De gauche à droite, les trois fondateurs de Muaaah! Records: Yann Gelezuinas, Nicolas Przeor et Marc Hauser, accompagnés de la première sortie du label.  (Photo: Maison Moderne)

De gauche à droite, les trois fondateurs de Muaaah! Records: Yann Gelezuinas, Nicolas Przeor et Marc Hauser, accompagnés de la première sortie du label.  (Photo: Maison Moderne)

Trois têtes connues du petit monde musical luxembourgeois, dont Marc Hauser, programmateur aux Rotondes, et Nicolas Przeor, guitariste de Mutiny on the Bounty, viennent de rééditer un album culte d’un groupe de Chicago. Et ce, sur le label qu’ils viennent de lancer.

C’est l’histoire de trois mecs travaillant au même endroit, à savoir la salle de spectacle des Rotondes à Luxembourg, et vouant le même amour à la musique et plus spécifiquement encore au support vinyle. Trois mecs qui, à force d’en discuter autour d’une bière, ont fini par mettre le pied à l’étrier et fonder leur propre label.

«Pour vous dire la vérité, notre idée première, celle dont on parle depuis très longtemps, était d’ouvrir un magasin de disques. Mais financièrement, c’était compliqué», déclare Nicolas Przeor, programmateur aux Rotondes et guitariste de ce fleuron de l’industrie musicale qu’est le groupe rock Mutiny on the Bounty. «Alors, nous avons cherché un autre moyen de mettre un pied dans l’industrie du vinyle. Et d’apporter ainsi notre petite pierre à l’édifice. C’est ainsi que nous avons commencé à évoquer la création de ce label», complète Marc Hauser, autre programmateur de la salle luxembourgeoise.

De la réédition

Assez vite, l’idée fuse de se concentrer sur les «rééditions», c’est-à-dire de proposer en vinyle des albums qui ne sont plus disponibles dans ce format, voire qui ne l’ont jamais été.

«Un choix dicté simplement par une facilité plus grande en termes de gestion. Il n’y a pas d’accompagnement ou de grosse promotion à effectuer comme cela peut exister avec un nouvel artiste. Pas de deadline à respecter non plus. On peut y travailler tranquillement, à notre rythme, à côté de notre boulot. Mais on ne s’interdit pas de craquer sur quelque chose de plus neuf à l’avenir», glisse Yann Gelezuinas, régisseur technique et dernier membre de notre trio.

Un album culte

Nicolas Przeor met alors sur papier une liste d’une dizaine d’albums qu’il rêve de voir sortir un jour en vinyle. Parmi eux, «At the Speed of Light or Day», le premier disque du groupe américain Volta Do Mar. Sorti en CD en 2001 et disponible aujourd’hui sur les plateformes de streaming ou de téléchargement, il n’avait jusqu’ici jamais été gravé sur vinyle. Et ce, malgré son statut d’album culte aux yeux de certains fans de rock expérimental. 

«C’est un disque que j’ai dû écouter des centaines de fois lorsque je traînais plus jeune à la Kulturfabrik», avoue le guitariste, en souriant. «Le genre d’œuvre qu’un collectionneur comme moi regrette de ne pas avoir dans son format préféré. J’en arrivais à me dire que si je voulais vraiment l’avoir, je devais engager moi-même les démarches.»

Et c’est donc ce que Nicolas Przeor a fait, après avoir réussi à convaincre sans grande difficulté ses deux partenaires.

Un nom en forme de «private joke»

Un petit e-mail au groupe – aujourd’hui séparé, mais dont la majorité des membres vivent aux États-Unis – plus tard, le contrat est signé. «At the Speed of Light or Day» devenant donc la première sortie de Muaaah! Records.

«D’où vient le nom du label? C’est une ‘private joke’ qui se rapporte à un ancien ingénieur du son qui travaillait aux Rotondes, Karl Humbug. C’est lui d’ailleurs qui apparaît sur notre logo. Lorsqu’il aime quelque chose, Karl a tendance à dire ‘Ça, c’est muaaah. J’aime bien.’ On a trouvé que cela collait magnifiquement aux ‘pépites’ que nous voulons proposer sur ce label», déclare le trio, en se marrant.

80% des ventes aux États-Unis

Pour en revenir à «At the Speed of Light or Day», l’«art work» de la pochette a été retravaillé tandis que 300 copies ont été pressées en Allemagne. «Ce qui représente un coût de 2.200 ou 2.300 euros.» Pour compenser ce dernier, il faudra réussir à écouler la moitié du stock. Tandis que pour couvrir l’ensemble des frais, tout devra partir. Mais on l’aura compris, ce n’est pas forcément la motivation première de notre trio. 

En attendant, en deux semaines, une soixantaine de copies ont déjà trouvé preneurs. Dont 80% ont décollé pour les États-Unis. Et cela, malgré des frais de port qui doublent le prix de vente du vinyle (fixé à 22 euros).

De quoi motiver un trio déjà tourné vers la suite. Le catalogue de Muaaah! Records ne devrait pas s’arrêter là…