Emmanuelle Ragot entourée de son équipe: Guillaume Dally, Pablo Umbon-Manzano et Brice Bertolotti. (Photo: Jan Hanrion/Maison Moderne)

Emmanuelle Ragot entourée de son équipe: Guillaume Dally, Pablo Umbon-Manzano et Brice Bertolotti. (Photo: Jan Hanrion/Maison Moderne)

Emmanuelle Ragot dirige une structure unique au Luxembourg pour un cabinet d’avocats, entièrement dédiée aux start-uppers. Un enjeu-clé et trop souvent méconnu des entrepreneurs.

Emmanuelle Ragot, maître Ragot, vous pourriez, d’abord, décrire cette structure inédite pour un cabinet d’avocats?

.- «Il y a quatre ans, nous avions surtout une action sur la propriété intellectuelle ou sur la protection de l’innovation. Mais nous voulions venir en support de l’action du gouvernement. Alors nous avons décidé, chez Wildgen, de créer une structure pour les start-up, de huit avocats, tous en liste 1, ça veut dire qualifiés et expérimentés, pour s’occuper des questions de corporate, de contentieux, de RGPD ou de propriété intellectuelle. À la faveur de nos partenariats avec des incubateurs et des experts, comme le Technoport, Luxinnovation ou le Lux Future Lab, par exemple, nous filtrons les projets qui nous arrivent.

Du coup, ceux qui passent ce filtre, à quoi ils accèdent?

«Ils accèdent à un premier rendez-vous, qui n’est pas facturé, au cours duquel nous allons écouter l’entrepreneur parler de son projet, nous allons le challenger à partir de ce que nous savons des technologies et des secteurs, plutôt dans une perspective à moyen et à long terme.

Nous allons les aiguiller vers un repositionnement si le leur nous paraît trop incertain. Puis, nous allons poser un diagnostic avec des priorités et un plan d’actions. À partir de là, ils verront ce qui les intéresse. Nous avons une dimension ‘solidaire’ parce qu’une start-up ne paiera pas la même chose qu’une entreprise établie et que nous voulons nous inscrire dans la durée.

Si, globalement, les entrepreneurs comprennent que le juridique peut être clé, ce n’est pas forcément leur priorité. Quel est votre retour d’expérience et que leur conseilleriez-vous de faire?

«Les temps ont changé. De l’early stage, les entrepreneurs viennent davantage chercher un conseil pour leur deuxième levée de fonds ou pour leur pacte d’actionnaires, des sujets qui amènent souvent beaucoup de complexité. Ils peuvent évidemment aller se renseigner où ils veulent. Mais les avocats sont des acteurs réglementés. Ce qui veut dire qu’ils ont le monopole de la chose juridique...

Ceux qui viennent sont protégés, chez nous, par notre éthique: nous ne rentrons pas dans le board et nous ne nous faisons pas payer en equity. Et nous sommes là aussi pour préparer les inévitables écueils quand un investisseur veut plus, quand la dilution menace les fondateurs historiques ou quand l’un d’entre eux va vouloir quitter le navire.

Si je devais leur donner trois conseils génériques, je leur dirais que sur le juridique, se renseigner tôt est un atout, ça leur donnera des compétences supplémentaires; puis d’aller au contact, sans faire de complexe, ça fait partie de leur développement personnel de dirigeants; et enfin, de protéger leur invention, leur technologie ou leur branding selon des stratégies équilibrées. Pas la peine d’en faire trop.»