Corinne Lamesch prête à repartir pour un nouveau mandat de deux ans en tant que présidente de l’Alfi. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Corinne Lamesch prête à repartir pour un nouveau mandat de deux ans en tant que présidente de l’Alfi. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Malgré la crise sanitaire, Corinne Lamesch tire un bilan satisfaisant de son premier mandat à la présidence de l’Alfi. Elle se dit prête pour un second tour.

Au terme de votre premier mandat à la présidence de l’Alfi, quelle est votre plus grande satisfaction?

. – «Je tenais vraiment à prouver que l’industrie des fonds n’est pas découplée de l’intérêt des gens. Or, nous faisons face à de nombreux défis: changement climatique, pression démographique, financement des retraites… Dans notre feuille de route 2020-2025, nous avons donc mis l’accent sur le financement de ces différents enjeux.

Avez-vous pu avancer autant que vous le souhaitiez, malgré la crise sanitaire?

«L’Alfi a travaillé énormément au cours de cette année. Nos conférences virtuelles ont connu beaucoup de succès, alors que j’étais au départ un peu sceptique. Je pense d’ailleurs que ce modèle hybride va perdurer pour certaines conférences. La seule chose qui n’a pas été possible, c’est de partir à la rencontre de nos clients à l’étranger.

Vous êtes candidate à un second mandat?

«J’ai effectivement posé ma candidature. Mais ce sera au nouveau conseil d’administration, une fois élu, en juin, de choisir un nouveau président. Ceci étant dit, je me sens privilégiée d’avoir été chargée de la présidence au cours des deux dernières années. Je suis engagée et motivée à servir l’association dans cette fonction, si le nouveau conseil me soutient.

Un an après cette crise sanitaire, comment analyser son impact sur le secteur luxembourgeois des fonds d’investissement?

«Notre industrie a particulièrement bien résisté, même si l’instabilité des marchés financiers, en mars 2020, a provoqué une baisse brutale des avoirs de 11%. Mais elle a été plus que récu­pérée depuis, puisque nous avons dépassé la barre des 5.000 milliards d’euros d’actifs sous gestion. Nous sommes actuellement sur une trajectoire positive, même si la concurrence internationale, la pression sur les coûts et les tendances protectionnistes pourraient l’entraver.

Franchir le seuil des 5.000 milliards d’euros, ça représente quoi?

«Ce n’est pas un but en soi. Ça montre que nous restons une Place internationale importante, capable d’attirer des acteurs internationaux qui domicilient leurs fonds au Luxembourg, et que nous pouvons continuer à évoluer sur un marché qui reste très concurrentiel. Mais il faut rester vigilant, continuer à développer de nouveaux produits et adapter notre cadre réglementaire.

Vous parlez des atouts du Luxembourg, mais on voit que l’industrie européenne des fonds, dans son ensemble, a aussi atteint un nouveau record…

«Oui, on observe une croissance générale du secteur. Fin décembre, le total des actifs sous gestion pour l’Europe atteignait 18 800 milliards d’euros, avec un taux de croissance de 5,7%. Cela s’explique par le fait que le secteur n’a pas été trop touché, et que de l’argent liquide attendait de pouvoir être investi.

Cette augmentation n’est-elle pas avant tout liée aux performances des marchés financiers?

«Au Luxembourg, on a engrangé 160 milliards d’euros d’argent frais sur les 12 derniers mois. Pour l’Europe, le montant atteint 687 milliards. On ne doit donc pas seulement voir l’impact des marchés.

Dans un contexte de crise comme celui-ci, quels sont les avantages des fonds?

«Leur diversification, qui protège la performance, et l’aspect long terme, qui permet de garder son sang-froid malgré la volatilité des marchés.

Il y a eu une accumulation d’épargne parmi les ménages luxembourgeois l’an dernier. Vous attendez-vous, dès lors, à un flux supplémentaire vers l’industrie des fonds?

«Je ne pense pas. Il reste encore du travail à faire, en Europe, par rapport à l’éducation financière, pour que les gens investissent plus dans les fonds, et moins dans l’épargne, qui ne rapporte plus rien. Mais j’espère aussi que les gens vont injecter beaucoup d’argent dans les activités qu’ils n’ont pas pu pratiquer durant toute cette crise.

L’entrée en vigueur du Brexit depuis le 1er janvier a-t-elle changé beaucoup de choses?

«Non, peu de choses ont changé. Les gestionnaires d’actifs s’étaient préparés au Brexit depuis un bon moment. Ils étaient prêts. On n’a plus assisté non plus à de nouvelles délocalisations d’activités depuis le début de cette année.»

Cet article a été rédigé pour l’édition  qui est parue le 29 avril 2021.

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