Max Leners, avocat et membre du comité directeur du LSAP. (Photo: DR)

Max Leners, avocat et membre du comité directeur du LSAP. (Photo: DR)

Dans le cadre de notre opération «Luxembourg Recovery: 50 idées pour reconstruire», partagez une idée concrète, une expérience ou une mesure à mettre en œuvre pour faciliter le rebond de l’économie luxembourgeoise. Aujourd’hui, Max Leners propose de réformer la fiscalité pour plus de justice afin d’en finir avec les inégalités sociales.

Le pitch: Un infirmier paie cinq fois plus d’impôts sur son salaire qu’un héritier qui gagne un montant comparable avec son paquet d’actions. Un système fiscal fondamentalement injuste. Les efforts de l’après-crise doivent être répartis de manière juste et équitable; sans donner naissance à de nouvelles inégalités sociales. C’est pourquoi l’après-crise doit être le grand retour de la justice fiscale!

L’idée: Depuis les années 1980, au Luxembourg comme dans tant d’autres pays, les inégalités sociales ont pu fêter leur grand retour. Un come-back propagé et préparé depuis les années 1970 par les Chicago Boys, autour de Milton Friedman, avec leur credo aussi simple que périlleux: plus de dérégulation, moins d’État. Le résultat de ces errements: plus d’inégalités sociales, moins de justice fiscale.

Dans le sens de cette «idiotlogie», l’impôt, l’unique intervention politique permettant de diminuer les inégalités, a abandonné son rôle de correcteur social si cruellement nécessaire. Le système fiscal luxembourgeois ne fait pas défaut à ce développement international et est devenu de plus en plus un valet des dynasties d’hoirie.

Un premier indice de cette injustice fiscale est la grande différence d’imposition entre les revenus du travail, donc les salaires, et les revenus du capital et de la propriété. , un contribuable luxembourgeois paie cinq fois plus d’impôts sur 50.000 euros de revenus d’activité que sur 50.000 euros de revenus en capital. En bref, un infirmier, soignant les malades et veillant à leur bien-être, doit payer (1) qu’un héritier qui gagne avec son paquet d’actions le même montant. Un tel système fiscal, punissant les emplois socialement cruciaux, est tout simplement répugnant et doit être changé!

Mais au Luxembourg, nous avons encore la catégorie des contribuables super privilégiés: certains promoteurs et investisseurs immobiliers. La situation est presque caricaturale: d’un côté des prix de logements menaçant de plus en plus les budgets des ménages luxembourgeois, de l’autre côté un eldorado spéculatif hors taxes pour les requins de l’immobilier, instauré par l’État via la loi FIS (2). Exonérés de tous les impôts sur le patrimoine et sur le revenu, uniquement soumis à une minuscule taxe d’abonnement de 0,01% du total de l’actif net, les FIS sont l’instrument financier idéal pour les investisseurs et promoteurs immobiliers pour parquer leurs propriétés foncières et mettre leurs plus-values générées à l’abri du fisc.

Avant de supprimer le congé collectif (3), avant de priver les milliers de travailleurs qui ont dû quitter leur patrie dans l’espoir de pouvoir offrir à leurs enfants un meilleur futur et pour lesquels le congé collectif est l’unique opportunité de passer du temps avec leurs parents, leurs frères et sœurs, leurs cousins…, avant de se livrer à un tel massacre social, il faut réinstaller une certaine justice fiscale en matière immobilière et abolir le régime fiscal des FIS.

L’après-crise est le temps de prélever les impôts là où se trouve l’argent sans pour autant alourdir les charges pesant déjà sur le travail, ou aggraver par d’autres mesures les inégalités sociales. Briser les tabous et innover en matière fiscale doit être le mot d’ordre; pour limiter et contrecarrer la flambée des inégalités sociales, pour lutter contre le changement climatique et pour permettre à l’État de développer des services publics de qualité pour nous tous!

L’après-crise doit être le come-back d’une véritable justice fiscale! Cela permettra non seulement de reconstruire l’économie luxembourgeoise, mais surtout de faire du Luxembourg un pays plus juste et équitable, indispensable afin de garantir une croissance économique et sociétale à long terme.

L’auteur: Max Leners, avocat et membre du comité directeur du LSAP

(1) Salaire débutant : 4.469 euros/mois, 53.628/an 

(2) Loi du 13 février 2007 relative aux fonds d’investissement spécialisés

(3) Comme propagé par (Fédération des entreprises luxembourgeoises de construction et de génie civil): «»

Toutes les idées sont bonnes à prendre, nous ne souhaitons restreindre ni votre réflexion ni votre imagination. Si, comme Max Leners, vous souhaitez contribuer à cette initiative, vous pouvez nous envoyer votre idée sous ce format:

- un mot-clé, par exemple: fiscalité;

- un titre explicite, par exemple: baisser la TVA dans la restauration;

- un résumé en 300 signes maximum;

- un développement en 3.000 signes maximum;

- une photo de vous qui permettra d’illustrer l’article sur paperjam.lu.

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