Le designer de Natan, Édouard Vermeulen, était présent à l’ouverture officielle de la boutique le mercredi 23 avril.  (Photo: Emilio Naud/Maison Moderne)

Le designer de Natan, Édouard Vermeulen, était présent à l’ouverture officielle de la boutique le mercredi 23 avril.  (Photo: Emilio Naud/Maison Moderne)

La Maison Natan a ouvert une boutique au Luxembourg. Cette arrivée s’inscrit dans une stratégie de développement européen ciblée, qui passe par des emplacements choisis avec soin et un positionnement particulier sur le segment du prêt-à-porter haut de gamme.

La maison de couture belge Natan a ouvert sa première boutique officiellement à Luxembourg, dans le quartier Ville-Haute ce mercredi 23 avril. Cet espace de 105 m2 a été conçu dans le respect des codes esthétiques de la maison sous la supervision du designer de la marque, Édouard Vermeulen lui-même. La boutique luxembourgeoise fonctionne sous le modèle de la franchise.

L’arrivée de Natan au Luxembourg répond d’abord à une logique de proximité avec une clientèle déjà acquise. «Beaucoup de clients luxembourgeois venaient à Bruxelles. Cette fois, c’est nous qui venons chez eux», explique M. Vermeulen. Le choix du lieu n’a rien de fortuit: il s’agit d’un bâtiment d’angle identifiable, dans un quartier passant. «C’est un lieu emblématique, et il fallait que l’espace corresponde à notre ADN», ajoute le Head of marketing and communication de Natan, Pieterjan Van Biesen. Cela fait cinq ans que la marque réfléchissait à s’installer au Grand-Duché. 

Cette ouverture s’ajoute à d’autres développements concrets: l’intégration d’un corner permanent au Bon Marché, et un réseau de distribution qui s’étoffe, notamment via un agent récemment installé en Allemagne.

D’autres projets restent en phase exploratoire, notamment à Madrid. «Nous n’avons identifié que deux emplacements qui nous correspondent réellement, et la concurrence pour ces surfaces est forte», indique M. Van Biesen. Le marché américain suscite également de l’intérêt, mais les incertitudes économiques rendent le calendrier flou.

Le designer de Natan, Édouard Vermeulen, était présent à l’ouverture officielle de la boutique.  (Photo: Emilio Naud/Maison Moderne)

Le designer de Natan, Édouard Vermeulen, était présent à l’ouverture officielle de la boutique.  (Photo: Emilio Naud/Maison Moderne)

À 68 ans, le créateur continue de cumuler direction artistique et pilotage opérationnel. Un modèle rare dans l’industrie. «Ce qui est important, c’est de gérer une société aussi bien esthétique que qualité, qu’éthique», affirme-t-il. «Rien ne se fait sans une bonne équipe, aussi bien dans l’esthétique que dans la gestion.» Pour le couturier, l’indépendance reste un moteur de stabilité, mais aussi un levier de réactivité. «Quand on commence avec rien, on apprend à veiller au grain.»

Si le designer compte bien rester encore quelques années à la tête de Natan, il dévoile discrètement sa volonté de transmission: «Tous les jeunes sont là, c’est eux qui doivent porter l’avenir de la maison.»

La résilience de la maison, notamment après la crise du Covid qui a mis à l’arrêt les cérémonies (de mariage notamment) et les vêtements de circonstance, s’explique aussi par une capacité à rester à l’écoute du marché et à évoluer sans renier l’essentiel. Et puis, le business a repris post-Covid, avec un rattrapage massif, qui se traduit par une augmentation du chiffre d’affaires. «On ne se dit jamais que c’est gagné. On doit toujours se demander comment faire mieux.» Édouard Vermeulen reste ouvert à un partenariat financier, à condition qu’il accompagne une évolution saine et maîtrisée de la maison.

La boutique luxembourgeoise propose une sélection de pièces issues de la dernière collection: des imprimés doux, des coupes nettes, des lignes féminines, mais sobres. L’idée reste la même depuis les débuts: construire une garde-robe cohérente, accessible, bien faite. «Ce sont des vêtements contemporains, intemporels, que les femmes peuvent porter longtemps», résume M. Vermeulen.

Contrairement à d’autres marques de luxe présentes au Grand-Duché, Natan ne mise pas sur les sacs ou les accessoires pour capter l’attention. «Beaucoup de maisons ne proposent plus que quelques pièces de prêt-à-porter. Nous, on habille vraiment les femmes, avec une logique de silhouette complète», souligne M. Van Biesen. Le positionnement tarifaire reste dans le segment du «luxe accessible», visant une clientèle qui recherche qualité et distinction, sans excès ostentatoire. «La vraie concurrence, ce n’est pas la mode: c’est le savoir-faire et la qualité de ce qu’on propose, peu importe le produit», conclut M. Vermeulen. 

La maison Natan

Fondée en 1930 à Bruxelles, la maison Natan s’est imposée comme une référence du luxe belge en proposant des collections de prêt-à-porter et de couture alliant élégance contemporaine et savoir-faire artisanal. Son réseau comprend des boutiques propres réparties entre la Belgique, la France, les Pays-Bas et, depuis mercredi, le Luxembourg. Elle est aussi présente dans une centaine de magasins multimarques à travers le monde. Sur le plan financier, la société a réalisé un chiffre d’affaires de 16,13 millions d’euros sur l’exercice 2023-2024, en hausse de 16% par rapport à l’année précédente. Le bénéfice net, quant à lui, atteint 877.833 euros (contre 772.742 euros l’année précédente). L’entreprise employait en 2024 50 personnes en équivalent temps plein.