Le Musée de l’ardoise, à Rambrouch, ouvre officiellement la galerie Johanna, située à -42m. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Le Musée de l’ardoise, à Rambrouch, ouvre officiellement la galerie Johanna, située à -42m. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Le Musée de l’ardoise ouvre officiellement, ce week-end, le parcours Johanna, à 42m sous terre. Le point d’orgue de ce nouvel aménagement culturel et touristique qui a nécessité un travail de lumière tout à fait spécifique.

Les anciennes ardoisières de Haut-Martelange, situées sur la commune de Rambrouch, ont fait l’objet d’un programme d’aménagement et d’exploitation des chambres à des fins didactiques, culturelles et pédagogiques. L’Institut national pour le patrimoine architectural (INPA), en collaboration avec le bureau TR Engineering, a ainsi aménagé un parcours à travers cet immense site d’exploitation dont l’activité est aujourd’hui révolue. L’architecte-éclairagiste Maria Luisa Guerrieri Gonzaga, du bureau ArchitecturaLLighting, a quant à elle imaginé toute la mise en lumière de ce site hors du commun.


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Désormais ouvert au public, le circuit dénommé «Johanna» permet d’accéder à 42m sous terre. Un circuit didactique long de 350m qui permet aux visiteurs de découvrir une petite partie de ces gigantesques carrières d’ardoise qui ont fait vivre de nombreuses familles de la région. Le circuit est ponctué de photos projetées sur les murs ou de courtes vidéos qui permettent de mieux comprendre ce qu’était la réalité de l’exploitation de cette carrière, d’abord familiale, puis gérée de manière industrielle.

Une mise en lumière indispensable

Mais pour réaliser un tel parcours, une mise en lumière du site était indispensable. Pour cela, l’INPA a fait appel à Maria Luisa Guerrieri Gonzaga, d’ArchitecturaLLighting, qui a conçu un parcours lumineux permettant à la fois de se déplacer en toute sécurité à l’intérieur de ces chambres et couloirs dépourvus de toute lumière naturelle, mais aussi de mettre en valeur ce patrimoine naturel exploité à des fins industrielles.

«Nous avons travaillé autour de trois thématiques», explique l’architecte-éclairagiste. «La mine familiale des débuts de l’exploitation, l’aire industrielle, avec la présence des grandes machines, et une zone plus profonde qui ouvre à l’imagination et à la fantaisie.»

Pour mettre en œuvre un tel parcours, elle a dû utiliser du matériel résistant à l’humidité, ayant une longue durée de vie, facile d’entretien et permettant un contrôle de gestion puisque le parcours lumineux se déclenche au passage des visiteurs qui circulent de manière autonome.

«Nous avons par ailleurs dû demander de nombreuses dérogations à l’ITM», souligne Maria Luisa Guerrieri Gonzaga. «En effet, nous sommes dans un contexte particulier, totalement dépourvu de lumière naturelle. Mais l’œil a cette capacité de s’adapter à des luminosités basses et nous n’avions pas la volonté de sur-éclairer le parcours. Or, l’éclairage de sécurité habituellement demandé est à un niveau de luminosité plus haut que ce que nous voulions utiliser. Nous avons donc demandé une dérogation pour que l’éclairage de balisage et de secours puisse être rassemblé dans une même source lumineuse mieux adaptée à ce contexte.»

Un circuit en trois temps

À l’entrée de la carrière, les visiteurs sont accompagnés par de petites sources lumineuses vacillantes aux tonalités chaudes qui rappellent les lampes à carbure utilisées par les mineurs. Ces premières lumières mettent en valeur la structure naturelle de l’ardoise, tout en donnant des indications historiques.

Puis, le parcours guide les visiteurs vers les immenses chambres d’extraction de 28m de hauteur. «Ici, l’éclairage est plus tranchant, met en valeur cet impressionnant volume, avec des faisceaux plus concentrés qui traduisent aussi cette idée de la machine et de l’exploitation industrielle», indique l’architecte-éclairagiste.

«La dernière partie de la visite est ce tunnel qui descend dans les profondeurs. Ici, on arrive au niveau de la nappe phréatique, et l’eau est présente. Nous avons joué avec cet élément qui a retrouvé sa place en l’absence de pompage. La conception de l’éclairage tend ici à être plus poétique, laissant plutôt place à l’imaginaire.»

À certains endroits du parcours, on traverse également des éclairages colorés qui symbolisent par la lumière le niveau de l’eau. Ça et là, des vestiges d’archéologie industrielle, comme d’anciens escaliers ou passerelles, sont mis en lumière, ce qui offre une lecture historique de l’usage du lieu.

Un lieu, plusieurs défis

Mais tout ce plan lumière n’a pas été sans défis. «Il n’a pas été si aisé de concevoir ce travail, car toutes les visites du site ont dû se faire à la lampe torche», se remémore Maria Luisa Guerrieri Gonzaga.

L’équipe de conception a également fait appel à un groupe de spéléologues passionnés, ayant également des connaissances en électrification pour mettre en lumière des espaces si spécifiques. «Si vous regardez attentivement, vous verrez que les fils électriques sont positionnés le plus discrètement possible, suivant les lignes naturelles des ardoises pour respecter au mieux le site.»

Grâce à ce travail, les visiteurs peuvent à la fois profiter d’un éclairage de balisage, de lumières qui mettent en valeur certains éléments caractéristiques, et d’autres qui soulignent plus une vision d’ensemble. Mais toutes les sources lumineuses sont cachées pour voir l’effet de la lumière, mais sans que la source ne soit visible, et profiter ainsi pleinement de l’atmosphère qui se dégage de ces carrières.

Fiche technique

Maître d’ouvrage: Institut national pour le patrimoine architectural (INPA)

Ingénieurs-conseils Stabilité: TR Engineering

Ingénieurs-conseils technique: Luxautec

Architecte-éclairagiste: ArchitecturaLLighting

Gros œuvre: Constructions Rinnen

Électricité: Électricité Fautsch & Duprez, Électricité Wagener et Fils

Budget: 8.837.000 euros