Monique Bachner est une administratrice et conseillère indépendante, siégeant à plusieurs conseils d’administration et conseils consultatifs. Ayant commencé sa carrière en tant que juriste d’entreprise au sein de cabinets du Magic Circle, elle accompagne aujourd’hui des conseils d’administration sur des questions juridiques, réglementaires et de gouvernance, ainsi que dans la création de leurs stratégies de gouvernance, d’innovation et de transformation numérique. Son expertise particulière se situe à l’intersection des cadres éthiques, réglementaires et de gouvernance. Monique Bachner est active dans plusieurs groupes de travail internationaux relatifs à la gouvernance, à l’éthique, à la numérisation, à la décentralisation et à la réglementation. Elle intervient fréquemment lors de conférences et de programmes de formation dans le monde entier. Monique Bachner est directrice certifiée ILA et INSEAD IDP-C.
Quels sont les principaux défis auxquels vous avez été confrontée en tant que femme membre d’un conseil d’administration indépendant?
Monique Bachner. – «J’ai eu de la chance et je ne pense pas avoir été confrontée à des défis directement liés à mon sexe. Les différences culturelles ou d'attentes peuvent parfois être délicates, mais le principe est le même pour tout le monde.
Comment gérez-vous la résistance ou le scepticisme dont vous faites l’objet?
«J’essaie de m’armer de recherches et de faits. Mais en fin de compte, le conseil d’administration est un collectif, et en tant que groupe, nous devons parvenir à un consensus – aucun individu ne doit dicter une voie particulière à suivre, sinon nous perdons de vue l’intérêt d’être un collectif et de bénéficier de la diversité des perspectives et de l’expérience de l’ensemble du conseil d’administration.
Croyez-vous que l’égalité des sexes s’améliore au sein des conseils d’administration?
«Dans l’ensemble, oui, mais très lentement. De nombreux acteurs prennent au sérieux la diversité au sein des conseils d’administration (sous tous ses aspects), mais pas encore tous.
Quel est votre avis sur les quotas de femmes au sein des conseils d’administration? Sont-ils nécessaires ou contre-productifs selon vous?
«Les progrès ont été lents, c’est pourquoi les quotas peuvent être utiles. Je pense qu’il faudrait trouver un juste milieu en fixant des objectifs pour garantir la mixité des conseils d’administration, par exemple au moins 33% de représentants de chaque sexe.
En tant que femme membre d’un conseil d’administration, vous sentez-vous particulièrement responsable de défendre la parité et l’inclusion?
«Oui et non. Il est important de professionnaliser les processus de recrutement du conseil d’administration, car nous continuons malheureusement à observer certaines attitudes de vieux réseaux de clubs, avec des personnes nommées sans tenir compte de l’évaluation des aptitudes ou d’autres compétences, ou sans réfléchir à ce que pourrait être la meilleure composition du conseil d’administration de cette entité à l’avenir (qui pourrait être très différente de ce dont elle a eu besoin dans le passé). Nous avons besoin non seulement de plus de femmes, mais aussi de plus de profils jeunes et de plus d’administrateurs maîtrisant les nouvelles technologies et les compétences connexes. Les différentes phases du cycle de vie d’une entreprise peuvent également nécessiter des personnalités différentes – non seulement de la start-up à la société établie en passant par la croissance, mais aussi en cas de changement de stratégie ou pendant les périodes difficiles.
De votre point de vue, quel est l’impact de la diversité sur les performances d’un conseil d’administration?
«Je crois fermement que la diversité des aptitudes, des compétences et des personnalités au sein d’un conseil d’administration peut conduire à de meilleures discussions et, espérons-le, à une prise de décision plus solide. Cela peut rendre la vie plus difficile – cela signifie plus de temps et de débats. Mais si une décision est très importante, elle mérite également ces contributions et ces échanges supplémentaires.
Quelles solutions ou politiques pourraient favoriser une meilleure parité hommes-femmes?
«Professionnaliser le processus de renouvellement du conseil d’administration en créant un cycle sain de mise à jour de la matrice des compétences du conseil d’administration afin de s’assurer qu’elle tient compte des compétences dont le conseil a besoin pour son avenir, et en veillant à ce qu’elle soit utilisée dans le cadre du processus de recrutement du conseil d’administration. Il est également important d’insister pour recevoir des CV des deux sexes – si le processus commence déjà de manière déséquilibrée, cela pourrait être un signal d’alarme indiquant qu’il n’est pas pris suffisamment au sérieux.
Quel conseil donneriez-vous à une femme qui hésite à s’engager dans cette voie?
«Les conseils peuvent être très variés et intéressants. Faites savoir aux gens que vous êtes intéressé par un rôle au sein d’un conseil d’administration et commencez lentement. La première année au sein d’un nouveau conseil d’administration est une période d’apprentissage intense. Laissez-vous le temps d’apprendre à connaître l’entité, les différents acteurs et le secteur.
Quel conseil donneriez-vous à une jeune femme qui veut se faire une place dans la société? Et contre quoi la mettriez-vous en garde?
«Soyez curieux. Le conseil d’administration et chacun de ses membres doivent évoluer en permanence. Il est essentiel de s’engager à apprendre tout au long de la vie pour continuer à s’adapter et à évoluer. Soyez curieux des nouvelles tendances et technologies, même si elles ne semblent pas encore pertinentes. Par prudence, assurez-vous qu’un nouveau rôle au sein du conseil d’administration corresponde à vos objectifs et que les compétences, l’expérience et les autres attentes soient clairement définies.»
Cet article a été rédigé initialement en anglais et traduit et édité en français.