Magali Paulus, présidente d’Etika. (Photo: Raoul Somers)

Magali Paulus, présidente d’Etika. (Photo: Raoul Somers)

Dans le cadre de notre opération «Luxembourg Recovery: 50 idées pour reconstruire», partagez une idée concrète, une expérience ou une mesure à mettre en œuvre pour faciliter le rebond de l’économie luxembourgeoise. Aujourd’hui, Magali Paulus propose de faciliter le financement citoyen.

Le pitch: Le Luxembourg combine à la fois une population avec un taux d’épargne très important et un foisonnement d’initiatives citoyennes actives dans le domaine de la transition énergétique visant à augmenter la résilience du Luxembourg par rapport au défi climatique. Ces dernières pourraient se développer beaucoup plus facilement si elles disposaient, comme dans les pays voisins, d’un cadre légal et d’une plate-forme pour se financer via du crowdfunding (don avec ou sans contreparties) ou crowdlending (prêt ou achat de parts de coopératives).

L’idée: L’investissement participatif avec l’appel à l’épargne publique au Luxembourg a connu un certain succès ces cinq dernières années. C’est ainsi que des coopératives en phase de construction, comme Terra, Equienercoop ou Ouni, par exemple, mais aussi des entreprises bien établies, comme Oikopolis, ont pu faire appel à la souscription publique pour financer leurs activités.

Or, si ces expériences ont fonctionné, il existe d’autres porteurs de projet qui n’ont pas obtenu le financement nécessaire, faute d’un réseau de soutien conséquent. Quant au crédit bancaire, il leur est souvent inaccessible au vu de leurs faibles garanties en termes de fonds propres. Ajoutons à ceci que le contexte économique post-Covid-19 va, d’un côté, accentuer la fragilisation de ces acteurs par rapport au crédit bancaire. De l’autre côté, de nombreux épargnants seront disposés à placer une partie de leur épargne dans des projets comportant un risque financier certes plus élevé qu’un compte d’épargne, mais qui proposeraient un retour sur investissement plus attractif et qui garantiraient aussi la création d’emplois et de richesse pour tout le pays.

Malheureusement, le Luxembourg, contrairement à ses pays voisins, ne dispose pas d’un cadre législatif suffisamment attractif pour promouvoir ce type d’investissement en mode peer-to-peer. Le deuxième écueil est l’absence d’une plate-forme pour diffuser de l’information vers le grand public afin de donner de la visibilité à une échelle nationale à de tels projets.

Une législation ad hoc, comme celle en cours en Belgique avec un label comme celui de Financité & FairFin, donne au potentiel investisseur une information standardisée sur l’investissement, comme sa localisation, l’identité de ses porteurs de projet, le type d’activité soutenue, la durée de l’investissement attendu, le rendement attendu, les risques financiers encourus, etc. Cela permet à l’investisseur de faire son choix des meilleures conditions après un premier filtrage des candidats. Cette plate-forme propose aussi un conseil personnalisé vers les porteurs de projet pour leur donner les informations légales et commerciales utiles afin qu’ils puissent commencer leurs activités dans les meilleures conditions possible et éviter les erreurs de débutant. Des plates-formes similaires ont été promues en Allemagne comme en France, toutes soutenues par les acteurs de la finance sociale et solidaire.

La puissance économique du Luxembourg a longtemps dépendu d’une place financière très forte dans laquelle l’épargne de ses résidents n’avait qu’un rôle marginal à jouer. Sa résilience dépendra justement de la capacité du gouvernement à faciliter l’allocation de celle-ci pour renforcer un tissu d’entreprises promouvant une économie locale et durable.

L’auteur: Magali Paulus, présidente d’Etika.

Sources:

Toutes les idées sont bonnes à prendre, nous ne souhaitons restreindre ni votre réflexion ni votre imagination. Si, comme Magali Paulus, vous souhaitez contribuer à cette initiative, vous pouvez nous envoyer votre idée sous ce format:

- un mot-clé, par exemple: fiscalité;

- un titre explicite, par exemple: baisser la TVA dans la restauration;

- un résumé en 300 signes maximum;

- un développement en 3.000 signes maximum;

- une photo de vous qui permettra d’illustrer l’article sur paperjam.lu.

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