Alain de Muyser, secrétaire général du Benelux. (Photo: Jan Hanrion / Maison Moderne / Archives)

Alain de Muyser, secrétaire général du Benelux. (Photo: Jan Hanrion / Maison Moderne / Archives)

Dans le cadre de notre opération «Luxembourg Recovery: 50 idées pour reconstruire», partagez une idée concrète, une expérience ou une mesure à mettre en œuvre pour faciliter le rebond de l’économie luxembourgeoise. Aujourd’hui, Alain de Muyser propose de renforcer la résilience de la coopération transfrontalière.

Le pitch: Le Benelux s’engage, depuis quelque 75 ans, pour l’approfondissement de la coopération entre les trois pays qui le composent et est un moteur de l’intégration européenne. Tous les quatre ans, un plan pluriannuel, les objectifs de la coopération pour une période donnée, est élaboré. Le prochain porte sur la période 2021-2024. Le moment est donc idoine pour faire le point sur les priorités de la coopération au sein du Benelux, à travers huit pistes de réflexion. La définition de ces ambitions ne se fait pas à huis clos, mais en ouverture avec tous; ainsi, un site web a été lancé permettant une approche participative.

L’idée: Le Benelux est un accord de coopération intergouvernementale entre la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg. En 1944, l’union douanière. En 1958, l’union économique. En 2008, l’Union Benelux, se concentrant sur trois thèmes-clés: le marché intérieur, à l’origine de l’Union économique; la sécurité et la cohésion sociale, qui expriment la volonté de protéger nos concitoyens dans une société juste et solidaire; le développement durable, et les questions d’environnement et de changement climatique. Depuis plus de 75 ans, le Benelux est une réalité et s’efforce de trouver, à son niveau, des réponses aux problèmes quotidiens et concrets des citoyens et des entreprises.

Tous les quatre ans, le Benelux établit un plan pluriannuel, qui définit les objectifs de la coopération. Celui pour la période 2021-2024 est en cours d’élaboration. Huit grands thèmes de coopération ont été identifiés:

1. La mobilité du travail. Les différences dans les législations ne devraient pas empêcher la mobilité transfrontalière des travailleurs: il s’agit d’améliorer la fourniture d’informations précises et une uniformisation de la réglementation (reconnaissance des diplômes, qualifications professionnelles, stages transfrontaliers). De plus, la numérisation joue un rôle important, comme, par exemple, l’impact de l’IA sur le marché du travail régional.

2. Favoriser l’accessibilité et la durabilité de la mobilité. Plusieurs projets pilotes de premier plan lancés au Benelux sont source d’inspiration pour les pays voisins et l’UE, comme la lettre de voiture électronique. Dans le domaine du transport des personnes et des marchandises, il faut réaliser un transfert modal favorisant tant la multi que l’intermodalité, tout en investissant dans l’innovation et le renforcement de la durabilité.

3. Le marché intérieur Benelux, laboratoire pour l’Europe. Le mot-clé est la modernisation du cadre réglementaire, par exemple dans le domaine du marché du commerce de détail ou d’une plate-forme numérique d’économie. D’autres domaines d’action nécessaires concernent la simplification administrative et l’économie circulaire.

4. Une politique énergétique et climatique tournée vers l’avenir. Les pays du Benelux jouent un rôle précurseur et innovateur en Europe dans la connexion transfrontalière des marchés nationaux de l’électricité, caractérisé entre autres par la recherche commune d’un approvisionnement énergétique durable et la préparation des infrastructures existantes et éventuellement nouvelles pour de nouveaux vecteurs énergétiques.

5. Unir nos forces pour garantir une meilleure sécurité pour tous. Les collaborations communes doivent continuer à s’intensifier en se focalisant sur de multiples aspects de prévention, de sensibilisation ou de répression. Une mission essentielle sera de faciliter la coopération policière transfrontalière et la lutte contre la criminalité organisée ou déstabilisante. Il faut également approfondir la collaboration en matière de prévention et de gestion de crise susceptible d’avoir des conséquences transfrontalières.

6. Prévenir tout type de fraude. Les pratiques et actes frauduleux nuisent à une saine justice économique et sociale, créent des situations de concurrence déloyale et génèrent des pertes importantes pour les budgets des pays. Un pays, à lui seul, ne peut pas trouver toutes les solutions. Il faut, ensemble, détecter les nouvelles techniques de fraude et optimiser les politiques de lutte.

7. Œuvrer en faveur d’une société plus durable et plus juste. Accorder une place importante à la sauvegarde de la biodiversité ainsi qu’à la sécurité alimentaire. S’engager activement à promouvoir la sensibilisation et l’éducation de nos citoyens, en portant une attention particulière aux jeunes, aux défis de la transition écologique et de l’amélioration de l’environnement. Une société durable signifie aussi un milieu de vie sain et un air pur; une approche coordonnée s’imposant du fait de la forte composante transfrontalière de cette matière. Une attention accrue doit être accordée à la santé publique et à la lutte contre la pauvreté.

8. S’adapter au changement climatique, en prônant une approche intersectorielle favorisant la transition vers une économie pauvre en carbone.

La définition de ces ambitions ne se fait pas à huis clos, mais en ouverture avec tous. Décider de l’avenir du Benelux n’est pas quelque chose que nous faisons seuls. C’est à cet effet que le Benelux  pour permettre à chacun d’apporter ses idées, ses suggestions, ses commentaires.

L’auteur: Alain de Muyser, secrétaire général du Benelux