Comme toujours ou presque, la tempête laissera place au beau temps. Mais, pour le moment, le vent continue à souffle fort autour de . Pour rappel, l’entrepreneuse luxembourgeoise, à la tête du groupe Pall Center, .
Mais très vite, le fait qu’elle préside aussi l’asbl Expressis-Verbis, une plateforme internet proposant des articles très controversés sur la crise sanitaire, a suscité pas mal de réactions. Pour plusieurs observateurs, ses prises de position étaient incompatibles avec les fonctions confiées par le gouvernement. Dans une interview à Paperjam, .
Ce qui semble insuffisant pour une partie de l’opposition. Le CSV a ainsi déposé, avec le soutien de déi Lénk et du Piratepartei, une motion afin de « notifier au conseil d’administration de la Société Luxembourgeoise de Navigation Aérienne la révocation de la femme d’affaires susmentionnée de son mandat d’administrateur et à provoquer sa démission voire sa révocation de son poste d’administrateur de la compagnie nationale de fret aérien. »
Ce qui lui est reproché? Notamment qu’à travers ses prises de position via Expressis-Verbis, elle «conteste, de manière générale, les mesures gouvernementales d’endiguement de la pandémie et nie en quelque sorte le bilan mortifère de la pandémie de Covid-19, les moments critiques auxquels ont dû faire face les établissements hospitaliers avec la fermeture temporaire de diverses unités, le report d’interventions médicales, etc. Qu’à travers son action, la femme d’affaires s’est par ailleurs mise, de manière flagrante, en porte-à-faux avec la politique gouvernementale de lutte contre la crise du Covid-19.»
«On peut réellement douter de sa capacité de jugement»
Il y aurait donc rupture de confiance. «Au vu de tout ce qui précède, on peut réellement douter de la capacité de jugement de la femme nommée au poste d’administrateur et de sa volonté d’exécuter les instructions gouvernementales», indique le texte de la motion.
Qui a fort peu de chances d’être approuvée. Le vice-Premier ministre et ministre de la Mobilité, de la Défense et des Travaux publics, (déi Gréng), a répété que cette nomination était justifiée. Ignorant auparavant l’existence d’Expressis-Verbis mais n’y voyant pas un site complotiste, même si le contenu peut être discutable.
Si une personne est nommée, ce qui compte, c’est sa compétence pour le job.
Interrogée par Paperjam alors que le directeur de la Santé , s’était montré très critique envers Expressis-Verbis, (LSAP), ministre de la Santé, estime qu’«il ne faut pas [tout] mélanger. Si une personne est nommée, ce qui compte, c’est sa compétence pour le job.» Néanmoins, elle concède aussi que «toute la polémique que cela a déclenchée laisse un petit goût désagréable. Moi, j’estime que les gens sont libres d’avoir leur opinion dans leur vie privée, et cela ne préjuge pas de leur compétence professionnelle. Cela n’aide certes pas pour le moment. J’aimerais avoir plus de calme.» Selon la ministre, il serait néanmoins tout aussi dangereux de «ne pas nommer quelqu’un qui a des compétences de gestion parce qu’il a émis un avis à titre privé».
Le fait que Christianne Wickler ait quitté Expressis-Verbis est cependant un soulagement: «C’est mieux ainsi, c’est clair, même si elle ne s’est pas positionnée en négatrice du Covid non plus.»
Dans une démocratie, on a le droit d’avoir son avis.
Le Premier ministre (DP) a approuvé, évidemment lui aussi, le choix de Christianne Wickler et ne lui retire en rien son soutien. Ce qui a encore été dit après le dernier conseil de gouvernement: «Je connais Mme Wickler comme une personne compétente, qui dit ce qu’elle pense, qui est plutôt directe. Si le conseil d’administration et le ministère sont d’accord, je ne vois pas pourquoi ça ne marcherait pas. C’est un choix qui est dans l’intérêt de l’entreprise. Il y a eu une polémique quant à ce site, et Mme Wickler s’en est retirée. C’est un choix personnel, mais ses compétences ne sont pas remises en question. Si elle a participé à ce site, il faut respecter cela. […] Dans une démocratie, on a le droit d’avoir son avis. Je ne demande pas que les gens soient à 100% d’accord avec notre politique.»