Nancy Thomas est directrice d’IMS et membre du Conseil supérieur pour un développement durable (CSDD). (Montage: Maison Moderne)

Nancy Thomas est directrice d’IMS et membre du Conseil supérieur pour un développement durable (CSDD). (Montage: Maison Moderne)

Dans son numéro Women on board, Paperjam met en lumière plus de 100 profils de femmes prêtes à rejoindre un conseil d’administration. Découvrez divers profils de femmes ainsi que leurs points de vue et leurs idées pour un meilleur équilibre des genres dans les instances de décision. 

Depuis 2012, dirige IMS – Inspiring More Sustainability, le réseau leader des entreprises luxembourgeoises actives en matière de développement durable. IMS accompagne ses membres sur de nouvelles solutions et teste concrètement des alternatives durables, via des groupes de travail et des projets pilotes. Nancy Thomas a été impliquée depuis près de 20 ans dans le développement de projets sociétaux dans des organisations à but non lucratif. Elle est également membre du CSDD-Conseil supérieur du développement durable depuis septembre 2022. En 2019, elle a été membre du conseil d’administration de CSR Europe pour un mandat de trois ans.

Comment gérez-vous les éventuelles résistances  à votre égard?

Nancy Thomas. – «Avec patience et détermination. J’écoute, je reste factuelle, et je démontre par l’action. Parfois, je me dis que le scepticisme est une opportunité: il force à être encore meilleure et à surprendre positivement.

Pensez-vous que l’égalité hommes-femmes progresse au sein des conseils d’administration?

«Oui, mais pas assez vite. On progresse, car le débat existe et que de plus en plus d’hommes sont aussi des alliés. Mais il reste encore trop d’automatismes culturels à déconstruire. L’égalité doit devenir une norme, pas un débat.

Que pensez-vous des quotas pour les femmes dans les conseils? Sont-ils nécessaires ou contre-productifs selon vous?

«Je les vois comme des tremplins, pas une solution définitive. Les quotas forcent à regarder au-delà des cercles habituels et mettent en lumière des talents qu’on ignorait. Le vrai défi est que cela soit fait en bonne intelligence, en choisissant les femmes pour leurs compétences et leur complémentarité avec les autres membres du conseil.

En tant que femme administratrice, sentez-vous une responsabilité particulière de défendre les questions de parité et d’inclusion?

«Oui, absolument. Je pense qu’on ne peut pas ignorer l’impact qu’on a en tant que modèle. Mais il ne s’agit pas seulement de défendre ces causes pour les femmes: c’est un combat pour plus de justice et d’égalité.

Selon vous, comment la diversité influence-t-elle la performance d’un conseil d’administration?

«La diversité est une richesse: elle apporte des perspectives multiples, encourage les débats constructifs et limite la pensée uniforme. Les meilleures décisions naissent souvent de désaccords intelligemment gérés. Cela permet plus d’innovation et de créativité au sein des organisations.

Selon vous, quelles solutions ou quelle politique pourraient encourager une meilleure parité?

«Un mélange de sensibilisation pour apporter une véritable compréhension des discriminations auxquelles les femmes sont confrontées et de politiques concrètes comme des réseaux de mentorat pour les femmes. Mais surtout, il faut commencer l’éducation dès le plus jeune âge de tous les enfants (à l’âge de six ans, un enfant a déjà intégré tous les stéréotypes de la société) à ne pas reproduire les schémas stéréotypés.

Quel conseil donneriez-vous à une femme qui hésiterait à se lancer?

«Osez. Ne laissez pas vos doutes dicter vos choix. L’une des plus grandes erreurs que l’on fait, c’est de penser qu’il faut être parfaite pour se lancer. Spoiler: personne ne l’est, mais c’est en agissant qu’on le devient.

Que conseilleriez-vous concrètement à une jeune femme qui voudrait prendre sa place dans la société? Que lui déconseilleriez-vous?

«Je lui conseillerais d’avoir confiance en sa valeur et de s’entourer d’un réseau de soutien solide. La clé, c’est de ne pas hésiter à se lancer, même si tout n’est pas parfait, et de toujours chercher à apprendre. Ce que je lui déconseillerais? Se conformer aux attentes des autres au détriment de ses propres convictions. Rester soi-même, c’est la plus grande force dans un monde qui cherche parfois à nous mettre dans des cases.»