En 2023, 110 motards ont été tués ou grièvement blessés sur les routes du pays. (Photo: Shutterstock)

En 2023, 110 motards ont été tués ou grièvement blessés sur les routes du pays. (Photo: Shutterstock)

Avec le retour du printemps et des beaux jours, les premières sorties à moto se multiplient. Le Centre de formation pour conducteurs organise à cette occasion des sessions de sensibilisation aux dangers de la route à destination des motards. De son côté, la Police grand-ducale lance une campagne nationale axée sur la sécurité à moto. Voici cinq conseils utiles, tant pour les motards que pour les automobilistes, afin d’éviter les drames sur la route.

En 2023, 110 motards ont perdu la vie ou ont été gravement blessés sur les routes, un chiffre en hausse constante: ils étaient 79 en 2022 et 71 en 2021. Ces données confirment que les motards constituent une population particulièrement vulnérable sur la route. Selon diverses études citées par la Police luxembourgeoise, le risque de décès est sept fois plus élevé pour un motard que pour un conducteur d’un autre type de véhicule. En parallèle, 26.500 motocycles ont été immatriculés en 2023, un chiffre qui souligne l’importance croissante de ce mode de déplacement.

Pour sensibiliser motards et automobilistes aux risques liés à la circulation, le Centre de formation pour conducteurs mettra en place des sessions dédiées (*). Preuve que le sujet est pris au sérieux, la Police grand-ducale a également lancé une campagne nationale de prévention. Elle prévoit des contrôles ciblés, portant sur l’équipement des conducteurs, l’état technique des deux-roues, ainsi que la détention des documents obligatoires.

Se préparer 

Cela va de soi: avant de remonter sur son deux-roues pour profiter des balades printanières, il est essentiel de bien se préparer. Pendant la pause hivernale, de nombreux motards délaissent leur moto au profit de la voiture, ce qui entraîne une perte de pratique. «Ce manque d’entraînement constitue, pour une majorité de motards, un facteur de risque accru d’accident», souligne la Police grand-ducale, qui mène actuellement une campagne de sensibilisation et prévoit des contrôles ciblés.

Le Centre de formation pour conducteurs insiste sur la nécessité d’une remise en route progressive, conseillant non seulement une révision technique de la moto, mais aussi une remise en forme du corps et de l’esprit. «Il est important que les motards se réhabituent aux accélérations et décélérations de leur machine, et qu’ils prennent conscience des dangers et imprévus potentiels, à tout moment et en tout lieu. Les éléments clés de la sécurité routière sont notamment une conduite défensive, la préparation à l’imprévisible, et une réflexion constante sur les comportements des autres usagers», rappelle le Centre.

Par ailleurs, si la France a récemment introduit le contrôle technique obligatoire pour les motos, celui-ci est en vigueur au Luxembourg depuis longtemps. Il concerne tous les véhicules immatriculés, y compris les deux-roues. Le premier contrôle doit être effectué quatre ans après la première mise en circulation, puis six ans après, et ensuite chaque année. Un contrôle est également requis en cas de modification technique du véhicule, après une réparation importante, ou sur demande de la police en cas de défectuosité ou de non-conformité constatée.

S’équiper

Lors d’un accident à moto, l’absence de carrosserie laisse le motard entièrement exposé: c’est son corps qui encaisse le choc. En 2021, le ministère de la Mobilité rappelait qu’un accident mortel à moto présente un risque 20 fois plus élevé qu’un accident mortel en voiture.

Selon une étude de l’INRETS, les zones les plus touchées lors des accidents sont les membres inférieurs (65%), les membres supérieurs (50%) et la tête (18,5% pour le crâne et la face). D’où l’importance capitale de porter un équipement adapté, qui sert aussi de protection.

Le casque est la pièce maîtresse de cet équipement. De préférence intégral, il doit être homologué, c’est-à-dire porter un numéro ECE (souvent apposé sur une étiquette à l’intérieur). La visière, elle aussi, doit répondre aux normes en vigueur. Un casque ayant subi un choc, même sans dommage visible, peut ne plus garantir une protection optimale: il est alors conseillé de le remplacer. Le choix d’une visière adaptée à la saison ainsi que l’ajout d’éléments réfléchissants permettent d’améliorer la visibilité, donc la sécurité.

Chaleur ou pas, d’autres équipements sont indispensables. Les gants, obligatoires, protègent les mains – l’une des parties du corps les plus exposées. L’ACL recommande des gants renforcés au niveau des articulations et des paumes. Un cuir d’une épaisseur minimale de 0,9 mm offre une résistance à l’abrasion de 2,5 secondes en cas de chute.

Côté chaussures, mieux vaut privilégier des modèles montants et hydrofuges, qui maintiennent bien la cheville et offrent une meilleure protection. Pour le blouson, les matières anti-abrasives comme le cuir, le Kevlar ou le Cordura sont fortement recommandées, contrairement aux textiles synthétiques qui protègent moins efficacement.

Enfin, les gilets airbags, de plus en plus accessibles, ajoutent un niveau de sécurité supplémentaire. En cas de chute, un système de détection déclenche instantanément le gonflement du gilet, protégeant ainsi le thorax et les organes vitaux. Un investissement qui peut faire la différence.

Voir et être vu

Les motards sont souvent moins visibles que les automobilistes sur la route. « Les motocyclistes présentent une silhouette très fine, leur vitesse est difficile à estimer et ils se retrouvent facilement dans l’angle mort d’une voiture, d’un camion ou d’un bus », souligne la Police grand-ducale.

Même si le bruit du moteur peut alerter de leur présence, cela ne suffit pas : il est indispensable pour les automobilistes de vérifier leurs angles morts avant toute manœuvre, en jetant un coup d'œil par-dessus l’épaule, et non en se fiant uniquement aux rétroviseurs.

Les motards, de leur côté, peuvent améliorer leur visibilité en portant des équipements voyants (couleurs vives, éléments réfléchissants) et en anticipant les comportements des autres usagers. Il leur est vivement conseillé d’éviter de rester dans les angles morts des véhicules.

Un mot d’ordre s’impose à tous: l’anticipation. Il est essentiel de signaler clairement ses intentions, notamment en utilisant les clignotants, et d’éviter les changements de direction brusques ou imprévisibles.

Les virages constituent également une zone à risque, aussi bien pour les voitures que pour les motos. Il est donc recommandé de rester bien à droite, afin d’éviter tout risque en cas de croisement avec un véhicule qui couperait la trajectoire. Les freinages tardifs et brusques — dits "de panique" — sont à proscrire, car ils peuvent entraîner une perte de contrôle et une sortie de route, surtout à grande vitesse.

Enfin, le motard doit toujours tenir compte de l’état de la chaussée: la poussière mouillée, les pavés ou encore un revêtement irrégulier peuvent allonger considérablement la distance de freinage, et augmenter le risque de chute.

Distances et bon sens

Cette règle s’applique à tous les véhicules : garder ses distances avec les autres usagers permet de mieux anticiper un freinage brusque, d’éviter les collisions et de limiter les situations d’urgence. Une moto, par sa conception, ne freine pas comme une voiture, ce qui rend ces distances d’autant plus importantes. Cela vaut également lorsqu’un motard circule le long d’une file de voitures stationnées. Il est conseillé de maintenir un écart de sécurité suffisant pour éviter d’être percuté si un automobiliste ouvre sa portière sans regarder.

Les manœuvres de stationnement ou de sortie de stationnement exigent, elles aussi, une vigilance accrue, que ce soit en milieu urbain ou rural.

Sur la route, le bon sens reste la meilleure des protections. Même lorsqu’un conducteur est en situation de priorité, il doit tenir compte de son environnement et ne pas foncer tête baissée. Il faut toujours s’attendre à des erreurs de la part d’autres usagers. Par exemple, si un automobiliste semble hésitant ou indécis sur sa direction, il est plus prudent de lever le pied et d’attendre qu’il se décide, plutôt que de risquer un accident. La prudence et l’anticipation restent les meilleures alliées de la sécurité, pour tous.

Attention à l’inter-file

Pratique tolérée dans certains pays, la circulation en inter-file — c’est-à-dire le fait pour un motard de se faufiler entre deux files de véhicules à l’arrêt ou en mouvement — est interdite au Luxembourg. Elle est considérée comme un dépassement par la droite et sanctionnée par une amende de 74 euros. En 2023, 21 motards ont été verbalisés pour avoir circulé en inter-file.

En 2024, une pétition avait été déposée à la Chambre des députés pour réclamer l’autorisation de cette pratique. Elle avait recueilli 1.436 signatures, un chiffre insuffisant pour déclencher un débat parlementaire. Déjà en 2020, le gouvernement avait examiné la possibilité d’autoriser l’inter-file, mais avait rendu un avis négatif, invoquant des raisons de sécurité routière.

La situation varie d’un pays à l’autre. En France, par exemple, la circulation en inter-files peut être pratiquée dans tout le pays depuis le 11 janvier 2025. 

(*) Le Fit for your bike organisé par le Centre de formation pour conducteurs les 5 et 6 avril et les 10 et 11 mai. L’inscription se fait auprès du CFC par téléphone ou par mail. Les frais d’inscription sont de 50 euros.