Nathalie Dogniez est présidente d’Eurosif, la principale association paneuropéenne de promotion de la finance durable au niveau européen. (Montage: Maison Moderne)

Nathalie Dogniez est présidente d’Eurosif, la principale association paneuropéenne de promotion de la finance durable au niveau européen. (Montage: Maison Moderne)

Dans son numéro «Women on board», Paperjam met en lumière plus de 100 profils de femmes prêtes à rejoindre un conseil d’administration. Tout au long du mois de mars, découvrez divers profils de femmes ainsi que leurs points de vue et leurs idées pour un meilleur équilibre des genres dans les instances de décision. 

Présidente d’Eurosif (European Sustainable Investment Forum) depuis 2024, Nathalie Dogniez est aussi administratrice indépendante de CSC Luxembourg, Genesta Nordic Capital Fund Management et New Energy Fund 2. Elle est spécialisée dans l’audit et le conseil en gestion d’actifs (OPCVM, OPCVM alternatifs, ISR, fonds de microfinance).

Quels sont les principaux défis que vous avez rencontrés en tant que femme administratrice indépendante?

Nathalie Dogniez. – «Les administrateurs, qu’ils soient homme ou femme, sont confrontés aux mêmes défis. Sous la pression des exigences réglementaires croissantes et au volume toujours plus important de procédures, politiques et documents divers à approuver, il importe de s’assurer que le conseil d’administration conserve son rôle stratégique et ne devienne pas une fonction de compliance.

Pensez-vous que l’égalité hommes-femmes progresse au sein des conseils d’administration?

«Les conseils d’administration se diversifient, certes lentement, mais sûrement. Nous pouvons espérer que, dans un avenir pas trop lointain, le cliché de conseils constitués d’hommes blancs choisissant leurs pairs parmi leurs semblables appartiendra au passé. Les sociétés accordent de plus en plus d’importance aux principes de bonne gouvernance. Et une bonne gouvernance implique notamment de veiller à la diversité des talents et compétences au sein du conseil. Lorsque le processus de sélection des administrateurs met l’accent sur la complémentarité des talents, tout en prenant délibérément soin d’éviter le biais naturel et humain encourageant la sélection de profils semblables, il aboutit inévitablement à un conseil diversifié.

L’obligation de transparence (CSRD) sur la diversité du conseil est la voie à privilégier.
Nathalie Dogniez

Nathalie Dogniez

Que pensez-vous des quotas pour les femmes dans les conseils? 

«Les quotas ne devraient pas être nécessaires, un bon processus de sélection aboutissant inéluctablement à un conseil diversifié. Les quotas permettent toutefois d’accélérer cette transition. Je pense néanmoins que l’obligation de transparence (CSRD) sur la diversité du conseil est la voie à privilégier.

En tant que femme administratrice, vous sentez-vous investie d’une responsabilité particulière dans la défense de la parité et de l’inclusion?

«En tant que femme, je ressens la responsabilité d’encourager, coacher et mentorer les autres femmes. Pas par obligation, mais par plaisir. Les moments les plus gratifiants de ma carrière sont liés aux succès de collaboratrices que j’ai eu la joie de mentorer et de soutenir.

Selon vous, comment la diversité influence-t-elle la performance d’un conseil d’administration?

«La diversité enrichit le débat – elle permet souvent d’aborder les problèmes sous des angles différents. La diversité des caractères et des sensibilités permet également de désamorcer des situations de tension ou conflits.

Quel conseil donneriez-vous à une femme qui hésiterait à se lancer?

«D’avoir confiance en soi et de s’affirmer! Le principal handicap des femmes reste souvent le manque de confiance en soi et en ses capacités. Ce handicap peut toutefois se révéler être un atout, conduisant les femmes à davantage préparer leur participation aux réunions de conseils d’administration. Et ne pas se laisser décourager par les reliquats de comportements machistes ou de mansplaining (heureusement de plus en plus rares)…

Que conseilleriez-vous concrètement à une jeune femme qui voudrait prendre sa place dans la société? Qu’est-ce que vous lui déconseilleriez?

«Travailler sa confiance en soi, ses compétences et ses présentations skills. Ne pas se laisser décourager par les reliquats de comportements machistes ou de mansplaining (heureusement de plus en plus rares)…»