Daniel Kahn, avocat d’affaires et entrepreneur. (Photo: Daniel Kahn)

Daniel Kahn, avocat d’affaires et entrepreneur. (Photo: Daniel Kahn)

Dans le cadre de notre opération «Luxembourg Recovery: 50 idées pour reconstruire», partagez une idée concrète, une expérience ou une mesure à mettre en œuvre pour faciliter le rebond de l’économie luxembourgeoise. Aujourd’hui, Daniel Kahn propose de tirer au plus vite les leçons de la crise et d’engager des actions fortes pour retrouver davantage d’indépendance dans les secteurs-clés.

Le pitch: La crise a souligné la dépendance du pays dans plusieurs domaines-clés de notre économie. Identifions dès aujourd’hui les défis et engageons au plus vite des actions concrètes pour y remédier.

L’idée: Un formidable travail a été accompli ces dernières années par les gouvernements et la société luxembourgeois, et a amené à une transformation profonde du pays, une croissance soutenue, un quasi-plein emploi et une situation financière exemplaire.

Ce travail s’est concentré sur des domaines d’activité traditionnels du pays, comme la finance et l’assurance, dans lesquels le pays a renforcé ses liens avec les pays de l’Union européenne, bien sûr, mais aussi de grands acteurs mondiaux.

Le pays a ainsi considérablement renforcé sa position comme un des leaders mondiaux de ces secteurs.

En parallèle, de grands efforts ont été faits pour permettre au pays de devenir un hub de l’innovation et des start-up pour préparer le monde de demain.

Cet effort a porté sur un certain nombre de secteurs, dont bien sûr la fintech, l’assurtech, mais aussi le «space mining», secteur dans lequel le pays joue un rôle de précurseur mondial.

La crise profonde résultant de cette terrifiante pandémie oblige à se poser des questions, dès lors qu’elle va produire des effets à long terme.

Il est difficile aujourd’hui de tous les anticiper, mais il est clair que: (i) le monde sera plus local, (ii) les pays se rendent compte qu’il faut assurer une véritable souveraineté sur des domaines-clés, (iii) que, pour l’essentiel, les pays, ou l’Europe au moins, doivent devenir autosuffisants et ne plus autant dépendre des autres, tout en développant les secteurs qui assureront leur futur.

Nous avons pu esquisser dans cette crise certaines fragilités du système, mais aussi ressentir les besoins pour le futur.

Ma suggestion est d’amorcer une réflexion sur les thèmes suivants qui devrait aboutir à des actions fortes dans les domaines suivants:

1. Assurer une autosuffisance dans des domaines vitaux. On a vu le mal qu’ont eu nos gouvernants pour se procurer des masques et autres équipements indispensables. Un pays ne peut pas dépendre de fournisseurs étrangers. Il faut dès lors définir les domaines-clés, et non seulement aider des entrepreneurs à mettre en place dans le pays les productions nécessaires, mais les accompagner en leur faisant bénéficier de commandes d’État sur le long terme, sinon ils seront oubliés dès la crise passée, et c’est humain, les utilisateurs passeront leurs commandes au fournisseur le moins cher, celui qui ne livrera pas quand il y aura crise.

Je pense bien sûr en particulier, parmi d’autres secteurs, à mettre en place une filière de production de masques et autres équipements de protection, tout en s’assurant, en y incorporant des technologies nouvelles, que les produits fabriqués au Luxembourg soient évidemment d’un niveau supérieur et innovants par rapport aux concurrents étrangers. J’ai recensé certaines technologies qui pourraient parfaitement être utilisées.

2. Travailler pour l’éclosion de nouvelles sociétés dans d’autres domaines d’activité. Je pense essentiellement aux domaines suivants, qui vont parfaitement bien avec l’ADN du pays. Il s’agit:

a. De la foodtech/agritech – secteur alliant la technologie et le domaine de l’alimentation, sa production et sa distribution. Il faut améliorer, inventer et réinventer les méthodes de production de l’alimentation, réfléchir à de nouvelles méthodes de production mêlant high-tech et objectif sociétal (plus productives, sûres d’un point de vue sanitaire, sans consommation de pesticides comme l’agriculture containerisée par exemple), réfléchir en amont aux produits qui seront demandés dans le futur, réinventer une agriculture raisonnée et productive, inventer de nouveaux aliments, réfléchir au conditionnement et à la distribution.

b. Des nouveaux matériaux – le champ d’application est immense, et vise le développement de nouveaux matériaux dans tous les domaines, permettant des matériaux plus adaptés et efficaces, tout en respectant les ressources naturelles et l’environnement. Ils sont par exemple le socle des innovations dans le domaine de l’efficience énergétique des bâtiments par exemple, mais également un complément au point précédent (emballages pour une économie circulaire, nouveaux plastiques biosourcés, etc.).

c. Filière bois – le bois est un bien extrêmement précieux, et un secteur dans lequel l’innovation est nécessaire. Il y a la place pour un hub d’innovation dans le pays, pour lequel d’ailleurs la filière bois est importante. Il s’agit de favoriser l’innovation dans le bois comme source d’énergie, mais également comme matière première de nouveaux matériaux, et optimiser son utilisation pour la transition durable.

Il me semble indispensable que des efforts soient faits pour attirer et permettre le développement de sociétés dans ces secteurs qui correspondent tant à des besoins immédiats et futurs du pays et de ses voisins qu’à une formidable complémentarité avec des activités traditionnelles du pays.

Dans le cadre du plan mis en place par l’État pour permettre la gestion de la crise, il suffira qu’une petite partie soit affectée à l’investissement ou l’appui aux sociétés assurant la souveraineté, et de ces secteurs. Ceci peut parfaitement se faire à travers le Luxembourg Future Fund, qui existe actuellement, et ce bien sûr en coordination avec Luxinnovation.

Il faut favoriser et permettre le développement d’un écosystème de ces activités, auquel seront donnés les moyens d’aider à l’installation, au financement et au développement tant des projets émanant du Grand-Duché que d’équipes internationales qui viendront dans le pays pour développer leurs projets d’entreprise. Un effort particulier pourra également être mis en place avec l’Université pour développer l’enseignement et la recherche dans ces secteurs, et une aide aux spin-off et développement de projets basés sur ces recherches.

Voilà quelques idées qui me semblent utiles pour le futur du pays, qui doit rester ce qu’il est, avec sa place si importante dans ses secteurs traditionnels, mais aussi se doter de ces industries assurant sa souveraineté, tout en travaillant pour développer des activités et sociétés dans ces secteurs si importants pour le futur.

L’auteur: Daniel Kahn, avocat d’affaires et entrepreneur, vit à Luxembourg. Il est un spécialiste depuis 30 ans du domaine de la technologie travaillant avec les sociétés, innovateurs et venture capitalists de la Silicon Valley, d’Israël, de Chine et d’Europe.

Toutes les idées sont bonnes à prendre, nous ne souhaitons restreindre ni votre réflexion ni votre imagination. Si, comme Daniel Kahn, vous souhaitez contribuer à cette initiative, vous pouvez nous envoyer votre idée sous ce format:

– un mot-clé, par exemple: fiscalité;

– un titre explicite, par exemple: baisser la TVA dans la restauration;

– un résumé en 300 signes maximum;

– un développement en 3.000 signes maximum;

– une photo de vous qui permettra d’illustrer l’article sur paperjam.lu.

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