ducal. Il s'agit essentiellement de sociétés étrangères - seules 20% sont luxembourgeoises -, le Luxembourg étant peu productif en produits de consommation, qui viennent surtout de Belgique, de France et d'Allemagne.

A ses débuts, "c'est la licence 'Point Vert' qui a fait vivre l'entreprise", se rappelle M. Liberton. "Pour pouvoir utiliser ce logo au Grand-Duché, il fallait être membre de Valorlux. Et, comme la plupart des produits de consommation commercialisés au Luxembourg provenaient de pays dans lesquels ce Point Vert était déjà présent sur les emballages, nous avons exploité la situation extérieure au Luxembourg. Ce logo nous a fait vivre pendant 4 ans", raconte M. Liberton.

La première année d'existence de Valorlux a été consacrée à des essais en matière de recyclage - collecte avec bulles, collecte en porte à porte avec des sacs en plastique ou encore des casiers, et, enfin, à l'aide d'un camion stationnant suivant un horaire défini sur la place des villages- afin de déterminer quelle était la technique qui ramènerait le plus d'emballages et ce à un prix raisonnable. "La technique la plus propre, qui s'est avérée aussi la plus chère, était le ramassage par camion mais les quantités récoltées étaient minimes. Ce sont les bulles - la solution la plus sale - qui ont ramené le plus de matériaux. Finalement, la technique qui a été retenue est la collecte en porte à porte à l'aide du sac plastique bleu. Au début, le taux de refus de ces sacs - parce qu'il contenaient des produits qui ne devaient pas s'y trouver - atteignait 25%. Aujourd'hui, il ne s'élève plus qu'à 12%", se réjouit le directeur général de Valorlux.

"Tout ce que nous collectons, nous le recyclons. Nous disposons de la garantie que le matériau sera repris afin d'être recyclé. Ce n'est pas le cas des parcs de recyclage qui, s'ils ne trouvent pas de repreneur, incinèrent les déchets ou les mettent en décharge", poursuit-il. Certains matériaux partent pour la Belgique, d'autres vers l'Irlande. L'acier est le seul matériau recyclé au Luxembourg, il est revendu à Arcelor. La vente de ces déchets représente moins de 10% du chiffre d'affaires.

Dès le départ, 10 communes ont participé aux tests, aujourd'hui 79 communes sur 118, soit 274.100 habitants, ont adhéré à la collecte de déchets PMC (bouteilles Plastiques, boîtes Métalliques, Cartons boissons) en porte à porte. Ce type de collecte coûte très cher car Valorlux supporte la totalité des frais: l'acquisition des sacs, la rémunération des prestataires privés chargés de la collecte, le tri, ... En 2003, les collectes sélectives lui ont coûté 1,9 million d'euros et les emballages assimilés 120.475 euros.

L'autre intervention de Valorlux consiste à soutenir financièrement les collectes organisées par les communes ou syndicats intercommunaux - généralement des collectes de bouteilles en verre et des papiers/cartons au moyen des bulles. La contribution forfaitaire est calculée en fonction des quantités d'emballages collectées et recyclées. Elle s'est chiffrée à 1,2 million d'euros en 2003. Au travers de ces soutiens financiers Valorlux couvre la totalité du Grand-Duché.

De plus en plus de déchets

L'Etat et les communes n'interviennent pas financièrement dans le fonctionnement de Valorlux. Ses revenus proviennent des seules cotisations des membres. Une contribution qui augmente chaque année car de plus en plus de déchets sont collectés. Les quantités prises en charge sont passées de 30.638 tonnes en 2002 à 33.434 tonnes en 2003. Les contributions, elles, étaient de 811.000 euros en 1997, 1,86 million en 1999, 3,15 millions en 2001, et 4,146 millions en 2003.

Par ailleurs, l'asbl, en collaboration avec le ministère de l'Environnement et la clc, s'est voulue préventive en tentant de remplacer les sacs de caisse jetables par des sacs réutilisables qui ont connu un succès certain: 300.000 sacs produits pour le lancement en janvier dernier, complétés par un deuxième stock de 200.000, suivi d'un troisième de 180.000. Prochainement, une évaluation de l'impact de ces éco-sacs sur la réduction des sacs de caisse à usage unique sera menée.

Le chiffre d'affaires net de l'entreprise, qui compte aujourd'hui 9 salariés, est passé de 32,7 millions de francs (810.000 euros) en 1997, à plus de 4,5 millions d'euros en 2003. Quant au bénéfice, réinjecté dans le capital, réalisé par Valorlux, il s'affichait, en 2001, à 5.000 euros et, en 2003, à 6.560 euros.

Jusqu'il y a peu, le responsable d'emballages devait réaliser un lourd travail administratif: il devait fournir à Valorlux des chiffres précis, pour chaque produit, quant aux poids des différents matériaux contenus dans les emballages - les tarifs de recyclage variant en fonction des matériaux -, ainsi que le nombre de produits mis sur le marché et une fiche déclarative pour chaque produit. Des chiffres qui sont ensuite transmis au ministère de l'Environnement.

"De plus en plus, nous allons vers un allègement des déclarations, où seul le nombre d'unités mises en circulation est demandé. Cela soulage le travail administratif de tout le monde", conclut M. Liberton.

Les 10% d'entreprises qui ne sont pas déclarées chez Valorlux font l'objet d'une attention particulière de la part de l'administration de l'Environnement. "Elle envisage une modification de la loi de 1994 pour appliquer des sanctions proportionnelles aux manquements". Pour l'heure, les contrevenants sont susceptibles d'être traduits directement au niveau pénal, "ce qui, dans notre secteur, est excessif", estime Robert Liberton.