Une crise de l’économie réelle se profilant, les pouvoirs publics ne sont plus en capacité de soutenir les acteurs de l’économie sans les efforts de la finance privée. (Photo: Shutterstock)

Une crise de l’économie réelle se profilant, les pouvoirs publics ne sont plus en capacité de soutenir les acteurs de l’économie sans les efforts de la finance privée. (Photo: Shutterstock)

L’économie réelle commence à s’essouffler, les opérateurs économiques et les ménages vont à nouveau avoir besoin de soutien. Des bulles d’air financières que les États ne pourront plus fournir sans l’aide des banques.

La période des restrictions sanitaires, mettant sous pression l’économie, est encore fraîche dans nos mémoires. Et cela alors que le risque d’une augmentation du nombre de faillites d’entreprises se fait encore attendre.

Voilà que de nouveaux chocs soumettent les ménages et les entreprises à rude épreuve, la stagflation et la récession s’établissant progressivement comme scénarios de base. L’endettement record des ménages peine à cacher une situation larvée de surendettement. Les experts-comptables constatent que la valeur des entreprises chute à cause de la hausse des coûts de l’énergie et des matières premières. C’est sans compter les chefs d’entreprise qui font face à une incertitude croissante. L’épée de Damoclès de l’augmentation des salaires s’agite, les difficultés à recruter de nouveaux talents s’installent.

L’économie réelle souffre et les projections économiques n’annoncent aucune amélioration, pour l’heure. Des responsables politiques évoquent alors, à titre d’exemple, les soutiens fournis par les banques au cours de la pandémie. Pourtant, une analyse de l’European Stability Mechanism (ESM) de ce 10 juin révèle que les banques n’ont que peu utilisé leurs coussins de fonds propres supplémentaires, censés leur permettre d’accorder davantage de prêts au cours de la crise sanitaire. De telles souplesses avaient justement été permises aux banques pour qu’elles complètent les mesures gouvernementales. Au troisième trimestre 2021, seules six banques de la zone euro ont fait usage de ces assouplissements d’exigences.

Pour retrouver l’appétit du risque…

Pouvons-nous pour autant blâmer les banques de s’être résignées à adopter une approche conservatrice quant à leurs fonds propres? Dans le cas contraire, le couperet des marchés n’aurait pas tardé à tomber. Les institutions bancaires veulent éviter à tout prix des coûts de financement plus élevés.

La crise qui se profile affectera avant tout l’économie réelle. Cela n’empêchera toutefois pas les établissements de crédit de s’exposer à des vulnérabilités, dans un second temps. Quand l’économie n’a plus la capacité de produire autant qu’avant, il y a moins d’investissements. Notons également que, selon l’ABBL, une banque luxembourgeoise sur cinq n’est pas rentable.

En échangeant avec des dirigeants de banques retail, la plupart d’entre eux se montrent bien conscients qu’il leur faudra à nouveau mettre en place des mesures spéciales, telles des moratoires sur les crédits. En attendant, les pouvoirs publics sont au fait de leurs niveaux historiques d’endettement. Au 31 mai, la dette publique luxembourgeoise atteignait 21,84% du PIB.

Les gouvernements savent qu’ils ne pourront pas absorber les prochains chocs économiques sans la contribution de la finance privée. Raison pour laquelle des instances européennes, à l’instar de l’ESM, réfléchissent déjà à des méthodes pour booster l’appétit des banques pour le risque, et ainsi débloquer leurs capitaux accumulés.