Paperjam a interviewé Hélie de Cornois, partner et responsable du family office Luxembourg chez Stonehage Fleming, le 22 novembre 2024. (Photo: Agence Blitz)

Paperjam a interviewé Hélie de Cornois, partner et responsable du family office Luxembourg chez Stonehage Fleming, le 22 novembre 2024. (Photo: Agence Blitz)

Paperjam en a découvert un peu plus sur le monde secret des family offices et des multi-family offices. Stonehage Fleming accompagne des familles du monde entier dans la planification de leur succession, leur gouvernance et leur planification fiscale, dans le but de préserver leur patrimoine financier et non financier au fil des générations.

Prenant ses racines dans la banque Robert Fleming fondée en 1873, le family office Fleming a fusionné avec Stonehage en 2015, un autre family office basé en Afrique du Sud qui s’est fortement développé dans les années 1990 et a servi les principales fortunes du pays. Si vous doutez d’un lien avec 007, Hélie de Cornois, partner et responsable du family office Luxembourg chez Stonehage Fleming, confirme que Ian Fleming, l’auteur des romans d’espionnage «James Bond», est l’oncle d’un associé travaillant actuellement au sein du cabinet.

De nombreuses familles se désagrègent à la troisième génération. Cela commence par l’entrepreneur, se poursuit par le consolideur et se termine par le dilapidateur.
Hélie de Cornois

Hélie de Cornoispartner et responsable du family office LuxembourgStonehage Fleming

Briser la fatalité du cycle familial typique

M. de Cornois pense que la force du groupe réside dans la multiplicité des services – planification de la succession et du patrimoine, conseil fiduciaire, gestion des investissements, administration financière et personnelle – offerts dans 14 juridictions. Il se félicite également de leur capacité à servir les familles sur plusieurs générations, comme c’est le cas pour les six générations de la famille Fleming. Au-delà des défis souvent juridiques, il s’agit aussi de maintenir un héritage familial dans le temps en termes de patrimoine financier, mais aussi culturel, social et intellectuel.

«Beaucoup de familles s’effondrent à la troisième génération. Cela commence par l’entrepreneur, se poursuit par le consolideur et se termine par le dilapidateur», a fait remarquer M. de Cornois lors d’une interview accordée le 22 novembre 2024. Son rôle est de les aider à éviter une telle issue.

Il a donc expliqué que la gestion de l’héritage consiste à mettre en place des processus permettant d’identifier l’enfant ou les enfants qui seront chargés de gérer les différentes affaires familiales. La longue et vaste expérience de SF lui permet de partager l’expérience d’autres familles sur le bon moment pour impliquer les enfants dans les affaires familiales, par exemple.

Adapter les services à l’évolution du profil des clients

«Nous gérons de l’argent ancien provenant de familles qui ont transmis leur patrimoine sur plusieurs générations, mais aussi des femmes et des hommes qui se sont faits eux-mêmes, ainsi que des sportifs de haut niveau», explique M. de Cornois.

Selon lui, l’un des principaux avantages de SF par rapport aux banques privées est que ses services vont au-delà de la gestion des «actifs mobiliers» des familles. «Notre objectif est d’accompagner une famille jusqu’au bout», a expliqué M. de Cornois. Selon lui, SF peut aider à gérer les différents biens de valeur des familles, tels que les collections d’art. Mais elle pourrait aussi soutenir les familles pour des services uniques, le cas échéant. Il doute qu’une banque privée puisse conseiller une famille uniquement sur la gestion d’une collection d’art, par exemple.

SF agit en tant que «full-service family» (à «service complet») pour les actifs liquides dans l’UE grâce à une licence Mifid et, en tant que telle, elle investit pour le compte de ses clients dans des portefeuilles discrétionnaires. Dans d’autres entités du groupe – mais pas encore dans l’Union européenne –, SF propose un fonds de fonds de sociétés de capital-investissement tierces axé sur le Royaume-Uni et l’industrie technologique.

Avec une approche d’investissement décrite dans des articles précédents et , SF propose également à ses family offices des co-investissements dans certaines entités non européennes, c’est-à-dire des investissements directs dans des sociétés privées tout en se plaçant au même rang que des fonds de capital-investissement tiers.

Certains family offices peuvent également désigner SF pour définir une stratégie globale d’investissement afin de superviser l’ensemble des actifs de la famille, un rôle qu’elle qualifie de «gatekeeper». Elle se charge ensuite de gérer les relations avec les banques tierces et les gestionnaires d’actifs de la famille. «Une fois de plus, nous nous considérons comme complémentaires des banques.»

Le «régisseur»: un rôle avec des compétences et une qualification uniques

Après des études de droit des affaires et de fiscalité, M. de Cornois a commencé sa carrière en tant que planificateur successoral dans une banque privée française, où il a utilisé ses connaissances techniques pour aider ses clients dans un cadre relativement rigide. Ses connaissances techniques lui sont toujours utiles, mais M. de Cornois note que son rôle chez SF englobe beaucoup plus d’éléments, tels que la relation personnelle avec les familles.

Ces professionnels ne sont généralement pas des avocats ou des notaires, mais ils conseillent leurs clients pour s’assurer que certaines dispositions sont conclues dans le document rédigé par les professionnels agréés. Les intendants considèrent que leurs rôles sont complémentaires.

Dans le monde anglo-saxon, l’industrie promeut également le titre TEP, qui signifie «trust and estate practitioner» (praticien en matière de fiducie et de succession). Ce titre s’obtient après avoir accumulé des qualifications et de l’expérience dans des activités telles que la planification patrimoniale, la gestion et la comptabilité des trusts et des successions, la fiscalité, etc.

Une internationalisation toujours plus poussée du groupe

M. de Cornois s’est rapidement rendu compte, au cours de sa carrière, de la nécessité d’internationaliser son profil. Après son installation au Luxembourg, il a d’abord servi le monde francophone, alors qu’aujourd’hui, il aide des clients basés aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Afrique du Sud. Établir des contacts entre les mondes roman et anglophone est devenu une partie intégrante de son rôle, car «les gens se déplacent beaucoup plus que par le passé».

Prenant progressivement des responsabilités au sein de SF, il est aujourd’hui chargé d’exploiter pleinement l’expertise du groupe et de développer les activités multi-familiales et les services aux entreprises (domiciliation de fonds) pour faire du Luxembourg le tremplin continental du groupe. Son bureau est passé d’environ neuf personnes lorsque Hélie de Cornois a commencé sa carrière chez Stonehage Fleming en 2021 à 52 employés aujourd’hui (sur plus de 1.000 employés dans le groupe). Le groupe est détenu majoritairement par la direction et ses employés.

Cet article a été rédigé initialement , traduit et édité pour le site de Paperjam en français.