100 millions de personnes se sont inscrites à des Mooc l’an dernier, mais peu sont allées au bout, et près de la moitié n’ont même jamais commencé leur session. (Photo: Shutterstock)

100 millions de personnes se sont inscrites à des Mooc l’an dernier, mais peu sont allées au bout, et près de la moitié n’ont même jamais commencé leur session. (Photo: Shutterstock)

Le Mooc est une rupture technologique qui a «échoué»... mais qui a encore une carte ou deux à jouer pour révolutionner l’enseignement.

Huit ans après leur arrivée sur le marché, les Mooc – pour «Massive online open courses» – ont réussi à attirer un nouveau record de plus de 100 millions de personnes l’an dernier. 900 universités proposent près de 12.000 Mooc, soit 2.000 de plus qu’un an plus tôt.

Plus souples que des cours du soir, moins formels que des sessions face à un ou à des professeurs, ces nouveaux enseignements aux contenus aussi variés qu’il y a d’«étudiants» de 7 à 77 ans qui s’y essaient n’en sont pas pour autant un succès planétaire: , seuls 3% des étudiants vont au bout du cursus de quelques semaines qu’ils ont choisi; pire, selon Phébé, une lettre sur l’éducation assez confidentielle, 52% des inscrits n’ont jamais commencé leurs études.

Les Mooc, ce sont ces cours disponibles sur internet, sur des plates-formes comme edX ou Coursera, qui invitent à regarder des vidéos généralement assez courtes, et à répondre à des questionnaires à choix multiples, des quizz ou parfois des exercices un peu plus longs, pour vérifier que chaque internaute devant son ordinateur a bien assimilé les connaissances. Souvent, il est possible de payer pour obtenir une certification, dont l’unique but est de pouvoir montrer à qui s’y intéresserait que l’internaute a bien été assidu.

Coursera, leader incontesté

Coursera reste le leader incontesté, avec 37 millions d’apprenants, suivi par edX (18 millions) et le chinois XuetangX avec 14 millions (contre 18 millions en 2017). Udacity (10 millions) et la britannique FutureLearn (9 millions) complètent ce top cinq des principaux fournisseurs mondiaux.

«Les premiers diplômes en ligne de Coursera, Udacity et edX se sont bien déroulés, avec un chiffre d’affaires potentiel cumulé de plus de 80 millions de dollars basé sur le nombre d’étudiants actuellement inscrits», assure le CEO de Class Central (une sorte de Google du Mooc), Dhawal Shah, . «Mais la majorité des étudiants inscrits ne proviennent que de deux universités et de trois diplômes en ligne: (Georgia Tech avec Udacity),  (Georgia Tech avec edX) et (Université de l’Illinois Urbana-Champaign avec Coursera).»

Des chercheurs ont commencé sérieusement à se demander pourquoi les pays émergents ne se saisissaient pas de ces nouveaux moyens d’enseignement qui nécessitent assez peu de moyens en comparaison avec des cours à l’université, par exemple. Ils ont mis en évidence un cycle en cinq phases, de l’excitation liée à l’utilisation de technologie disruptive à la formation d’attentes exagérées, puis à la désillusion et à la «pente de l’illumination» quand l’entreprise ou l’individu comprend ce qu’il peut réellement attendre du Mooc et la phase de la productivité.

Un escape game et des modules plus courts

Pourquoi les Mooc échouent-ils à vraiment rencontrer leur public? William Leonard voit trois raisons principales les étudiants découvrent qu’ils n’ont pas les compétences pour apprendre de cette manière; les professeurs n’ont, à distance, pas les moyens de se connecter à leurs étudiants régulièrement pour relancer l’attention; et la mise à disposition à toute la planète de ces cours se heurte aux fuseaux horaires...

Des initiatives se développent pour redonner du sens aux Mooc. Comme celle de l’IFP School, qui a créé un escape game en réalité virtuelle et ajoute de la gamification, appuyée par des modules très courts, plus conformes à ce que les jeunes publics ont l’habitude de regarder. Les trois Mooc de cette école, «Transition énergétique», «Mobilité de demain», «De l’exploration à la distribution de pétrole et de gaz», font le plein. Même si le fait que 84% des formations sont financées par les industriels qui ont besoin de cette main-d’œuvre est probablement un autre élément d’explication de ce succès.

Le format des Mooc est devenu un tel sujet de discussion que l’Inserm, en France, a même organisé des étudiants!